La Chine, l’Inde et la Russie
accumulent d’importantes réserves d’or, mais elles sont généralement les
seules à le faire. Les gestionnaires monétaires ont tendance, pour diverses
raisons, à ne considérer le métal ni comme un investissement viable (il ne
verse aucun intérêt), ni comme un substitut pour les espèces (parce qu’ils ne
comprennent pas l’histoire monétaire).
Mais qu’en serait-il s’ils
changeaient d’avis ? Voici ce que nous en dit le chapitre 21 de The Money Bubble: What
To Do Before It Pops :
Le fait que l’Orient se tienne
prêt à acheter tout son or aux prix de la fin 2013 présente un dilemme pour
les banques centrales du monde développé : elles peuvent poursuivre
leurs manipulation, auquel cas elles finiront tôt ou tard par ne plus
disposer de métal, ou prendre du recul – comme elles l’ont fait après l’effondrement
de la London Gold Pool en 1968 – et laisser les forces du marché déterminer
un taux de change, qui sera très certainement plus élevé qu’il ne l’est
actuellement.
Pour comprendre la rapidité et l’ampleur
de ce dernier scénario, voyez la base actuelle des actifs de l’industrie de
la gestion monétaire. Une majorité des 100 trillions de dollars de capitaux
liquides du monde est gérée par des fonds mutuels, des fonds de couverture,
des compagnies d’assurance, des fonds souverains et des fonds de pension. Qui
ne possèdent virtuellement pas d’or.
Shayne McGuire, directeur de
recherches au Teacher Retirement System of Texas, estime que les fonds de
pension, par exemple, ont alloué environ un tiers d’un pourcent de leurs 30
trillions de dollars d’actifs à l’or. Si leur exposition à l’or passait à
seulement un pourcent (ce qui reste très bas), cela représenterait une
nouvelle demande en or d’environ 200 milliards de dollars, soit environ 4.700
tonnes de métal aux prix de la fin 2013. C’est plus de cinq fois le poids d’or
qui réside actuellement dans les coffres de GLD, le plus gros ETF du monde,
et environ 125% de la capitalisation boursière du secteur minier aurifère
global à la fin 2013. Si les fonds de pension allouaient cinq pourcents de
leurs actifs à l’or – ce qui reste modeste au vu des performances historiques
du métal – la hausse de la demande d’1,4 trillion de dollars qui en
découlerait submergerait les marchés, et garantirait des défauts et des
pénuries tels que nous avons pu en voir au début de l’année 2013.
Et ce ne sont là que les fonds
de pension. Les autres investisseurs institutionnels mentionnés plus haut
disposent de 70 trillions de dollars d’actifs, et ne disposent également que
de très peu d’or. Une hausse d’un pourcent de leur allocation à l’or
représenterait l’arrivée de 700 milliards de dollars supplémentaires sur un
marché déjà très limité et déstabilisé.
Aussi limitée qu’elle soit, une
telle hausse de la demande suffirait à transformer la perspective de l’industrie,
qui plutôt que d’ignorer l’or, s’empresserait d’en accumuler avant la
publication de ses rapports trimestriels. Ajoutez à cela le défaut d’un marché
des métaux précieux ou l’accumulation par la Chine de 4.000 tonnes de
réserves d’or destinées à garantir le yuan afin que sa devise remplace le
dollar sur la scène internationale, et le renouveau de l’intérêt pour l’or et
la perte de confiance en le dollar feraient rapidement flamber le taux de
change entre l’or et le dollar.