En France, nous sommes assez naïfs et depuis longtemps. Nous avons un
véritable problème avec l’Intelligence économique, qui est un concept
politiquement correct pour parler tout simplement de l’espionnage industriel.
La CIA aux États-Unis, comme les services secrets en Chine, sans oublier
la Russie, tous ces pays espionnent tout le monde notamment à des fins
industrielles et de pillage des technologies.
La France est certes un petit pays, mais nous avons de grandes
technologies que nous nous faisons voler, par naïveté, et parfois aussi parce
que nous ne voulons pas nous protéger, et nous ne voulons pas nous protéger
parce que certains sont corrompus ! La trahison peut prendre bien des formes.
On va donc tout simplement changer les renards dans le poulailler, et pour
ce faire, nous allons remplacer les vieux renards par des renards plus
jeunes, qui sortent de l’école des renards, tout juste diplômés et formés par
les vieux renards qu’ils vont remplacer.
Il est certain qu’avec cette nouvelle équipe de renards, les poules seront
bien gardées, mais pas nos secrets !
« Matignon ferait appel à l’ENA pour réorganiser l’intelligence
économique en France et pallier les erreurs des précédents intervenants
gouvernementaux issus… de l’ENA. Un choix qui fait débat entre Christian
Harbulot, directeur de l’École de guerre économique, et Marc German,
spécialiste en intelligence compétitive et en cyberdéfense.
Matignon s’inquiète de «la faiblesse» du secteur de l’Intelligence
Economique (IE) en France depuis ces quinze dernières années. Dans un article
du 22 mai, la lettre d’information confidentielle quotidienne La Lettre A se
fait l’écho d’une décision à ce propos du Secrétariat Général de La Défense
et de La Sécurité Nationale (SGDSN), «qui assiste le Premier ministre Édouard
Philippe en matière de sécurité et défense». Le SGDSN préconiserait ainsi de
s’en remettre à la promotion Clemenceau de l’ENA pour mettre un terme à
«l’éparpillement des moyens alloués à l’intelligence économique».
«C’est une bonne initiative», estime Christian Harbulot, directeur de
l’École de guerre économique, qui a rencontré deux de ces élèves : «Ils ne
peuvent qu’avoir un regard neuf, ils ne sont pas encore rentrés dans un
système en ayant pris les habitudes de ce système.»
Leur mission : établir un rapport destiné à analyser 15 ans de faiblesse
dans ce secteur. «Quand on parle de faiblesse, on parle des gros dossiers qui
ont défrayé la chronique, comme Alstom et General Electric», explique Marc German,
spécialiste en intelligence compétitive et en cyberdéfense.
«Constater qu’il y a des faiblesses, c’est une bonne chose. Ce qui est
plus problématique, c’est qu’on fait appel à un corps qui a produit des
responsables politiques et économiques qui ont failli, notamment dans ces
domaines», déplore-t-il.
«Quand on analyse les tenants et les aboutissants de ses affaires, ce
n’est pas du ressort de l’ENA, mais du ressort de la DSGI», analyse Marc
German, avant de pointer du doigt les vrais responsables selon lui :
«Il y a des décisions politiques, ou des absences de décisions politiques,
qui sont de véritables crimes économiques. Et aujourd’hui, aucun arsenal
législatif ne permet de sanctionner ce genre ce comportement.»
«L’organisation de l’État est marquée par une instabilité qui nuit
profondément à l’efficacité de son action. En effet, les changements
fréquents de responsables s’accompagnent systématiquement d’une modification
du rattachement de la structure chargée de la sécurité économique», pointe le
SGDSN, peut-on lire dans La Lettre A. S’ajoute à cela «l’accroissement des
risques de déstabilisation étrangères» et «le manque d’efficacité des
réponses».
«La Haute administration, depuis des décennies, évolue dans un cadre
précis qui est celui de l’ENA […] Ça me paraît impossible de ne pas tenir
compte de cette réalité, qu’on soit pour ou contre. […] Ce n’est pas si mal
que ce soit à l’intérieur du système qu’on pose un certain nombre de
questions», poursuit M. Harbulot, estimant que l’initiative arrive à point
nommé.
«On a à combler beaucoup de lacunes […]», poursuit-il. Pendant des années,
«de nombreux observateurs ont tourné le dos à la réalité, c’est-à-dire
l’affrontement économique». L’évolution du monde et «la posture de Donald
Trump obligent un pays comme la France à revoir sa copie.»
L’État est bien décidé à réformer les instances de 1ER. En avril dernier,
le député LREM de Chartres, Guillaume Kasbarian, avait remis un rapport
recensant une liste de dix commandements, dont l’objectif est «de garantir le
développement et la préservation des fleurons industriels nationaux».
Le rapport «ne sera surement pas rendu public», mais il aura le mérite de
créer «suffisamment d’écho interne pour voir si l’éléphant a accouché d’une
souris ou si, enfin, de petites réformes commencent à voir le jour et aller
dans le bon sens», poursuit M. Harbulot.
Le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, avait déclaré
en avril, lors de la remise du rapport : «Nous travaillons sur une
réorganisation en profondeur de l’outil de l’IE, qui doit être évidemment
placé sous l’autorité du Président de la République et qui doit reposer sur
des instruments plus efficaces où chacun prend ses responsabilités.»
Espérons que cette mise sous tutelle élyséenne de l’IE ne sera pas le seul
résultat des cogitations gouvernementales autour de cet outil
stratégique. »
Source Agence russe Sputnik ici