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La plupart du
temps, lorsque les media parlent de dette publique, ils parlent de la dette
brute des États concernés. Ce chiffre, à la différence
de la dette nette, tient compte de l’ensemble des obligations
d’un État donné à l’égard de ses
créditeurs sans tenir compte de ses actifs. Le concept de dettes
nettes peut cependant nous enseigne quelques leçons. Ces chiffres nets
sont disponibles dans le World Economic Outlook Database
(WEOD) du FMI. Les actifs pris en
compte se limitent aux actifs financiers les plus liquides détenus par
l’État étudié. Ils incluent les réserves en
or, les DTS (Droits de Tirage Spéciaux, titres monétaires du
FMI), les réserves en devises, les dépôts bancaires, les
obligations, les crédits et tout autre compte à recevoir
détenu par l’État. Les actions et les titres
d’OPCVM ne sont pas comptabilisés, probablement du fait de leur
liquidité variable.
Ainsi, selon
le WEOD, la dette brute de l’État français
s’élève à presque 87% du PIB de la France. Sa
dette nette est, quant à elle, proche de 81%. Avec une dette brute
française de 1726 milliards d’euros, les chiffres nous donnent
donc des actifs de l’ordre de 115,8 milliards d’euros pour
l’État français (estimations pour 2011).
Dette nette et dette brute de l’État français sont donc
pratiquement équivalentes et sont révélatrices
d’un fait très inquiétant. En effet, même avec tous
ses actifs financiers, l’État français ne serait en
mesure de payer que 7% de sa dette totale – un ratio endettement/actifs
de l’ordre de 1390,5% !
L’Allemagne
présente des chiffres plus réconfortants. Sa dette brute
représente 82,6% du PIB
et sa dette nette 57,1%. Le
ratio endettement/actifs est donc de 224%. Il n’est donc pas
étonnant que le gouvernement allemand soit plus réticent
à l’égard d’un élargissement du Fonds
européen de stabilisation financière (FESF) que ne l’est
le gouvernement français. Même souci du côté
finlandais. Alors que la dette publique finlandaise atteint 50% du PIB, sa
dette nette est négative (-59,75%) ! Autrement dit,
l’État finlandais pourrait liquider sa dette en vendant moins de
la moitié de ses actifs. Ceci explique sans doute le
mécontentement des finlandais à apporter leur garantie au FESF.
Pourquoi les bons élèves devraient-ils être solidaires
des mauvais élèves de la zone euro ?
On pourrait
néanmoins argumenter qu’il est inexact de ne tenir compte que
des actifs financiers quand il s’agit d’évaluer la
solvabilité de l’État français. Car s’il est
vrai que l’État français détient relativement peu
d’actifs financiers, il est par ailleurs un de plus grands
détenteurs d’actifs non-financiers en Europe.
D’après l’INSEE, le patrimoine non-financier de
l’État français serait de 1654 milliards d’euros,
majoritairement composé de biens immobiliers. A cela l’organisme
français de statistique ajoute des actifs financiers d’un
montant de 888 milliards pour obtenir un chiffre final de 2542 milliards.
L’accent
mis par le FMI sur les actifs financiers est cependant plus cohérent.
En effet, l’État français essaye depuis au moins cinq ans
de vendre une partie de son parc immobilier, mais ses succès sont plus
que mitigés. On peut lire dans Le
Figaroque sur un
patrimoine mis en vente de 1,4 milliard d’euros en 2009, seulement 475
millions d’euros ont pu être dégagés. En effet,
depuis 2008, l’État français peine à vendre son
patrimoine immobilier. Seules 50% des ventes immobilières
prévues ont in fine
été réalisées.
Si le FMI
limite son calcul aux actifs financiers très liquides, c’est que
ceux-ci sont continuellement négociés sur les marchés
financiers et il est relativement aisé d’évaluer leur
valeur. La valeur des actifs non-financiers est quant à elle beaucoup
plus difficile à estimer et peut donner lieu à des
valorisations beaucoup trop optimistes. En effet, la mise en vente massive
des biens immobiliers de l’État français se solderait par
une probable dépression des prix des actifs concernés.
Il ne faut
donc pas croire qu’il existe un raccourci à la crise de la dette
publique en France. Le patrimoine de l’État français
n’y suffira pas et il n’y a sans doute pas d’autre
alternative que de réduire le plus tôt possible le train de vie
de l’État.
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