Mes chères contrariennes, mes chers contrariens
!
Vous avez certainement dû
entendre parler de la dernière étude de la NASA sur la chute de
nos civilisations. Selon cette étude, nous en avons au mieux pour
quelques décennies avant de disparaître de la surface de la
Terre. Au-delà de l’alarmisme affiché aussi bien dans
cette étude que dans ses conclusions, l’humanité tout
entière fait face à des défis d’ampleur
historique. Il me semblait intéressant d’essayer de revenir sur
cette étude qui a déchaîné de très nombreux
commentaires sur les réseaux sociaux et dans ma messagerie
électronique !! Essayons donc d’y voir plus clair, et
d’analyser ce sujet loin de toute panique et en prenant du recul.
Quel est le point de vue défendu par
l’étude de la Nasa ?
Petite précision, vous
trouverez en annexe le lien vous permettant d’avoir accès
à l’original, c’est-à-dire au document complet, en
anglais et en 27 pages !
On peut résumer cette
étude en disant qu’elle pointe du doigt la menace
d’épuisement des ressources naturelles et la répartition
des ressources.
Les chercheurs ont utilisé
un modèle mathématique baptisé Handy
(Human and Nature Dynamical)
et ont répertorié les raisons qui ont provoqué la chute
d’autres civilisations : les Mayas, l’empire Mésopotamien,
l’Empire romain, la dynastie Han, etc. En étudiant la dynamique
homme-nature, l’étude montre qu’il y a un cycle
récurrent constaté tout au long de l’histoire et qui
provoque un « effondrement brutal » des civilisations.
Parmi les causes récurrentes
d’effondrement, on retrouve :
- le climat ;
- la démographie ;
- l’eau, l’agriculture ;
- l’énergie.
Lorsqu’elle se produit, la
convergence de ces facteurs aboutit à un effondrement civilisationnel.
« Pour les auteurs, il serait
faux de croire que les progrès technologiques permettront de
résoudre ces problèmes avant qu’il ne soit trop tard, car
ils entraînent une consommation plus importante. Seule solution
envisagée par cette étude : la mise en place de politiques
adaptées qui viseraient à réduire les
inégalités et la consommation des ressources. »
En clair, cette étude de la
NASA prône en réalité la mise en place de politiques
systématiques de « décroissance » pour sauver
l’humanité.
L’effondrement des sociétés
complexes du Professeur Tainter
C’est un excellent ouvrage
dont j’avais fait un long édito il y a quelques mois afin de
partager avec vous l’intérêt de cette lecture. Je vous
joins en annexe là encore le lien vous permettant de le lire ou le
relire dans son intégralité. Pour résumer là
encore, pour ce professeur américain qui a étudié avec
minutie les effondrements de sociétés dans notre histoire les
facteurs qui conduisent au drame sont les suivants :
1/ Les sociétés
humaines sont des organisations faites pour résoudre les
problèmes.
2/ Les systèmes
sociopolitiques ont besoin d’énergie pour se maintenir.
3/ La complexité accrue
porte en elle des coûts accrus par habitants.
4/ L’investissement dans la
complexité sociopolitique, en tant que réponse à la
résolution des problèmes, atteint souvent un point de
rendements marginaux décroissants.
5/ À mesure que le rendement
marginal de l’investissement dans la complexité décline,
la société investit toujours plus lourdement dans une
stratégie proportionnellement moins rentable. Il faut alors faire face
aux poussées de tensions en dehors du budget de fonctionnement
courant.
6/ Les rendements marginaux
décroissants font de la complexité une stratégie
d’ensemble de moins en moins séduisante, si bien que des parties
d’une société perçoivent un avantage croissant à
une politique de séparation ou de désintégration.
Logiquement, divers segments de la population accroissent leur
résistance active ou passive, ou tentent ouvertement de faire
sécession.
Par rapport à cette grille
de lecture, force est de constater qu’un pays comme la France obtient
à peu près un sans-faute aux critères de
l’effondrement. Comme quoi, nous pouvons être premier quelque
part et avec facilité. Les exilés fiscaux, ou nos compatriotes
qui font tout simplement le choix et ils sont de plus en plus nombreux
à aller tenter leur chance à l’étranger, ne sont
rien d’autre que des « segments de la population qui accroissent
leur résistance active ».
Nous finançons notre
complexité par toujours plus d’impôts sur toujours plus de
choses comme la cigarette électronique, les boissons, et la
créativité de nos élites est sur ce sujet sans limite.
Le « choc de simplification » lancé par notre
président est un vieux serpent de mer. Tout le monde veut simplifier
la complexité, or la complexité s’est emballée,
elle nous échappe, nous courons derrière elle. Nous la
subissons. Aussitôt lancé, le choc de simplification fut bien
vite oublié, et soyons francs, parmi vous… qui se souvient
encore de ce sujet alors qu’il faisait la « une » de nos
médias il y a moins d’un an ?
Le Club de Rome et Dennis Meadows
Dennis Meadows
est l’un des auteurs de l’étude visionnaire sur
« Les limites à la croissance” qui, dès 1972,
alertait sur le risque d’une crise d’effondrement dans la
première moitié du 21e siècle provoquée par
l’épuisement des ressources de la planète. Cela fait donc
40 ans que certains ont déjà tiré la sonnette
d’alarme sur l’insoutenabilité
de notre modèle économique basé sur l’idée
suivante : « croissance infinie de la consommation de masse dans un
monde fini ».
Or il n’est nul besoin
d’aucun modèle mathématique pour comprendre ce que le
simple bon sens d’un enfant permet de comprendre. La croissance infinie
dans un monde fini est une aberration intellectuelle en soi. Or notre
système repose pour le moment sur ce postulat aberrant. Pour le
dépasser, il faudrait que nous puissions par exemple accéder
à d’autres planètes et que nous puissions
évidemment les exploiter de façon massive. C’est
là encore illusoire tant les coûts et les technologies pour y
arriver nous manquent.
Soyons réalistes. Il ne
s’agit pas d’envoyer un équipage de courageux aventuriers
modernes vers Mars pour quelques mois et de 4 personnes ! Il s’agirait
de coloniser, d’habiter, d’exploiter et de rapatrier des
ressources sur Terre. Nous devrions bâtir des cargos spatiaux au lieu
de nos porte-conteneurs. Nous n’y sommes évidemment pas et nous
risquons, car là est le problème, de ne jamais atteindre le
moment où nous serons techniquement capables d’aller exploiter
facilement une autre planète et de connaître notre effondrement
bien avant.
Dennis Meadows
n’est pas n’importe qui puisqu’il était le directeur
du MIT, une très célèbre université, et son
étude de 1972 a décrit plusieurs scénarios
d’évolution possible de l’économie, de la
population et des ressources mondiales, chaque scénario correspondant
à des choix différents que l’humanité pouvait
collectivement faire à partir de 1972. Leur scénario
« On continue comme avant », qui correspond grosso modo
à ce qui s’est passé par la suite, prédisait que
l’approche des limites de la planète commencerait à
exercer un fort impact sur la croissance à partir des environs de
l’année 2010, impact qui irait ensuite croissant, finissant par
déboucher d’ici 2050 au plus tard sur un effondrement,
c’est-à-dire une baisse précipitée du niveau de
vie et peut-être de la population mondiale, dans une situation
d’épuisement des ressources et de l’environnement naturel.
Pour ceux qui voudront approfondir
ce sujet (et je le leur conseille), vous trouverez le lien vers la
dernière interview donné par Monsieur Meadows
et en français dans le texte !
Maintenant que nous avons vu
à travers les travaux de 3 personnes ou groupes différents que
l’idée d’un effondrement était loin
d’être aussi improbable, posons la question qui fâche
vraiment !
La civilisation occidentale est-elle aujourd’hui
menacée sérieusement de disparition ?
Je parlerais plutôt
d’une possible disparition de la civilisation telle que nous la
connaissons dans le sens où le délitement des structures
occidentales ne signifie pas qu’elles seront remplacées par un
nouvel « âge sombre ». L’actuelle crise
économique peut à ce titre être considérée
de deux façons : elle pourrait être un élément
directement déclencheur de notre potentielle chute ou bien un
élément précurseur à travers les tensions
qu’elle pourra générer dans les prochaines années,
dans ce cas cela signifierait qu’en réalité,
l’effondrement a déjà commencé.
Ce rapport de la NASA fait par
ailleurs écho, comme nous l’avons vu à d’autres
travaux, notamment ceux du Club de Rome qui avait analysé sous un angle
environnementaliste les cycles d’exploitations des matières
premières. Il avait ainsi été conclu que la croissance
économique finirait par connaître une fin logique face à
la limite des ressources naturelles disponibles dans un système de
consommation de masse, l’idée de base pouvant être
résumée par « la croissance infinie dans un monde
fini est par définition impossible ». L’autre texte
de référence en la matière est celui de
l’américain Joseph Tainter (L’effondrement
des sociétés complexes) qui relève
d’une analyse plus politique et historique sur la fin des grandes
civilisations.
Cela nous amène
effectivement à se demander si le système que nous connaissons,
basé sur la consommation et la production de masse, peut tenir
éternellement en reposant sur l’abondance complète des
matières premières et de l’énergie, le tout devant
être disponible à un coût très bas !
À l’instar de la
NASA et du Club de Rome, je suis de ceux qui pensent que de telles structures
ne peuvent durer, en particulier dans un contexte mondialisé comme le
nôtre. Une fois que cela est dit, il ne faudrait pas dire que notre
situation est pour autant désespérée : ce n’est
pas parce que notre système ne peut plus faire de la consommation de masse
sa pierre angulaire que la civilisation en tant que telle est
condamnée à l’effondrement. Il ne faudrait pas confondre
à ce titre le système économique pur (ainsi que son
corollaire le monde politique) d’une civilisation dans son ensemble :
la chute récente du système soviétique est là
pour rappeler l’importance de telles nuances. La fin d’un
système économique n’est pas la fin d’une culture
et encore moins la fin d’une civilisation, en revanche cela peut aussi
le devenir !
La complexité fragilise une société
la rendant sensible au moindre changement
Il est clair que la
compréhension et la prédiction de notre environnement est de
plus en plus difficile. Tainter évoque
l’idée, de manière assez pragmatique du reste,
qu’une société se fragilise au fur et à mesure
qu’elle devient plus performante, et donc plus complexe.
Par exemple, il n’y a pas 20
ans de cela, il était possible pour à peu près
n’importe qui de réparer le phare de sa voiture, un simple
changement d’ampoule étant nécessaire pour y arriver.
Aujourd’hui, un tel problème demande de se rendre à la
concession, d’utiliser des outils spéciaux, de démonter
la moitié du pare-chocs, et d’acheter une ampoule
spéciale dont le prix est 10 fois plus important.
Dans la même logique, la
multiplication des équipements électroniques de nos automobiles
multiplie les sources de pannes, et ces pannes sont aujourd’hui
impossibles, ou presque, à réparer pour l’individu moyen.
De moins en moins autonomes, nous finissons par dépendre de ce que
l’on appelle les « services-support » (fourniture
d’eau, d’énergie, de nourriture, de vêtements par
des services extérieurs…). Plus ces services se popularisent
plus ils fragilisent par définition un équilibre
d’ensemble en généralisant
l’interdépendance.
Ainsi, lors des tempêtes de
neige du début de l’année 2013, le gouvernement avait
été obligé d’immobiliser les semi-remorques
à l’entrée de l’Île-de-France, ce qui avait
fini par créer des pénuries dans plusieurs secteurs au bout de
quelques jours. Dans un registre similaire, l’impact du tsunami qui a
frappé le Japon en mars 2011 sur les entreprises japonaises avait fini
par créer des problèmes d’approvisionnement aux quatre
coins de la planète. Autrement dit, plus nous développons des
systèmes spécifiques, moins nous sommes capables de nous
adapter à des événements imprévus.
Cette question de la
complexité est d’ailleurs d’autant plus
préoccupante qu’elle n’est plus tellement limitée
dans l’espace à l’ère de la globalisation. Le
problème est qu’il est impossible ou presque de
« simplifier » un système trop complexe, et
l’exemple du « choc de simplification »
souhaité par le gouvernement Hollande est ici assez
révélateur puisqu’il a en vérité
généré de nouvelles lois qui ont encore ajouté à
la complexité de l’État français. Enfin, dans une
société complexe, les individus sont ultra-spécialisés
et ne maîtrisent plus par définition les savoir-faire
nécessaires à une survie dans un monde plus
« naturel ». Une société complexe rend
donc les gens moins résilients car dépendants des autres qui
détiennent d’autres compétences. La complexité
rend donc chacun de nous plus sensible et plus fragile aux aléas du
monde.
Un facteur ne peut conduire à un effondrement
!… Quoique!
Nos sociétés sont
à la fois complexes donc fragiles mais jusqu’à un certain
stade cette complexité et cette « technicité »
permettent de trouver des solutions et des palliatifs. Une
société complexe est aussi d’une certaine façon
adaptable. C’est la raison pour laquelle, hormis un aléas
totalement extrême, l’effondrement d’une civilisation est
toujours plurifactoriel et il s’agit de la convergence de facteurs
économiques, sociaux, politiques, énergétiques ou encore
culturels.
Certains pensent donc qu’une
crise énergétique majeure ne serait pas en mesure de mener nos
sociétés industrielles à un effondrement. Si cela peut
sembler logique si l’on admet que les chutes des civilisations sont
multifactorielles, c’est néanmoins oublier un peu vite à
quel point l’ensemble de notre vie dépend aujourd’hui du
pétrole et de ses dérivés. Nous sommes à la fin
de l’âge du pétrole abondant et peu coûteux et le
problème n’est d’ailleurs pas tant de savoir quand coulera
la dernière de goutte de pétrole du dernier puits que de savoir
combien coûteront les barils lorsqu’ils seront véritablement
plus rares. Nos médicaments, notre médecine, nos vêtements,
notre alimentation, nos engrais, notre mobilier, tout, absolument tout
dépend aujourd’hui de l’accessibilité aux énergie fossiles. Aucune civilisation dans
notre histoire n’a jamais été aussi dépendante de
la fée énergie et l’essentiel de l’énergie
aujourd’hui c’est le pétrole. Nous sommes incapables pour
le moment de mener ce que l’on appelle la transition
énergétique vers les énergies propres ou renouvelables.
Je pense donc que pour la
première fois dans notre histoire, un seul facteur, et nous regrouperons
tout sous le vocable « matière premières » peut
aboutir à un effondrement des sociétés telles que nous
les connaissons si ce sang indispensable à notre système
économique venait à manquer. Or, et tous les chiffres le
montrent sans ambiguïté, ils sont en train de manquer.
Pour aller un peu plus loin dans le
raisonnement, l’Empire romain ne disposait d’aucune source
d’énergie sauf celle des bras des esclaves. Son effondrement
était donc effectivement multifactoriel. Les mêmes phénomènes
se sont peu ou prou répétés jusqu’à
l’émergence de notre civilisation que nous pouvons qualifier
« d’industrielle ». Sans énergie nous sommes
condamnés à très brève échéance et
c’est également ce qui explique, ne soyons pas naïfs, la
nécessité d’intervenir en Irak, en Libye, en Syrie, ou
encore en Ukraine. Tous les pays du monde sont lancés dans une «
guerre douce » aux matières premières. Lorsqu’elles
manqueront vraiment ces « guerres douces » pourraient devenir autrement
plus dangereuses.
Alors évidemment, on a envie
tout de même d’espérer et se dire qu’il y a
forcément des solutions.
Ces mécanismes d’effondrements sont-ils
irréversibles et peut-on avoir un peu d’espoir ?
Le plus bel exemple historique est
selon moi l’Histoire de l’humanité, cette dernière
étant ponctuée de grands chocs et de réadaptations
souvent surprenantes.
Contrairement à une
idée reçue, la chute de l’Empire romain n’a pas
signifié la fin de toute civilisation et de toute technique, bien que
cela ait évidemment représenté une « régression
». Néanmoins, les civilisations qui suivent arrivent toujours
à dépasser le seuil technologique et économique de
celles qui les ont précédés. Du moins est-ce le cas dans
l’histoire de l’Occident.
Le problème est de se
demander ce qui pourrait remplacer la société globalisée
à une époque où aucun contre-modèle
n’existe pour s’y substituer, ce qui est en soi quelque chose de
totalement inédit sur le plan historique.
Un effondrement de ce
système où chacun est interdépendant se fera en toute
logique à l’échelle mondiale et rien ne pourra venir se
placer en alternative.
Lorsqu’un système
s’effondrait autrefois, il avait toujours la possibilité
d’être absorbé par un voisin plus puissant
(c’était le cas de Rome avec la puissance militaire des tribus
germaniques et la matrice intellectuelle du christianisme), ce qui est
effectivement impensable en l’état actuel des choses.
Vers quoi pourrait mener un
effondrement de nos modèles de société ? Faut-il aller
jusqu’à craindre un nouveau Moyen Âge ?
Comme je le disais plus haut, on
peut dissocier la fin d’un système politico-économique de
la fin d’une civilisation, ce à quoi on peut ajouter un
troisième scénario, autrement plus apocalyptique, à
savoir la fin de l’humanité.
Le plus inquiétant est que
ce schéma, aussi spectaculaire soit-il, n’est pas à
exclure entièrement.
Au-delà de l’aspect
globalisé de notre système, une fragilité
supplémentaire est à prendre en compte aujourd’hui :
notre incroyable potentiel de destruction technologique.
Lorsque l’Empire romain
s’est effondré, il n’existait pas de laboratoires P4
concentrant des masses de virus mortels, ni de centrales nucléaires,
et encore moins d’arsenaux nucléaires capables de vitrifier cent
fois la planète entière.
Or on peut légitimement
s’interroger sur ce qu’il se passerait si jamais ces structures
n’étaient plus gérées par un personnel
compétent. D’ailleurs, cette problématique du potentiel
de destruction technologique fut une véritable problématique
lors de l’effondrement de l’Union Soviétique avec la
hantise qu’une ogive nucléaire se retrouve revendue au
marché noir par des militaires dont les soldes n’étaient
plus payées depuis… plusieurs années !!
Si l’on peut toujours espérer
que le système capitaliste, dans son acceptation la plus
resserrée (respect de la propriété privée dans
les moyens de production), puisse s’appuyer sur son incroyable
capacité d’adaptation pour trouver un nouveau souffle et de
nouveaux postulats de fonctionnement (comme l’économie
circulaire par exemple), des scénarios noirs ne sont donc clairement
pas à exclure. Cela nous renvoie à l’ouvrage phare de
Nassim Taleb, Les Cygnes Noirs, pour qui ce qui façonne
l’histoire de l’humanité n’est pas la
« moyenne normale des événements »…
mais les événements extrêmes et hautement improbables.
L’effondrement est-il donc inéluctable ?
La réponse ne vous plaira
pas, car on n’aime pas les mauvaises nouvelles, mais oui,
l’effondrement de la civilisation telle que nous la connaissons
n’est qu’une question du temps et même si ces sujets parce
qu’ils sont particulièrement anxiogènes ne sont pas
publiquement détaillés, tous ceux qui y
réfléchissent un peu sérieusement aboutissent à
la même conclusion.
La croissance de la population
mondiale est exponentielle mais nos ressources ne le sont pas. Le
problème peut donc se résumer de façon assez simple.
Soit nous trouvons plus de ressources et je peux vous garantir que ce
n’est pas sur Terre que nous les trouverons, soit nous réduisons
notre consommation de ressources, soit nous réduisons notre population
donc la demande.
Il y a donc trois paramètres
et pas un de plus sur lesquels vous pouvez jouer. Il n’y a dans ce
problème que 3 variables et elles sont parfaitement connues
de tous.
Plus de ressources.
Moins de consommation de ressources
Moins de consommateurs de ressources.
Pour le plus de ressources, il
faudrait comme lors de la découverte de l’Amérique, et ce
fut un apport considérable en nouvelles richesses et ressources pour
la vieille Europe, que nous quittions cette fois non pas notre continent pour
en découvrir un nouveau, mais que nous allions exploiter une autre
planète. Il faut que nous le fassions avant de nous effondrer ce qui
évidemment semble très mal parti.
Nous pouvons aussi réduire
de façon drastique notre consommation et c’est d’ailleurs
ce qui se passe avec nos chômeurs et nos « pauvres » qui
sont des millions à être décroissants par nécessité
et non par choix. Nous pouvons revenir à un mode de vie beaucoup plus
simple, quitter les villes et se rapprocher de la terre. Les villes sont une
aberration en termes de ressources puisqu’un citadin par
définition doit tout se faire apporter et dépend de
l’ensemble des services de supports. Il n’a aucune autonomie
possible. Il ne peut ni cultiver, ni élever des poules ni de lapin
lui-même logeant dans un clapier hors de prix. J’espère
que nous saurons nous adapter de cette façon-là car si nous ne
le faisons pas alors il ne restera que la dernière variable.
Réduire la population
humaine… cela peut se faire par la maladie, les guerres ou la famine.
Choisissez votre fin ou votre faim mais dans tous les cas cette option est
fort désagréable.
Comment se préparer ?
Là encore je vous indique en
lien un article que j’avais écrit à ce sujet
récemment et intitulé « Comment vous préparer
à l’effondrement économique ».
Sachez que les problèmes
d’accès aux matières premières, auxquels nous
sommes déjà confrontés, sont avant tout des
problèmes économiques. Souvenez-vous qu’avant la crise
des subprimes en 2007, nous avions tous les yeux
rivés sur le prix du baril de pétrole qui avait
dépassé les 150 dollars le baril !! Pourquoi à votre
avis ? Tout simplement parce qu’il n’y avait plus assez de
pétrole pour fournir en énergie un monde en croissance
économique forte.
Cela veut dire que la croissance ne
PEUT pas revenir contrairement à tout ce que nous expliquent nos
crétins de dirigeants pour la simple et bonne raison que si nous
avions demain une croissance économique mondiale forte alors le prix
des matières premières flamberait et qu’en flambant, le
prix très élevés des matières premières
viendrait « casser » la croissance économique et la
reprise qui serait forte. Il est indispensable de comprendre ce
mécanisme. Tout le monde l’a oublié ou occulté,
mais de 2005 à 2007 nous l’avons pourtant tous vécu et
nous avons pu mesurer l’effet de la raréfaction des ressources.
Alors que l’économie se porte mal partout dans le monde, le prix
du pétrole est aujourd’hui 10 fois plus élevé que
lors de la première guerre du Golfe !!!
Soyez donc conscient que quoi que
l’on vous raconte, il n’y aura pas de retour possible à
une croissance économique forte et durable. Nous sommes
déjà rentrés dans l’ère de la rareté
et elle précède le moment de l’effondrement.
Alors stockez ce qui vous sera
utile, ayez des outils et pas « made in china », ayez de quoi
tenir en attendant votre première récolte, apprenez à
cultiver, à coudre, à réparer, à faire du cheval,
à chasser, à piéger, apprenez à vous
débrouiller et à devenir le plus autonome possible, mais
surtout si vous le pouvez quitter les villes car en cas d’effondrement
de la civilisation les villes n’offriront aucune chance de survie
à long terme et c’est exactement ce qu’il se passe en
Grèce. En Grèce, c’est un véritable exode urbain
qui a lieu. 60 % des Grecs des villes veulent rejoindre les campagnes,
dernières planches de salut pour affronter la misère urbaine.
Alors certains me diront mais
c’est beaucoup trop pessimiste comme analyse ou comme approche ! Sauf
que mes chers amis, la crise a commencé à
l’été 2007 ! Il y a presque 7 ans !! Nous sommes en train
d’attendre depuis 7 années entières le retour de la
croissance que l’on nous promet à chaque vœux
présidentiels de fin d’année !!! 7 années
d’attente pour ne rien voir venir si ce n’est plus de
misère et plus de pauvreté, plus de dégradations dans
notre mode de vie, plus d’impôts et moins de richesses… Ce
mouvement ne concerne pas que notre pays. Il est mondial.
Alors au bout de 7 années
d’attente, ne croyez-vous pas que la bonne question ne serait pas
plutôt de se demander et si l’effondrement avait
déjà commencé ? Et si l’effondrement
n’était pas « brutal » comme l’indique la NASA
mais justement relativement lent ? Et à votre avis, comment
l’Empire romain s’est-il effondré ? Le 16 avril 376
à 15h23 ? En réalité, et la NASA nous induit tous en
erreur dans ce cas, l’effondrement d’une civilisation, parce
qu’elle a des structures, des règles, des lois, des corps
constitués, une culture, une technique, etc., parce qu’elle
possède forcément une forme de force et de résilience
qui ont expliqué son succès et son développement ne
s’effondre jamais brutalement. Au début, c’est une lente
déliquescence, presque impalpable ou l’on confond crise
passagère avec crise terminale, puis les événements
s’accélèrent progressivement, et enfin, au dernier stade,
lorsque l’on atteint certains « effets de seuil »,
c’est-à-dire une accumulation suffisante de problèmes,
alors la fin de la chute est brutale.
L’effondrement a
déjà commencé. Il est économique, technologique,
environnemental, social, politique et évidemment moral. Il ne
s’agit pas de la fin du monde mais de la fin d’un système,
celui dans lequel et par lequel nous visons tous actuellement.
Restez à
l’écoute
À demain… si vous le voulez
bien !!
Charles SANNAT
« À vouloir
étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables
les révolutions violentes »
Ceci est un article ‘presslib’,
c’est-à-dire libre de reproduction en tout ou en partie à
condition que le présent alinéa soit reproduit à sa
suite. Le Contrarien Matin est un quotidien de
décryptage sans concession de l’actualité
économique édité par la société
AuCOFFRE.com. Article écrit par Charles SANNAT, directeur des
études économiques. Merci de visiter notre site. Vous pouvez
vous abonner gratuitement www.lecontrarien.com.
L’effondrement des sociétés complexes du
Professeur Tainter
Article concernant l’étude de la Nasa
La
dernière intervention de Dennis Meadows ici
et en français, à lire!
L’étude complète de la Nasa dont on parle
tant en intégralité. 27 pages en anglais.
Le mode d’emploi pour se préparer à
l’effondrement économique en cours, c’est ici
|