Il n’y a qu’un
seul moyen de déterminer la valeur de l’or, qui est de quantifier l’expansion
de la devise fiduciaire en laquelle elle est déterminée.
C’est là l’unique objectif de la
Quantité de monnaie fiduciaire. Depuis la dernière fois que j’ai abordé le
sujet il y a cinq mois, elle a augmenté de 375 milliards de
dollars pour atteindre 13,7 milliards de dollars. Et ce malgré la fin de l’assouplissement
quantitatif, qui a été réduit avant d’être complètement abandonné. Le
graphique de la Quantité de monnaie fiduciaire sur le long terme se trouve
ci-dessous :
Il s’agit des espèces
disponibles immédiatement et des dépôts des banques commerciales, ainsi que
leurs réserves à la Fed et les moyens temporaires par lesquels ces réserves se
trouvent changées. Son rôle est de quantifier la différence entre la monnaie
saine et les devises fiduciaires en prenant en compte les moyens par lesquels
l’or a été progressivement absorbé par le système bancaire depuis ses
propriétaires privés, et par les coffres du gouvernement au travers des
banques commerciales et de la Fed. Une explication plus approfondie peut être trouvée ici.
L’expansion de la Quantité de
monnaie fiduciaire se poursuit aujourd’hui bien plus rapidement qu’avant la
crise de Lehman, et est désormais supérieure de 8,25 milliards de dollars de
ce qu’elle était alors, ce qui représente une hausse de 152% en 78 mois. Qui
aurait pu croire que la provision temporaire de monnaie et de crédit venue stabiliser
le système financier suite à la crise de Lehman deviendrait si permanente ?
En tant que mesure de l’inflation
monétaire, la Quantité de monnaie fiduciaire diffère des outils conventionnels
parce qu’elle inclue les actifs bancaires liquides inscrits sur les bilans de
la Fed. Elle nous offre donc un aperçu plus proche de la réalité. Selon les
critiques de cette approche, elle effectue un double-comptage, parce que les
réserves bancaires enregistrées par la Fed sont aussi enregistrées par les
banques commerciales en tant que dépôts. C’est vrai, mais le système de
réserve fractionnaire dans son ensemble implique le comptage multiple d’une
même quantité de monnaie. La Quantité de monnaie fiduciaire ne peut donc pas
être disqualifiée pour cette seule raison.
Le graphique ci-dessous montre
que la Quantité de monnaie fiduciaire a déflaté le prix de l’or mesuré en
dollars de 1934 - l’année durant laquelle le Président Roosevelt a dévalué le
dollar de 20,67 à 35 dollars l’once.
Le prix de l’or est présenté en
dollars nominaux ainsi qu’en dollars de 1934 ajustés à la hausse de la
Quantité de monnaie fiduciaire. La disparité entre ces deux prix s’est
élargie au fil des années pour atteindre 1.211 et 3,91 dollars respectivement.
Des niveaux aussi bas avaient jusqu’alors été atteints en avril 1971 avec
3,31 dollars, quatre mois avant l’annulation de l’accord de Bretton Woods par
Nixon, et en octobre 2001, au début du dernier marché haussier de l’or, avec
3,45 dollars. Le taux accru de hausse de la Quantité de monnaie fiduciaire
suggère que le prix de l’or soit aujourd’hui plus sous-évalué que les deux dernières
fois sur une base prévisionnelle [1].
Ce dernier graphique représente
le prix de l’or depuis la crise de Lehman et en dollars constants de 2008,
quand la Quantité de monnaie fiduciaire a accéléré au-delà de sa tendance de
long terme, comme vous avez pu le voir dans le premier graphique.
Bien que le prix nominal de l’or
ait été de 1.211 dollars en février 2015, le prix ajusté était de 480
dollars, ce qui représente un déclin de 45% depuis les 918 dollars
enregistrés en juillet 2008.
La Quantité de monnaie
fiduciaire montre que l’or est substantiellement sous-évalué sur une base de
long terme. Par le passé, de tels niveaux de sous-évaluation ont été suivis
de chocs de prix majeurs à la hausse.
[1] Note : j’ai d’abord déflaté
le prix de l’or par la hausse des réserves disponibles à la surface de la
Terre, mais je pense que ce ne soit pas une nécessité, parce que la
croissance de la production minière est approximativement identique à la
croissance de la population.