Le 4 septembre, le président
de la BCE a sorti son bazooka financier et demandé la hausse des bilans de la
BCE à hauteur d’un trillion d’euros.
Draghi a confirmé que ces achats d’actifs
« comprendraient des biens immobiliers, des créances hypothécaires
résidentielles et des titres adossés à des créances immobilières. Ils
incluraient également un éventail de titres adossés à des actifs et des prêts,
mais uniquement parmi la tranche senior et éventuellement la tranche
mezzanine pour les titres garantis ».
Et voilà que trois semaines
plus tard, il est prêt à acheter n’importe quoi, avec ou sans garantie.
Voici un extrait de l’article
intitulé Mario Draghi pushes
for ECB to accept Greek
and Cypriot ‘junk’ loan bundles.
Mario Draghi a demandé à la Banque centrale européenne
d’acheter des prêts bancaires à la Grèce et à Chypre, une décision qui
devrait exacerber les relations entre la banque et l’Allemagne.
La direction
de la Banque centrale européenne a demandé l’abaissement du niveau de qualité
requis par les actifs acquis par la banque, afin de permettre au gardien
monétaire de la zone euro d’acheter des titres adossés à des actifs et des
créances hypothécaires résidentielles à la Grèce et à Chypre.
Cette
proposition devrait toutefois se heurter à l'opposition de l'Allemagne, dont
les relations avec la BCE et les officiels d’autres économies de la zone euro
se détériorent déjà.
Le président
de la Bundesbank, Jens Weidmann, qui siège
également au conseil des gouverneurs de la BCE, s’est déjà opposé au projet
de la banque d’acheter des créances hypothécaires résidentielles à risque,
qui exposeraient bien trop les bilans de la banque centrale.
Wolfgang Schäuble, le Ministre allemand des Finances, a également
fait part de son opposition et soutenu que ces achats pourraient alimenter
les conflits d’intérêt entre le rôle de décisionnaire monétaire de la BCE et
son rôle de superviseur bancaire.
Bien que les
actifs les plus sûrs – la tranche senior – parmi les créances hypothécaires
résidentielles grecques et chypriotes ne représentent qu’une très petite
partie du marché européen de la titrisation, leur achat libèrerait des
milliards d’euros de liquidités pour les banques de deux des plus faibles
économies européennes et pourrait stimuler le crédit aux petites entreprises
de la périphérie de la zone euro.
Libérer de
la liquidité ?
L'idée
qu’échanger de la monnaie contre des actifs à risque puisse libérer de la
liquidité est aussi ridicule que de sortir un poisson pourri du frigo et le
mettre dans le salon en espérant que l’odeur finira par s’en aller.
La puanteur
des bilans bancaires grecs ne se dissipera pas. Elle ne sera que déplacée sur
les bilans de la BCE.
Et elle
n'alimentera pas les prêts, comme je l’ai noté dans ECB's €1 Trillion Stimulus Gamble: ECB Pulls Out Bazooka, Cuts
Rates, Buys Assets; Will this Stimulate Lending?
C’est tout le
problème.
Stimuler le
crédit ?
Tout le monde
se demande si ce pourra être le cas. Laissez-moi vous poser quelques autres
questions :
- Pourquoi
le crédit devrait-il s’en trouver stimulé ?
- La
déclaration de la BCE s’attaque-t-elle aux problèmes structurels de l’euro ?
- S’attaque-t-elle
aux problèmes fiscaux d’un seul des pays de l’Europe ?
- S’attaque-t-elle
aux désavantages compétitifs entre la France et l’Allemagne ?
- Apporte-t-elle
des réformes structurelles à la France ou l’Italie ?
- Si
des taux à -0,1% sur les fonds confiés à la BCE
n’ont pas pu stimuler les prêts, pourquoi serait-ce le cas de taux à
-0,2% ?
Draghi alimente une bulle sur les obligations
Tout ce que Draghi est parvenu à
faire avec les opérations de refinancement à plus long terme a été de gonfler
la plus grosse bulle sur les obligations du monde.
Les bulles peuvent toujours continuer de gonfler… jusqu’à
ce qu’elles éclatent.
Aucun des efforts mis en place n’est jusqu’à présent
parvenu à régler un seul problème structurel. Ils n’ont fait que faciliter
l’ajournement de réformes nécessaires.
Forcer les banques à prêter ? Une grossière erreur
Ces tentatives de forcer les banques à prêter sont une
grossière erreur. Les banques prêtent si, et seulement si…
- leur
capital n’est pas en péril,
- leurs
emprunteurs sont solvables,
- des
emprunteurs solvables lui demandent du crédit.
Si elles
prêtent en d’autres circonstances, elles risquent d’enregistrer des pertes.
Elles enregistrent également des pertes lorsqu’elles s’imaginent que leurs
emprunteurs sont solvables, alors qu’ils ne le sont pas.
Le problème
devrait être évident. Les banques européennes manquent d’emprunteurs
solvables à la recherche de prêts. Ou alors leur capital diminue.
Je suggère que
ce soit les deux.
Et si cette
décision de Draghi venait alimenter les prêts aux
petites sociétés insolvables, la BCE n’aura rien fait d’autre que d’aggraver
les problèmes de la zone euro.
En réponse à
l’article ci-dessus, voici ce que m’a envoyé le directeur d’une société
financière internationale :
« Bonjour
Mish,
Mario Draghi est un idiot. Les banques créent de la monnaie
lorsqu’elles octroient des prêts. Ces prêts nécessitent des réserves qui
reviennent ultimement à des dépôts auprès de la BCE. Un taux d’intérêt
négatif est un donc une taxe sur le capital et une taxe sur le prêt. Ce n’est
pourtant pas compliqué ».
J'aimerai
lancer un organisme de charité qui enverrait à chaque nouveau membre de
banque centrale une copie gratuite du Mystère
de la Banque, de Rothbard, mais je commence à
douter de leur capacité à lire.
Draghi nous a prouvé n'avoir aucune idée de
la manière dont le système fonctionne.