Je vous traduis ici rapidement la lettre que Christine Lagarde, la patronne du FMI, a publié sur son site mais, hélas, qu’en anglais et qu’elle vient d’adresser à Alexis Tispras en réponse aux enregistrements qui ont fuité via WikiLeaks, affaire bien vite oubliée et chassée par le scandale de Panama, qui lui-même sera tout aussi vite oublié puisque l’actualité se chargera de lasser l’opinion de ce sujet.
En attendant, le FMI, loin de faire amende honorable, maintient sa position et Christine Lagarde se paie même le luxe de s’interroger sur le fait de continuer à envoyer des collaborateurs du FMI en Grèce si c’est pour que leurs conversations soient écoutées.
Bref, le FMI ne se veut pas particulièrement accommodant avec la Grèce, et les demandes risquent d’être encore une pilule plus que difficile à avaler pour les Grecs dans les semaines qui viennent.
Charles SANNAT
A Son Excellence Monsieur Alexis Tsipras
Premier ministre de la République hellénique
Athènes, Grèce
Monsieur le Premier ministre,
Je vous remercie de votre lettre du 2 avril, dans laquelle vous demandez des précisions à propos de la position du FMI en ce qui concerne les négociations sur le programme avec la Grèce.
Mon point de vue concernant les négociations en cours est que nous sommes encore à une bonne distance avant d’avoir un programme cohérent que je pourrais présenter à notre Conseil d’administration.
J’ai souligné à maintes reprises que nous ne pouvons appuyer qu’un programme crédible et fondé sur des hypothèses réalistes, et qui répond à son objectif de mettre la Grèce sur la voie d’une croissance robuste tout en rétablissant progressivement la viabilité de la dette.
Sinon, un tel programme ne parviendrait pas à rétablir la confiance, avec l’implication, entre autres, que la Grèce serait bientôt contrainte d’adopter encore plus de mesures.
Bien sûr, toute spéculation sur le fait que le personnel du FMI envisagerait d’utiliser un événement de crédit comme une tactique de négociation est tout simplement absurde.
(…)
Je suis d’accord avec vous sur le fait que des négociations fructueuses reposent sur la confiance mutuelle, et l’incident de ce week-end m’a fait me demander si nous pouvions en effet réaliser des progrès dans un climat d’une extrême sensibilité de part et d’autre.
À la réflexion, cependant, j’ai décidé de permettre à notre équipe de revenir à Athènes pour poursuivre les discussions.
L’équipe est composée d’un personnel expérimenté qui ont toute ma confiance et mon soutien personnel.
Pour qu’ils soient en mesure de faire leur travail, comme vous nous avez invités, il est essentiel que les autorités assurent un environnement qui respecte la vie privée de leurs discussions internes et prennent toutes les mesures nécessaires pour garantir leur sécurité personnelle.
Enfin, le FMI mène ses négociations de bonne foi, et non par voie de menaces, et nous ne communiquons pas par des fuites.
Afin d’améliorer encore la transparence de notre dialogue, j’ai donc décidé de publier le texte de cette lettre sur notre site Web à l’adresse www.imf.org.
Je me réjouis également à toute conversation personnelle avec vous sur la façon de faire avancer les discussions.
Cordialement,
Christine Lagarde
Source FMI ici