Tout au long de ces années
d’apogée de la société industrielle technocrate, deux forces opposées auront
forgé la destinée du gouvernement américain : l’effort désespéré de tout
pouvoir contrôler et le déclin de la capacité de satisfaire ce désir. La
conséquence en sera la perte de la légitimité et l’effondrement du
gouvernement, jusqu’à ce qu’il soit envisageable de faire fonctionner le
système de manière plus appropriée – probablement à l’échelle locale. Cette
dynamique apparaît clairement dans les trois grands spectacles du jour :
l’affaire de la sécurité nationale (entendez par là l’espionnage), la fraude
financière sponsorisée par le gouvernement, et Obamacare.
Au fil des jours, les gens
agissent en fonction de ce qui leur paraît juste. La technologie informatique
a rendu possible pour les bureaucrates et les militaires d’envahir la vie
privée de chacun, ce qui n’a eu pour effet que d’embarrasser les coupables et
éroder une partie de la légitimité du gouvernement des Etats-Unis. Les
tentatives de contrôle maximal mèneront éventuellement à une résistance
maximale et probablement une forme de révolution politique, qui commencera
peut-être avec la mort des deux partis politiques dominants. Lorsque la vie
politique se trouvera suspendue, la révolution prendra toute son ampleur, et
des niveaux critiques seront vite atteints. Voilà qui aura le potentiel de
conduire la société vers un futur indésirable qui ne sera pas privé de
guerres civiles, de théocraties et de guerres.
Le retombées négatives de la
technologie informatique appliquée aux services de renseignements sont entre
autres la production de plus de données que nécessaire, qui pousse les
financiers à s'intéresser aux données les plus aisément identifiables :
les finances des citoyens ordinaires. Rien ne peut découler sur une
résistance politique mieux que l’interférence avec l’argent des gens.
L’appareil de la NSA est aujourd’hui un monstre qui se nourrit de lui-même et
ne cessera d’avoir à assouvir sa soif de contrôle, ce qui ne fera que créer
plus de ressenti et d’embarras. Un vrai patriote comme Snowden
fait bien plus pour s’opposer à ce monstre que ceux qui se contente de
chanter l’ode à la liberté au sein des deux partis politiques.
La fraude comptable qui vise à
soutenir un système bancaire malsain atteint un niveau critique. Une société
qui produit des biens commercialisables a besoin d’une monnaie saine qui
puisse fonctionner en tant que moyen d’échange, réserve de valeur et unité de
compte. Les fraudes comptables combinées de la Réserve Fédérale, des marchés
bancaires privés et des valeurs mobilières et les politiques fiscales du
gouvernement détruisent ces fonctions. Plus la finance devient abstraite,
plus elle s’éloigne de l’activité productive, plus le système est fragile.
Nous ne faisons plus rien si ce n’est ajouter de la complexité et de
l’abstraction au système, ce qui ne cesse jamais de le détacher de la
réalité. Nous avons décidé d’abandonner une société qui repose sur les
produits pour une société qui repose sur des promesses papier. La destruction
de capital nominal qui en découlera sera quelque chose dont nos sociétés
technocrates ne se relèveront pas – dans le sens où notre niveau de vie
actuel ne pourrait être préservé. Cette destruction donnera naissance à de
nouveaux Dark Ages, sans aucun espoir de reprise
puisque les ressources naturelles ont toutes été exploitées.
Le projet Obamacare
n’est rien de plus qu’un soap opéra pathétique en comparaison aux deux autres
problèmes qui se posent à nous. La loi de 2000 pages n’a rien fait pour
répondre à la tragédie de la médecine aux Etats-Unis – et s’est transformée
en un racket d’otages. Vous allez à l’hôpital souffrant d’un mal
potentiellement terrible, et vous êtes susceptible de vous laisser escroquer
par les soi-disant médecins qui y travaillent dans l’espoir de pouvoir
continuer à vivre. Le prix des traitements n’est jamais discuté. Il semble
presque normal qu’ils soient astronomiques – et qu’importe que vous finissiez
mort, si vous vivez, vous aurez le temps de vous en rendre compte plus tard.
Si vous avez une assurance maladie, ces frais sont sujets à une fausse
négociation entre les sociétés d’assurance et les hôpitaux, physiciens et
compagnies pharmaceutiques. Leurs accords ne sont pas moins une blague que
les frais réels, et sont dissimulés dans des documents capables de rendre fou
même le plus assidu de leurs clients.
Même si vous êtes assuré, vos
frais hospitaliers peuvent vous ruiner. Les frais typiques pour une journée
avec repas de midi dans un hôpital non-spécialisé
s’élèvent à 23.000 dollars, du moins dans l’hôpital à côté de chez moi. Et
pour quoi ? Une douzaine de tests de pression sanguine et un très
mauvais repas. Vous pouvez être certain que même les familles les moins
loties ont à payer 12.000 dollars par mois pour une assurance de base. La loi
Obamacare est risible, et son site internet n’est
qu’un point d’exclamation à la fin du scripte de son soap opéra. La
conséquence en sera l’implosion du racket médical et un retour à un système
primitif de cliniques avec paiement en poules ou en paniers de nourriture.
Les humains qui survivront auront la possibilité d’être en meilleure santé
une fois que ce racket aura expiré.
Les efforts de maintenir en
vie cette complexité par plus de complexité ne pourront parvenir à leurs
fins. Notre tâche principale est aujourd’hui de gérer la contraction, et le
seul moyen de le faire serait de simplifier et non de compliquer le système
par la fraude, le prétendu et le mensonge.