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Published : November 13th, 2013
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Category : Editorials

L’un des sujets que j’aborde dans mon livre The Long Emergency, écrit en 2005, est l’idée contre-intuitive que le gouvernement fédéral, plutôt que de devenir le Big Brother omnipotent que nous craignons tous, tombe dans l’impuissance la plus totale et ne soit plus capable de gérer la vie de qui que ce soit. Un autre sujet que j’y aborde est l’impasse politique à laquelle font face les Etats-Unis, et qui est comparable aux années qui ont précédé la guerre civile, avec beaucoup des mêmes rancunes déguisées. Nous sommes les témoins d’un empire qui a grandi trop vite pour réaliser ce qu’il était devenu et qui entre aujourd’hui tout aussi rapidement en phase de contraction.

La tâche qui s’impose désormais à la classe dirigeante est la gestion de cette contraction. Les républicains radicaux, même avec leurs châtiments à la Dixieland et la paranoïa de John Bircher, sont plus en passe de réaliser dans quelle situation ils se trouvent que les Démocrates et leur problème Léviathan qu’est la grandeur de l’Etat nourricier. Les radicaux devront bientôt pousser le vieil opossum sur une montagne de gomme pour voir ce qui en ressort.

Et ce qui en ressortira ne sera autre que toujours plus d’incertitude, qui viendra endommager plus encore notre système économique basé sur la confiance et reposant encore sur les cendres de la légitimité, particulièrement pour ce qui concerne la monnaie et le système bancaire. Le problème de ce genre d’acrobaties diplomatiques est qu’elles produisent généralement des conséquences inattendues. Lorsque les sécessionnistes de Caroline ont bombardé Fort Sumter dans le port de Charleston, ils ne s’attendaient pas à voir arriver les carnages qu’ont été Spotsylvania et Chancellorsville. J’aimerai également mentionner les spectateurs qui ont quitté Washington en calèche pour observer ce qu’il se passait à Bull Run comme s’il s’agissait de la saison d’ouverture de la NFL. En clair, ni l’Union ni la Confédération ne savaient que se développait le premier massacre industriel du monde. Leurs descendants d’aujourd’hui, qui ont fait un jeu du suicide financier de notre société technocrate, s’en rendent-ils compte ?

Les mérites des débats quant à Obamacare sont indiscernables pour les citoyens même les plus informés. Commencez par imaginer une loi de 2.000 pages, écrite en majeure partie par des lobbyistes des industries de l’assurance et médicale, qui sont toutes deux des rackets organisés, et puis tentez d’imaginer comment administrer la chose dans 50 Etats. Considérez ensuite les supposés bénéficiaires, c’est-à-dire les jeunes sur les épaules desquels reposent des prêts exorbitants et auxquels l’économie n’offre que des emplois mal payés. Ils n’ont même pas assez d’argent pour payer la taxe d’exemption, alors n’allez pas leur demander de s’offrir une assurance.

Au-delà de tout cela se trouve la certitude que beaucoup de choses se trouveront prises de secousses. Et s’il en est une qui mérite que l’on s’en inquiète, c’est bien la dette des Etats-Unis, et donc le destin de la devise Américaine. La branche législative désire-t-elle continuer de jouer avec l’unique mécanisme de support de marché du Trésor qui pour beaucoup correspond au crédit que le gouvernement promet de payer ? 200 points de base sur dix ans est tout ce qu’il reste entre l’idée de stabilité économique et un chaos de la matrice gouvernementale et bancaire. Les appropriations et le poids écrasant du plafond de la dette déchireront bientôt le tissu de notre réalité financière pour ouvrir un trou noir dans lequel les richesses des nations disparaîtront à jamais.

Certains pensent qu’une fermeture du gouvernement pourrait s’avérer salutaire, et représenterait une première étape vers le nettoyage des agences fédérales et des employés du secteur public payés bien trop cher, qui bénéficient de bien trop d’aides et n’ont pour objectif que d’écraser les entreprises honnêtes. Il y a de l’idée. Mais la décision du Congrès a plus de chances de secouer l’activité économique publique et privée d’une violente épilepsie.

Si le Congrès veut vraiment cesser de financer quelque chose, je suggère qu’il commence par l’expansion des banlieues, qui jouit de bien plus d’aides gouvernementales que le racket médical. Mais c’est une idée qui ne passerait pas bien dans les Etats Nascars de Dixie, où prendre le volant pour se rendre où que ce soit est devenu obligatoire il y a déjà des décennies. C’est ce genre de comportement qui est responsable de la mort de la civilisation Américaine, et pourtant, c’est la dernière chose à laquelle nous voulons prêter attention.


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James Howard Kunstler est un journaliste qui a travaillé pour de nombreux journaux, dont Rolling Stones Magazine. Dans son dernier livre, The Long Emergency, il décrit les changements auxquels la société américaine devra faire face au cours du 21° siècle. Il envisage un futur prochain fait de crises sociales à répétition, la fin de la Surburbia et du modèle économique associé, une guerre mondiale pour les ressources en énergie. Il prédit la déconstruction des empires européens et américains et pense que, lorsque les convulsions seront terminées, le monde fonctionnera de manière décentralisée et local.
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