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Elon Musk veut contrôler votre cerveau ! Une nouvelle fois, le
fantasme et la peur prennent le pas sur la réalité, mais sans doute à
dessein. Elon Musk envoie des satellites et des fusées dans l’espace, fait
rouler des voitures électriques très élaborées mais craint l’Intelligence
Artificielle comme la peste. Pourquoi ? Il a peur, enfin c’est lui qui le
dit, que l’Intelligence Artificielle ne surpasse l’homme et le conduise à sa
perte. Je ne vais pas vous refaire le couplet sur l’IA qui relève plus du
fantasme que d’autre chose. Certes c’est un outil puissant mais cela reste un
outil sans réelle « intelligence », seulement une capacité à
traiter et analyser des données via des algorithmes créés par l’homme et donc
« cadrés » par celui-ci.
Interrogé par le site « L’ADN », Jean-Gabriel
Ganascia* apporte une éclairage assez précis pour en comprendre les limites :
« Il faut également prendre garde aux termes employés.
Actuellement, de nombreux chercheurs ont publié leurs travaux à propos de
réseaux neuronaux. Sur ce point, par exemple, nous sommes loin de reproduire
le cerveau humain. Ce dernier peut contenir jusqu’à 100 milliards de
neurones. A ceux-ci s’ajoutent 10 à 50 fois plus de cellules gliales, à
propos desquelles une partie de la communauté scientifique s’interroge
encore. Enfin, notre cerveau contient entre 1 000 et 10 000
synapses par neurone. Chaque synapse établit des connexions entre-elles.
Imaginez les possibilités offertes… alors que la technologie est encore loin
du compte ».
Entre fantasme et réalité, la marche est encore très haute en ce domaine
même si la « mise en scène » rend les exploits de l’IA très
spectaculaires. Le problème c’est que cela concerne un domaine très précis,
développé par l’homme et si l’IA peut se « nourrir » d’informations
pour apprendre seule (apprentissage profond), elle ne le fait que dans le
cadre qui lui est fixé, pas d’intelligence là-dedans. Alors pourquoi cette
peur chez Elon Musk ? S’il ne cesse de répéter que l’IA est un danger pour
l’homme, sa réponse laisse dubitatif, mais pas longtemps. Elle s’appelle
Neuralink et propose tout simplement l’implantation d’électrodes dans notre
cerveau reliées à une puce électronique en lien avec un ordinateur…ou comment
faire pire que le pire ! Le plus cocasse, mais Elon Musk n’est pas le seul,
c’est que ces entreprises développent de l’IA en tentant de vous faire peur
pour développer à leur tour une « riposte ». Un peu comme un
laboratoire pharmaceutique qui répandrait un virus en vous vendant un vaccin ensuite…
Google et les autres font la même chose. Certes, la communication d’Elon
Musk est différente et sacrément bien fichue. Il joue le rôle du provocateur
qui va aussi nous apporter la solution miracle à notre vie future, à toute
l’humanité, soyons modestes. Ces entreprises le font évidemment à dessein et
leur objectif est totalement libertarien. Elles souhaitent la
disparition des Etats, et l’Europe avec ses règles est particulièrement
visée, pour une soi-disant AAliberté des peuples. Peuples soumis évidemment à
la dictature commerciale des ces mêmes entreprises. Imaginez qu’Internet soit
disponible partout sur la planète en très haut débit grâce aux satellites
d’Elon Musk. Imaginez alors son pouvoir sur le monde si l’usage
d’Internet est entre ses mains ? Effectivement, les Etats ont du souci à se
faire mais l’on se demande parfois si, en finançant et en encourageant ces
pratiques, même en se servant au passage par des taxes, ne se tirent pas tout
simplement une balle dans le pied…
Alors Elon Musk pousse le bouchon parce qu’après des essais sur des singes
(merci pour eux !), il vient de solliciter une autorisation de la Food
and Drug Administration (FDA) pour poursuivre les travaux sur l’homme avant
la fin de l’année 2020. L’autre point de ce système c’est la prise de
contrôle des machines à distance par la pensée. Si les intentions affichées
tentent de rassurer (traiter la dépression, l’épilepsie, etc…) cela montre
aussi l’inverse, c’est à dire un certain contrôle de la machine sur le
cerveau. Et là on passe directement du fantasme de science-fiction au pire
cauchemar de l’humanité !
Sylvain DEVAUX
*Jean-Gabriel Ganascia est professeur
d’informatique à la Sorbonne, chercheur en intelligence artificielle au
Laboratoire Informatique de Paris 6, président du comité d’éthique du CNRS et
Membre du Conseil scientifique de l’Observatoire B2V des Mémoires.
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