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En écoutant aux portes

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Published : January 11th, 2011
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Category : Editorials

 

 

 

 

En ces temps de divulgation des télégrammes diplomatiques américains par WikiLeaks, on se prend parfois à rêver. A se croire autorisé à regarder par le trou de la serrure, ou bien à écouter aux portes, pour mieux couvrir l’actualité. Par exemple, afin d’être en mesure de rapporter comment les Allemands et les Français poursuivent entre eux les négociations en vue de juguler la crise européenne, ou bien comment les Français préparent leur présidence du G8 et du G20.


Toutefois, si l’on en croit le Spiegel, une autre question aurait pris le dessus en fin de semaine. Wolfgang Schäuble et Christine Lagarde, ministres allemand et français des finances, se seraient en effet rencontrés vendredi soir à Strasbourg, et l’une de leurs décisions aurait été d’inciter le Portugal – qui continue de résister – à demander à bénéficier du plan de sauvetage européen. Afin que l’Espagne et la Belgique, les suivants, ne soient pas dans l’obligation d’en faire autant. On croit revivre l’épisode irlandais.


L’ordre du jour de cette rencontre était chargé et, selon la même source, incluait un tour d’horizon plus vaste. Allemands et Français ne parvenant toujours pas à se mettre d’accord sur les dispositions à prendre.


Déjà, les premiers ont concédé qu’il faudrait si nécessaire accroître les moyens du fonds de stabilité financière, mais obtenu de ne pas devancer l’appel. En attendant de le pérenniser, après l’avoir reconfiguré, ce qui fait débat.


La possibilité de mettre à contribution les créanciers en cas de restructuration de dettes souveraines a déjà fait couler beaucoup d’encre. Mais une autre disposition proposée par les Allemands devrait en faire autant, vu ses implications. Les Etats qui feraient appel au nouveau mécanisme devraient négocier avec lui des engagements de réduction des déficits, sans que les chefs d’Etat et de gouvernement n’aient leur mot à dire. Une nouvelle disposition qui fait écho aux préoccupations de la BCE réclamant que ce processus soit indépendant.


La banque centrale devrait être satisfaite d’une autre proposition allemande, qui prévoit que le futur organisme de sauvetage pourra intervenir sur le marché obligataire, la remplaçant alors qu’elle cherche à se désengager. Il en résulterait un partage du travail : à la BCE le soutien des banques, aux Etats celui de leur coreligionnaires, via cet organisme auquel ils apporteraient leur garantie financière.


Les Français, pour leur part, tentent de mettre en avant une formule attribuant au Conseil européen, qui regroupe les chefs d’Etat et de gouvernement, les prérogatives plus ou moins étendues d’un gouvernement économique. Afin de se donner un terrain et des marges de manœuvre, d’échapper à une rigueur budgétaire trop sévère et de pouvoir négocier des accommodements.


Il y a du grain à moudre, pour reprendre la formule préférée des négociateurs, mais nous n’en savons pas plus.


La préparation du G8 et du G20, qui vont se tenir sous présidence française, est une autre histoire. Suite à des entretiens préliminaires tenus avec Angela Merkel, Hu Jintao, Robert Zoellick, Dominique Strauss Kahn et Jean-Claude Trichet (*), Nicolas Sarkozy sera lundi à Washington afin de rencontrer Barack Obama. Avec pour objectif faire valider par celui-ci ses intentions : jusqu’où va-t-il va être possible d’aller ?


La réforme du système monétaire international est un sujet bien trop ambitieux, est-il reconnu, pour qu’on puisse espérer autre chose que des déclarations de principe très générales, assorties de quelques gestes symboliques. L’amélioration de la gouvernance mondiale, second axe prioritaire, pourra toujours donner lieu à des effets d’annonce, la formule du G20 s’étant prématurément usée. Mais c’est à propos de la lutte contre la volatilité du cours des matières premières qu’il pourrait être décidé d’axer la communication et d’accomplir de modestes avancées.


Cela ne sera pas une mince affaire, leurs marchés étant répartis entre Chicago et à Londres, les Américains et les Britanniques ayant de gros intérêts financiers à défendre. Mais la question pourra résonner dans l’opinion publique comme celle des paradis fiscaux, précédemment utilisée dans la même intention. Quitte à battre à nouveau du vent.


Vendredi dernier, un article dans le Financial Times de Robert Zoellick, président de la Banque Mondiale, réussissait l’exploit d’énumérer toutes les mesures à prendre pour limiter la volatilité des prix des produits alimentaires, sans mentionner une quelconque réglementation des marchés. Il concluait ainsi : « La réponse a la volatilité des prix des produits alimentaires n’est pas d’intenter des actions contre les marchés ou de les bloquer, mais de mieux les utiliser ». Toujours la même sempiternelle justification du pire…


Que va obtenir Nicolas Sarkozy de Barack Obama ? On en aura une idée plus précise à l’occasion de sa conférence de presse du 14 janvier prochain, où il devrait annoncer la couleur. En attendant, nous ne pouvons pas espérer que le compte-rendu de ses entretiens de Washington fuitera et c’est bien dommage…


——
(*) Respectivement Chancelière Allemande, Président de la Chine populaire, Président de la Banque Mondiale, Directeur général du FMI et Président de la BCE.


Billet rédigé par François Leclerc

 

Paul Jorion

  

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

   

 

 

 

 

 

 

 

 

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Paul Jorion, sociologue et anthropologue, a travaillé durant les dix dernières années dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il a publié récemment L’implosion. La finance contre l’économie (Fayard : 2008 )et Vers la crise du capitalisme américain ? (La Découverte : 2007).
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