Face aux errements des cours de l’or de ces derniers mois,
certains investisseurs commencent à s’intéresser au palladium dont le cours
semble en progression constante.
Lorsqu’on parle de métaux précieux on pense d’abord et
avant tout à l’or et à l’argent. Mais il en existe bien
d’autre dont deux en particulier qui ont les faveurs des investisseurs dans
ce type de produits : le platine d’une part, et le palladium
d’autre part.
Le platine : ce “petit argent”
Petit rappel. Même si on pense à l’or comme au métal
noble par excellence, le platine (de l’espagnol platina qui signifie « petit
argent »), se révèle finalement supérieur sur bien des aspects. 30 fois plus
rare que l’or, il est également plus cher, il ne ternit pas avec le temps,
c’est métal qui résiste le mieux à l’usure (même si l’or supporte quand même
mieux les rayures) et il est le candidat idéal pour les bijoux
sertis de pierres précieuses car c’est lui qui leur assure le maintien le plus
solide, tout en étant parfaitement anallergique. À cet égard, précisons qu’en
France tous les bijoux en platine portent un poinçon d’Etat
en forme de tête de chien qui certifie leur authenticité. Enfin, pour
d’aucuns, il est même considéré comme le roi des métaux, et son prix peut
parfois dépasser celui de l’or.
Petit détail amusant, il a longtemps été considéré comme une impureté
de l’argent (la couleur est assez proche), jusqu’à ce qu’on
s’aperçoive qu’il avait finalement un poids et des caractéristiques physique
similaires à l’or. Au point qu’on l’a alors appelé… or blanc.
Aujourd’hui cette appellation est non seulement dépassée mais elle est
également erronée puisque l’or blanc est désormais le nom qu’on donne aux
alliages composés d’or et d’un autre métal blanc comme le nickel,
l’argent… ou le palladium !
Le palladium : le métal précieux hi-tech
Le palladium, justement, parlons-en. Dans une certaine mesure, il est
moins précieux que le platine même s’il partage avec lui un certain nombre de
caractéristiques. Blanc et relativement mou, il rejoint le groupe des platinoïdes
que forment le rhodium, l’iridium, l’osmium et le ruthénium, autant de métaux
qui se retrouvent généralement au voisinage du platine (donc très rares eux
aussi) mais dont l’utilisation principale est surtout industrielle.
Ce qui ne leur confère pas moins une grande valeur économique.
Or le palladium s’est très vite imposé comme le seul métal rare (et donc
précieux) susceptible d’entrer dans certains processus de haute
technologie (condensateurs multicouches en céramique ou connecteurs
pour l’électronique grand public, électrodes dans les piles à
combustibles) mais aussi dans la dentisterie (sans les inconvénients
liés jusqu’ici à l’utilisation des métaux lourds) et même la joaillerie.
Intermède ludique et totalement inutile mais qui peut éventuellement
intéresser les quelques geeks qui liraient cet article, le palladium sert
également de catalyseur principal au cœur artificiel qui alimente l’armure
d’Iron Man. Évidemment, cette prétendue utilité est totalement fictive et n’a
rien à voir avec la véritable utilisation industrielle du palladium ou sa
valeur dans la vraie vie.
Un cours qui affiche une insolente bonne tenue
En revanche, le palladium a une caractéristique qui le distingue des 3
autres métaux précieux que sont l’or, l’argent et le
platine : à quelques rares exceptions près, son cours ne cesse
d’augmenter. Ce la ne veut pas dire que c’est une bonne opportunité
d’investissement non plus car, dans le cas de l’or par exemple, des
cours fluctuants permettent d’acheter lorsque les prix sont bas et de vendre
quand les prix sont hauts (non pas dans un souci de spéculation mais plutôt
comme une assurance permettant d’absorber les mouvements des
marchés traditionnels qui se révèlent bien souvent contraires à ceux de
l’or).
Ainsi, en un an, tandis que l’or tentait tant bien que
mal de préserver sa valeur aux alentours de 1250/1300 dollars l’once (à plus
ou moins 1%), l’argent accusait comme d’habitude des
mouvements plus marqués à la hausse et à la baisse au fil des mois dont la
conséquence aujourd’hui est une contre-performance de -7% environ. Lui aussi
malmené, en dépit de son rôle indispensable dans l’industrie, le platine
perd à peu près 8% sur 1 an. Quant au palladium, donc l’once
chiffre quand même 995 dollars (donc plus que le platine et
un peu moins que l’or), il a gagné près de 60% durant la
même période. Même la courbe de progression affiche une certaine constance à
la hausse, là où les autres métaux précieux accusent un tracé en dents de
scie particulièrement torturé dont la valeur moyenne reste assez plate.
Un placement intéressant ou pas
Faut-il alors s’intéresser au palladium comme métal
d’investissement ? D’autant que sa production est soutenue depuis
2012 par une demande plus importante que l’offre.
Nous posions déjà cette question il y a 5 ans, et notre conclusion a
l’époque était que cela restait un placement particulièrement lucratif… mais
aussi susceptible de brusques accès de volatilité.
Aujourd’hui, les cours semblent lui conférer une aura de stabilité, surtout
quand on le compare à l’or et l’argent, et nombreux sont
ceux qui pourraient se sentir tentés d’y transférer quelques uns de leurs
actifs. Mais il ne faut pas oublier que l’essentiel de la production mondiale
(85%) se répartit à part égales entre la Russie et l’Afrique
du Sud, deux régions dont il est impossible aujourd’hui d’anticiper
le devenir économique, politique et minier à 5 ou 10 ans (explosion ?
effondrement ?). Mais ce sont surtout deux pays qui peinent à réglementer
correctement leurs procédés d’exploitations minières dans un
contexte de durcissement de la réglementation sur les émissions polluantes
des véhicules automobiles (principal débouché industriel du palladium).
Certes, l’avenir à court terme du palladium semble assuré, surtout depuis
le récent scandale des véhicules diesel de Volkswagen (entre autres marques)
qui pousse de plus en plus de consommateurs à s’orienter vers les voitures à
essence, dont les pots catalytiques utilisent du palladium
au lieu du platine. Mais la révolution des véhicules électriques
est en marche, et c’est peut-être tout le secteur du moteur à explosion qui
risque bien de se voir mis au rencard, entraînant avec lui ces fameux métaux
qui aident à réduire les émanations toxiques des véhicules.
Reste la spéculation, qui est toujours possible, mais sur L’Or &
l’Argent, nous préférons privilégier le long terme ainsi que
la protection du patrimoine en cas de grave crise systémique.
Une sécurité que seuls l’or et l’argent sont encore pour
l’instant en mesure d’assurer.