Les banquiers centraux répondent aux
crises financières comme si elles étaient toutes les
mêmes. Ainsi, ils accumulent de plus en plus de dette et de promesses
sur d’autres dettes et promesses.
En temps de récession cyclique, cette
stratégie peut éventuellement ‘fonctionner’, du
moins approximativement.
En réalité, ces
stratégies finissent généralement par aggraver la
situation, comme c’est en train de se produire aujourd’hui ;
ce qui n’empêche pas Bernanke de
continuer de se gratter la tête et de se demander pourquoi ses
politiques n’ont pas fonctionné.
Toute personne ayant un minimum de jugeote
est en mesure de réaliser que nous traversons actuellement une
récession atypique, ressemblant plutôt à une crise
structurelle d’inflation de la dette, un phénomène rare
n’apparaissant qu’une fois en plusieurs
générations. Cependant, les imbéciles de la Fed, dirigés
par Ben Bernanke, sont pris au piège dans un
monde académique merveilleux et sont incapables de se rendre à
l’évidence.
Bon
retour en temps de crise !
Wolfgang Münchau,
de chez Der Spiegel, écrivait récemment un article
intitulé ‘Bon retour en temps de crise !’, dont voici
un extrait :
La BCE a distribué environ 1 trillion
d’euros aux banques afin de stabiliser la situation. Son idée
première : gagner du temps en privilégiant
l’illusion. En Espagne, la situation s’aggrave, et les
marchés financiers deviennent de plus en plus nerveux. Nous nous
retrouvons à nouveau où nous en étions avant Noël.
Heureux de vous retrouver en temps de
crise ! Il n’y a pas si longtemps, lorsque l’Allemagne
déclarait, lors d’un sommet à Bruxelles, ne pas vouloir
augmenter une nouvelle fois ses fonds de garantie, les marchés avaient
finalement fait preuve d’une accalmie. Il y a deux semaines,
l’Europe se montrait très optimiste quant à son avenir.
Seulement voilà, il y a quelques jours, les marchés se sont
à nouveau effondrés. Qu’a-t-il bien pu se passer ?
Deux coupables : l’Espagne et la
BCE. Les marchés s’attendent à ce que l’Espagne ait
besoin d’un plan de sauvetage d’ici quelques semaines. Si cela
venait à se produire, le plan de sauvetage mis en place ne pourrait se
montrer suffisant. D’ici quelques mois, il serait nécessaire de
l’augmenter à nouveau, ou de risquer une rupture de la zone
Euro.
L’Espagne
en est aujourd’hui où la Grèce était il y a deux
ans
Les marchés ne croient
aujourd’hui plus en une stabilisation de la dette Espagnole. Ce
n’est pas une coïncidence que la panique des marchés
à laquelle nous ayons assisté la semaine dernière se
soit développée juste après que le premier ministre
Espagnol Mariano Rajoy ait annoncé une
diminution des dépenses gouvernementales de l’ordre de 10
millions d’euros en 2012, tout particulièrement dans les
secteurs de la santé et de l’enseignement. L’Espagne en
est aujourd’hui où se trouvait la Grèce il y a deux ans.
La deuxième raison de
s’inquiéter est que les marchés semblent changer leur
perception des politiques employées par la BCE. En décembre et
février dernier, la BCE injectait 1 trillion d’euros de
liquidités dans le système bancaire. Les marchés ont
tout d’abord réagi à cela avec la plus grande excitation.
L’idée était que les banques empruntent de la monnaie peu
chère à la BCE grâce à des prêts sur trois
ans. La BCE achèterait donc des obligations de court terme aux
gouvernements afin de stabiliser le marché des obligations. La BCE a
été autorisée à en faire ainsi pour la bonne et
simple raison que les obligations ne s’achètent pas toutes
seules.
La
politique de la BCE est une drogue
Cette politique a prouvé, avec le
temps, avoir de nombreux défauts. Le premier, c’est
qu’elle est mise en place de manière indirecte, ce qui revient
très cher. Seule une petite partie de la monnaie concernée par
le contrat est dirigée vers l’achat d’obligations.
La politique de la BCE semblait ainsi avoir
résolu la crise bancaire. En réalité, la situation dans
laquelle se trouvent les banques Européennes s’aggrave de jour
en jour. Comme on a pu le voir au Japon dans les années 1990, les
gouvernements ne disposent d’aucune stratégie qui puisse leur
permettre de résoudre ce problème une fois pour toutes.
Pire encore, on entend parfois dire que la
politique d’impression monétaire de la BCE aurait dû offrir
du temps aux gouvernements pour résoudre leurs problèmes. Une
illusion temporelle ! La politique de la BCE a permis aux chefs
d’Etats de fermer les yeux un peu plus longtemps sur la
réalité et de repousser la résolution de leurs
problèmes au lendemain.
Après Pâques, nous nous
retrouvons à nouveau au point où nous en étions avant
Noël.
Illusion
temporelle
Voici
où nous en sommes aujourd’hui. La Grèce fait
défaut. L’Espagne et le Portugal finiront par en faire de
même. La seule chose que fait la BCE, c’est repousser le
problème à plus tard.
Les
décisions prises par la BCE ne font qu’entraîner des
cycles de déflation de la dette qui la rendent impossible à
rembourser.
Les
politiques actuelles ne fonctionnent pas, et ne pourront jamais fonctionner.
Il n’en est pas moins que la stratégie qu’emploient la Fed
et la BCE ne change pas. Elles continuent de les employer, encore et encore.
J’ai
déjà écrit à ce sujet il y a quelques temps, le 3
avril 2008 pour être exact, dans un article intitulé Fed Uncertainty
Principle.
Ce
que je disais alors de la Fed s’applique aujourd’hui à la
BCE, et aux banquiers centraux en général.
Corollaire numéro 2
La
Fed, corps (quasi)gouvernemental majoritairement responsable de ce bourbier,
tentera de s’emparer de toujours plus de pouvoir afin de tenter de
régler les problèmes qu’elle ne cesse de créer.
Plus nous nous enfoncerons dans la crise, plus elle tentera de devenir
puissante. Avec le temps, cela nous mènera à une concentration
de bien trop de pouvoir entre les mains de ceux ayant depuis longtemps
prouvé n’avoir aucune idée de ce qu’ils font.
Corollaire numéro 3
N’espérez
pas de la Fed qu’elle tire quelque leçon que ce soit de ses
erreurs. Attendez-vous plutôt à ce qu’elle
répète incessamment ses politiques nous ayant menés tout
droit à la catastrophe.
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