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Published : December 08th, 2010
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FOLLOW : Fmi Strauss Kahn
Category : Editorials

 

 

 

 

Même le dos au mur, les dirigeants européens ne sont pas parvenus à se mettre d’accord. En dépit du soutien affirmé de la BCE et du FMI à une augmentation des moyens mis à disposition du fonds de stabilité (EFSF), la décision en a été remise à plus tard, façon d’escamoter que le désaccord à ce sujet était total.


« Si cela devient nécessaire, nous examinerons la question » a déclaré Herman Van Rompuy, président de l’Union européenne. « On va continuer le travail. Ce qu’on a fait hier, c’est ne pas prendre encore de décision. Mais il y aura encore des débats sur la manière de concevoir le mécanisme permanent de gestion de crise et peut-être de continuer à débattre sur sa taille, que ce soit pour le mécanisme définitif ou pour le mécanisme transitoire » a ajouté Didier Reynders, le ministre belge des finances, la Belgique assurant la présidence de l’Union européenne.


L’argument avancé pour justifier de ne pas accroître le montant des garanties mises à disposition de l’EFSF ne manque pas de sel : un tel acte signalerait que les Etats européens s’attendent à devoir soutenir de nouveaux pays (entendez le Portugal et l’Espagne), ce qui serait un très mauvais signal donné aux marchés, les incitant à précipiter ces pays dans la zone des tempêtes. Comme s’il n’étaient pas déjà en train d’y pénétrer, pour ceux qui n’y sont pas encore.


Quant à la proposition de création d’une Agence de la dette et d’émission d’euro-obligations de Jean-Claude Juncker et Giulio Tremonti, elle a été tout bonnement considérée par certains comme n’étant pas à l’ordre du jour, c’est à dire ne méritant même pas d’être discutée. Sans appel, Jürgen Stark, économiste en chef de la BCE, déclarant pour s’y opposer au Süddeutsche Zeitung : « Chaque Etat doit être responsable de sa propre dette », alors que Jean-Claude Trichet, son Président, ne s’était volontairement pas prononcé.


Angela Merkel, a estimé pour sa part que de telles obligations « ne permettent pas de concurrence entre les taux d’intérêt » attachés à la dette des pays, alors que « la concurrence des taux d’intérêt est une incitation à respecter les critères de stabilité ». Les Autrichiens étaient également contre, tandis que les Grecs étaient pour et les Espagnols favorables à son étude.


Cette division et paralysie augure mal du futur sommet des chefs d’Etat européens, les 16 et 17 décembre et, en attendant, place la BCE dans la désagréable position de devoir choisir entre poursuivre ses achats des obligations irlandaises et portugaises, ou bien les arrêter et risquer un nouvel emballement de la crise européenne de la semaine passée. Malgré leur relatif isolement, les Allemands n’ont pas hésité à utiliser à nouveau leur droit de veto pour s’opposer à toute forme d’élargissement des mesures destinées à la combattre. Au nom de la rigueur budgétaire dont chacun est responsable, à laquelle il ne faut donner aucun prétexte lui permettant de faiblir.


La journée de dimanche avait pourtant été marquée par une discrète réunion – dont rien n’a transpiré – où ont participé Herman Van Rompuy, Jean-Claude Trichet, José Manuel Barroso, Olli Rehn, Didier Reynders et Jean-Claude Juncker. Leurs décisions n’ont toutefois pu convaincre, les deux jours suivants, les ministres des finances de l’Eurogroup et de l’Ecofin qui se réunirent successivement. Ce qui a fait dire à Dominique Strauss Kahn – de passage hier à Athènes où il a confirmé être pour que des délais de payement soient accordés à la Grèce – « l’Europe a besoin de quelque chose de plus dynamique, une solution globale » qu’il n’a pas définie.


La liste des pays entrant dans la zone des tempêtes s’allonge : Grèce, Irlande, Portugal, Espagne et maintenant Italie. Dans tous ces pays des mesures de rigueur nouvelles sont adoptées afin de tenter de conjurer le mauvais sort. Des inquiétudes de devoir le faire sont désormais exprimées en Belgique, où l’impasse politique demeure. Dans un accès de franchise qui tranche avec le discours ambiant, Werner Faymann, le chancelier autrichien, déclarait que l’Espagne devrait probablement bénéficier prochainement du parapluie financier de l’EFSF.


Une nouvelle farce va par ailleurs être jouée, avec la tenue d’un nouveau round de stress tests des banques européennes, en février prochain, dont on promet qu’ils seront encore plus rigoureux que les précédents. Ne pouvant faire oublier que des trois principales banques irlandaises ayant précipité le gouvernement de Dublin dans le mur, deux avaient été testées au coup précédent et déclarées bonnes pour le service, la troisième ne l’ayant même pas été. Ne craignant pas le ridicule, Olli Rehn, le commissaire aux affaires économiques, a déclaré : « Nous avons continué à bâtir notre réponse systémique à la crise systémique. Et l’un des éléments est la préparation d’une nouvelle série de tests de résistance des banques, encore plus rigoureux et encore plus complets. »


On avait déjà remarqué que les Etats craignent comme la peste de bénéficier du sauvetage européen, et cherchent à l’éviter à tout prix, car ils savent ce qu’il signifie ; on a désormais confirmation que les dirigeants européens utilisent la tenue de stress tests pour montrer que tout va bien dans le secteur bancaire lorsqu’il est particulièrement évident que ce n’est pas le cas. Tout fonctionne de travers, et ce n’est pas prêt de s’améliorer.


Jean-Claude Juncker vient d’en donner encore une magistrale illustration. « Nous n’avons pas de crise de l’euro. Nous avons une crise liée aux dettes de certains pays de la zone euro », a-t-il affirmé, assurant que « L’euro fait partie des monnaies les plus stables et les plus fortesau monde ».


Que veulent les Allemands à ce propos est une question de plus en plus posée. Leur attachement à la zone euro dans sa configuration actuelle serait plus crédible s’il était accompagné d’une solution globale à la crise européenne. Mais ils connaissent la fragilité de leur système bancaire et de leur croissance, amenée à vite diminuer, et s’arc-boutent sur leur prospérité précaire. Peuvent-ils spéculer sur la réorientation de leurs exportations vers les pays émergents, pour compenser leur baisse au sein du marché européen ? Et sur le repli dans une zone euro plus restreinte ?


Des propos de Wolfgang Schäuble, le ministre des finances allemand, ont été à ce propos relevés par Eurointelligence, qu’anime Wolfgang Münchau. Il s’est interrogé à voix haute sur la possibilité qu’aurait le Bundestag de voter des mesures fiscales correspondant à des abandons de souveraineté. A condition, précisait-il, que d’autres pays fassent de même. A la vitesse à laquelle cette réflexion avance, et en admettant qu’elle puisse aboutir, la dynamique de la crise a le temps de tout ravager.


Billet rédigé par François Leclerc



Paul Jorion

pauljorion.com



(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.



Paul Jorion, sociologue et anthropologue, a travaillé durant les dix dernières années dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il a publié récemment L’implosion. La finance contre l’économie (Fayard : 2008 )et Vers la crise du capitalisme américain ? (La Découverte : 2007).


 

 

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