Etat des lieux du spectacle électoral

IMG Auteur
Published : August 15th, 2015
950 words - Reading time : 2 - 3 minutes
( 2 votes, 5/5 )
Print article
  Article Comments Comment this article Rating All Articles  
0
Send
0
comment
Our Newsletter...
Category : Today's Editorial

Oui, ce à quoi nous faisons référence par le terme « public » existe bel et bien. Dérivé du vieux Latin populous (le peuple), publicus (du peuple), et enfin du vieux Français public, ce terme fait référence à la masse d’adultes qui résident au sein d’une polity, une société sous gouvernance (politique). Aux Etats-Unis, le gouvernement revêt l’habit de la République, un terme qui nous vient du Latin res publica (la chose publique, le vaisseau qui contient ce qui est public).

Si je définis ces termes, c’est pour vous montrer que notre société se fissure. Le public américain, we the people, se pâme aujourd’hui dans un marécage d’échecs multidimensionnel : l’échec de contrôler sa vie économique, l’échec de réguler son appétit et son corps, l’échec de comprendre ce qui lui arrive, l’échec de refuser la propagande et les distractions qui le handicapent, et l’échec d’exprimer correctement et de diriger sa colère vers les éléments de politique qui la mériteraient.

Il est vrai que leurs échecs actuels sont largement liés à et ont été aggravés par ceux qui ont capturé la sphère politique pour en faire un appareil de pillage et de racket. La conséquence en est un cercle auto-renforcé de dégradation qui moisit la morale collective du public tout en détruisant le vaisseau de la République qui la contient.

Les sociétés qui agissent comme si elles étaient les otages de ces forces de dégradation sont capables de se prétendre impuissantes face à elles ; de prétendre que le public n’est aucunement responsable de ses propres choix ou de la désintégration des politiques sous lesquelles il vit. D’où la condition actuelle du public américain et de son infâme gouvernement.

Il n’est pas difficile de comprendre comment Donald Trump a pu devenir l’instrument de la colère du public. Peu importe ce que représente sa carrière irrégulière dans l’immobilier, il a l’avantage d’être au moins un acteur libre et débridé dans l’arène politique. Le public apprécie majoritairement ses prétentions d’indépendance face à la machine d’extorsion qu’est devenue la République. Son dédain évident pour ses rivaux, et pour le processus politique dégoûtant érigé à l’occasion des élections, réjouit aussi un gros pourcentage du public. Mais jusqu’à présent, ses idées en matière de gouvernance ont manqué de cohérence - à l’exception de la notion assez générale d’immigration incontrôlée et des débats mensongers qui l’accompagnent - ce qui ne peut pas être une bonne chose pour la République. Au-delà de ça, il se contente de se vanter de sa propre intelligence, de sa capacité à faire des affaires et de son patriotisme.

Jusqu’à présent, rien n’a pu le faire reculer ou tomber à genoux. Fox News a fait tout son possible pour lui mettre des bâtons dans les roues la semaine dernière à l’occasion d’un débat qui n’en était pas un, en essayant de soulever le public féminin contre lui pour avoir au fil des années émis des remarques désobligeantes envers les femmes. Bien évidemment, le petit secret de la politique et des médias est que les bavardages de coulisses entre les candidats et les présentateurs est tout aussi haineux que tout ce qu’a pu dire Trump. Au cas où vous ne l’auriez pas remarqué, les Etats-Unis se sont transformés en un égout verbal, notamment pour ce qui est du monde virtuel de la télévision. Je ne me souviens pas avoir déjà vu quelqu’un se plaindre du comportement des personnages de Badda-Bing Lounge, de Tony Soprano. En réalité, les oscars ont plu sur ce genre de représentation comportementale. Voilà qui nous sommes devenus.

L’ascension et la persistance de Trump soulèvent une question plus pertinente encore : pourquoi les autres candidats sont-ils des porte-paroles si évidents de la machine d’extorsion qui détruit la République ? Pourquoi personne, à la possible exception de Bernie Sanders, n’a-t-il ouvertement critiqué le fonctionnement de base de cette machine ? Pourquoi aucun autre individu important ne s’est-il prononcé contre les dynamiques suicidaires de notre ère ?

Nous avons traversé de nombreux cycles historiques, politiques et économiques. L’un d’entre eux affecte particulièrement le public américain d’aujourd’hui : notre cycle de compréhension de ce qui nous arrive est désormais au plus bas. Il arrive que les sociétés réalisent parfaitement ce qui leur arrive et le communiquent superbement bien. C’est ce qui a été le cas à la fin des années 1700, alors que les dirigeants américains signaient leur divorce avec la Grande-Bretagne. Pouvez-vous imaginer les clowns qui animent les « débats » sur Fox News jouer un rôle dans la rédaction des Essais fédéralistes ? Bien évidemment, le public et ses représentants n’ont aujourd’hui aucune idée de ce qui se passe. Et, naturellement, ils n’ont aucune idée de ce qu’il faudrait qu’ils fassent pour y répondre.

Ce qui précède laisse supposer qu’ils sont des personnes honorables, ce qui n’est peut-être pas le cas. C’est là la critique première faite contre Hillary Clinton : elle est un monstre d’ambition sans aucun principe, et rien de plus. C’est aussi là l’argument que j’ai contre elle. Parmi les Républicains, seul Rand Paul semble ne pas être une marionnette au service de la machine d’extorsion. Après tout, le parti républicain est l’incarnation même de cette machine. Et en essayant de jouer dans cette cour, Rand Paul pourrait manquer de la force morale nécessaire à cet affront.

Je suis avec ceux qui pensent que les élections de 2016 seront un spectacle sauvage au-delà de l’imagination des médias de l’information. Je suis absolument convaincu qu’entre autres choses, le système bancaire implosera si fort avant les conventions de nomination que la nation sera en état de chaos. Ce à quoi nous assistons aujourd’hui n’est qu’un spectacle muet qui recycle des thèmes usés d’une ère sur le point de baisser le rideau.

 

<< Previous article
Rate : Average note :5 (2 votes)
>> Next article
James Howard Kunstler est un journaliste qui a travaillé pour de nombreux journaux, dont Rolling Stones Magazine. Dans son dernier livre, The Long Emergency, il décrit les changements auxquels la société américaine devra faire face au cours du 21° siècle. Il envisage un futur prochain fait de crises sociales à répétition, la fin de la Surburbia et du modèle économique associé, une guerre mondiale pour les ressources en énergie. Il prédit la déconstruction des empires européens et américains et pense que, lorsque les convulsions seront terminées, le monde fonctionnera de manière décentralisée et local.
WebsiteSubscribe to his services
Comments closed
Latest comment posted for this article
Be the first to comment
Add your comment
Top articles
World PM Newsflow
ALL
GOLD
SILVER
PGM & DIAMONDS
OIL & GAS
OTHER METALS
Take advantage of rising gold stocks
  • Subscribe to our weekly mining market briefing.
  • Receive our research reports on junior mining companies
    with the strongest potential
  • Free service, your email is safe
  • Limited offer, register now !
Go to website.