Tous ceux qui avaient émis l’espoir que
l’Europe devienne un édredon chaud et douillet vont devoir
remiser leurs rêves au paradis des promesses politiques.
Déjà l’Euro, et c’est un minimum,
n’a pas livré les promesses de protection, de
sécurité et d’abondance dont ses thuriféraires
l’avaient paré. Mais
voici maintenant que L’Europe, tout entière à la
frénésie de défendre un pays dont elle ne comprend rien
et qui ne fait pas partie de ses membres, a décidé
d’augmenter le niveau des sanctions qu’elle allait infliger
à l’Ours Russe, qui pour l’instant s’est
montré étonnement calme.
Qu’on en juge. Jusqu’ici l’Europe avait renâclé
à toucher la Russie là où elle pouvait
précisément avoir mal, c'est-à-dire à travers ses
gigantesques entreprises énergétiques que sont Gazprom, Rosneft
et Tansneft. Et pour une
raison toute simple : ces colosses alimentent l’Europe du gaz
naturel dont elle a besoin pour faire tourner ses usines, chauffer ses
domiciles et préparer ses aliments. Par exemple, la Russie fournit 30% du
gaz consommé par l’Allemagne.
La carte ci-dessous présente la part russe dans
l’approvisionnement en gaz naturel de chaque pays
Une simple lecture de cette carte montre clairement que prendre
des risques avec les approvisionnements énergétiques de
l’Europe semble relever de la roulette russe,
précisément, ou d’une volonté de suicide économique.
C’est cependant le chemin que semble avoir
décidé de prendre l’Europe ce weekend end.
Si cette nouvelle devait être confirmée, la Russie
n’aura guère d’autre solution que d’augmenter, elle
aussi, le niveau de ses mesures de rétorsion, ce qui, en toute logique
et pour faire suite à l’arrêt de ses importations de
produits alimentaires d’Europe,
sera la diminution drastique de ses exportations de gaz vers
l’Europe.
Ce qui signifie une chose : l’Occident a n’a
plus conscience de la réalité et de l’évolution du
monde actuel. Après le gigantesque
deal à 400 milliards de dollars entre la Russie et la Chine pour
l’exportation de gaz naturel, le démarrage de la construction du
plus
grand gazoduc du monde entre ces deux pays, l’ouverture il y a deux
semaines par Gazprom aux
paiements en roubles et Yuans pour le gaz et le pétrole, le monde
se reconstruit à grande vitesse sans elle, et sans son alliée
de toujours, l’Amérique.
Une chose est toutefois claire. A quelques jours de l’automne,
l’Europe prend le risque considérable qu’une diminution
des exportations de gaz russe signifie l’importation de l’hiver
russe chez elle. Au moment
où ses concitoyens mettent de plus en plus sa
légitimité, est-il vraiment nécessaire de couper le gaz ?
Nombreux sont les conquérants européens qui ont
été battus par l’hiver Russe. L’Europe croisera t’elle cet
hiver sa Bérézina ?
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