L’un des sujets que j’aborde
dans mon livre The Long Emergency, écrit
en 2005, est l’idée contre-intuitive que le gouvernement fédéral, plutôt que
de devenir le Big Brother omnipotent que nous
craignons tous, tombe dans l’impuissance la plus totale et ne soit plus
capable de gérer la vie de qui que ce soit. Un autre sujet que j’y aborde est
l’impasse politique à laquelle font face les Etats-Unis, et qui est
comparable aux années qui ont précédé la guerre civile, avec beaucoup des
mêmes rancunes déguisées. Nous sommes les témoins d’un empire qui a grandi
trop vite pour réaliser ce qu’il était devenu et qui entre aujourd’hui tout
aussi rapidement en phase de contraction.
La tâche qui s’impose
désormais à la classe dirigeante est la gestion de cette contraction. Les
républicains radicaux, même avec leurs châtiments à la Dixieland et la
paranoïa de John Bircher, sont plus en passe de réaliser dans quelle
situation ils se trouvent que les Démocrates et leur problème Léviathan
qu’est la grandeur de l’Etat nourricier. Les radicaux devront bientôt pousser
le vieil opossum sur une montagne de gomme pour voir ce qui en ressort.
Et ce qui en ressortira ne
sera autre que toujours plus d’incertitude, qui viendra endommager plus
encore notre système économique basé sur la confiance et reposant encore sur
les cendres de la légitimité, particulièrement pour ce qui concerne la
monnaie et le système bancaire. Le problème de ce genre d’acrobaties diplomatiques
est qu’elles produisent généralement des conséquences inattendues. Lorsque
les sécessionnistes de Caroline ont bombardé Fort Sumter dans le port de
Charleston, ils ne s’attendaient pas à voir arriver les carnages qu’ont été
Spotsylvania et Chancellorsville. J’aimerai
également mentionner les spectateurs qui ont quitté Washington en calèche
pour observer ce qu’il se passait à Bull Run comme
s’il s’agissait de la saison d’ouverture de la NFL. En clair, ni l’Union ni
la Confédération ne savaient que se développait le premier massacre
industriel du monde. Leurs descendants d’aujourd’hui, qui ont fait un jeu du
suicide financier de notre société technocrate, s’en rendent-ils
compte ?
Les mérites des débats quant à
Obamacare sont indiscernables pour les citoyens
même les plus informés. Commencez par imaginer une loi de 2.000 pages, écrite
en majeure partie par des lobbyistes des industries de l’assurance et
médicale, qui sont toutes deux des rackets organisés, et puis tentez
d’imaginer comment administrer la chose dans 50 Etats. Considérez ensuite les
supposés bénéficiaires, c’est-à-dire les jeunes sur les épaules desquels
reposent des prêts exorbitants et auxquels l’économie n’offre que des emplois
mal payés. Ils n’ont même pas assez d’argent pour payer la taxe d’exemption,
alors n’allez pas leur demander de s’offrir une assurance.
Au-delà de tout cela se trouve
la certitude que beaucoup de choses se trouveront prises de secousses. Et
s’il en est une qui mérite que l’on s’en inquiète, c’est bien la dette des
Etats-Unis, et donc le destin de la devise Américaine. La branche législative
désire-t-elle continuer de jouer avec l’unique mécanisme de support de marché
du Trésor qui pour beaucoup correspond au crédit que le gouvernement promet
de payer ? 200 points de base sur dix ans est tout ce qu’il reste entre
l’idée de stabilité économique et un chaos de la matrice gouvernementale et
bancaire. Les appropriations et le poids écrasant du plafond de la dette
déchireront bientôt le tissu de notre réalité financière pour ouvrir un trou
noir dans lequel les richesses des nations disparaîtront à jamais.
Certains pensent qu’une
fermeture du gouvernement pourrait s’avérer salutaire, et représenterait une
première étape vers le nettoyage des agences fédérales et des employés du
secteur public payés bien trop cher, qui bénéficient de bien trop d’aides et
n’ont pour objectif que d’écraser les entreprises honnêtes. Il y a de l’idée.
Mais la décision du Congrès a plus de chances de secouer l’activité
économique publique et privée d’une violente épilepsie.
Si le Congrès veut vraiment
cesser de financer quelque chose, je suggère qu’il commence par l’expansion
des banlieues, qui jouit de bien plus d’aides gouvernementales que le racket
médical. Mais c’est une idée qui ne passerait pas bien dans les Etats Nascars de Dixie, où prendre le volant pour se rendre où
que ce soit est devenu obligatoire il y a déjà des décennies. C’est ce genre
de comportement qui est responsable de la mort de la civilisation Américaine,
et pourtant, c’est la dernière chose à laquelle nous voulons prêter
attention.