Le 13
septembre dernier, l’économiste Frank Shostak
publiait un article
sur Mises.org au sujet de la falaise fiscale vers laquelle nous nous
dirigeons, et qu’il décrit ainsi :
La falaise
fiscale dont je parle fait référence à l’impact
d’environ 500 milliards de dollars de réduction
d’impôts arrivant à expiration, et de celui des
réductions automatiques des dépenses gouvernementales
prévues pour 2013 en conséquence d’échecs
consécutifs du Congrès à se mettre d’accord sur
une manière alternative de réduire le déficit
budgétaire.
L’impact
de tout cela (selon le CBO) serait une chute de 43% du déficit
fédéral, depuis 1.128 trillions de dollars en 2012 à 641
milliards de dollars en 2013.
Comment
devrions-nous interpréter de telles prévisions ? Le FMI et
le CBO pensent qu’il s’agit d’un désastre imminent.
Mais le FMI et le CBO ne sont pas gouvernés par des économistes
Autrichiens. Voici donc ce qu’en pense Shostak :
Ce qui importe
pour l’économie n’est pas l’ampleur de son
déficit budgétaire mais les dépenses du gouvernement
– les quantités de ressources que le gouvernement détourne
pour mener à bien ses propres activités. Notez que, parce que
le gouvernement n’est pas une entité capable de
générer de la richesse, plus il dépense, plus les
quantités de ressources prises d’entre les mains des
générateurs de capital sont importantes. Cela signifie que le
niveau de taxe correspond à la taille du gouvernement, et à
rien d’autre.
La baisse des
dépenses gouvernementales prévue pour 2013 est de 9 milliards
de dollars, et arrive après une projection de déclin de 40
milliards de dollars pour 2012.
Mais attendez
une minute – s’il est vrai que le gouvernement se serve dans le
pot commun sans jamais rien y apporter, pourquoi tant de monde semble-t-il
effrayé par l’idée d’une réduction des
dépenses gouvernementales ? Si le pot commun représente la
richesse d’une société et est nourri des entrées
de revenus et de salaires, n’est-il pas logique d’empêcher
le gouvernement de venir y piocher à sa guise ? Bien sûr
que oui, du moins si les théories économiques dominantes
étaient celles du marché libre, et non du Keynésianisme.
Dans le monde Keynésien, le gouvernement n’a besoin de rien
faire pour créer des emplois et devenir prospère puisque, comme
Paul Krugman l’a dit, nous sommes
coincés dans une trappe à
liquidité. En payant des gens pour creuser des trous pour les re-remplir, il met de la nourriture sur les tables,
puisque ces creuseurs de trous vont dépenser leur salaire et permettre
aux fermes et aux usines d’étendre leurs activités et de
produire plus de maïs et de lames de rasoir. Et les creuseurs de trous
ne sont pas les seuls à bénéficier à
l’économie. Il en va de même pour tous ceux avec qui ils
font affaire et ce, grâce à l’effet multiplicateur de
Keynes. Comme ‘la écrit l’économiste George Reisman : ‘le multiplicateur et ses
bénéfices ne sont restreints que par la disparition de fonds
vers la ‘fuite’ que constitue l’épargne’.
Shostak se penche ensuite sur le
problème des réductions d’impôts arrivant à
expiration – aurons-nous moins de pouvoir d’achat en 2013 ?
La réponse peut paraître limpide : plus pour le
gouvernement signifie moins pour nous. Mais étant donné la
réduction des dépenses gouvernementales, l’augmentation
de taxes à venir jouera le rôle d’une politique
monétaire stricte.
Un
raffermissement des politiques monétaires devrait donc être
aperçu par ceux qui génèrent du capital comme
étant une bonne chose, parce qu’il affaiblirait les bulles qui
sont nées des politiques monétaires laxistes.
Si vous suivez
cette logique, vous devriez en quelque sorte être heureux de payer plus
de taxes l’année prochaine. Vous ne pourrez peut-être plus
aller aussi souvent au restaurant, mais vous vous en sortirez mieux, parce
que les participants au marché qui se qualifient de
générateurs de capital souffriront d’un fardeau
économique moindre après le dégonflement de certaines
bulles.
On pourrait
également supposer que si les taxes augmentaient encore plus, davantage
de bulles disparaîtraient, ce qui s’avèrerait encore plus
positif pour les générateurs de capital. Mais si les taxes
continuaient à augmenter, les politiques monétaires finiraient
par être si strictes que plus aucune création de capital ne
serait possible. Une augmentation de taxes peut donc être nuisible
à tous les acteurs économiques, à l’exception
peut-être du gouvernement.
Pour dire les
choses différemment, les individus taxés qui sont
également des générateurs de capital auront moins
d’argent à investir. Ils produiront moins, et non plus. Une
augmentation de taxes pourrait laisser de côté certaines bulles,
mais il est certain qu’elles s’avèreraient néfaste
pour ceux qui créent du capital.
Il est
difficile de s’imaginer comment une augmentation de taxes pourrait
s’avérer bénéfique du moins, du point de vue des
contribuables.
En route
vers l’hyperinflation ?
L’autre
problème qui a ressurgi cette semaine est celui de l’inflation,
et pas de la moins terrifiante, de celle qui détruit
complètement une devise. Le 12 septembre dernier, Greg Hunter publiait
une interview
avec John Williams, fondateur de Shadowstats, qui a
prédit une liquidation de dollars qui transformerait la devise en un
papier-peint digital d’ici 2014. Le lendemain, Ben Bernanke
annonçait que la Fed continuerait de faire tourner la planche à
billets jusqu’à ce que le taux de chômage diminue.
C’est un peu comme si une prophétie s’était
accomplie.
Mais Bernanke continuera-t-il d’imprimer jusqu’à
ce que les dollars ne soient plus une monnaie ? Sa décision
va-t-elle dans le sens de l’objectif de la Fed de soutenir les
banques ? Comment une transformation du dollar en un papier-peint
digital pourra-t-elle aider Citibank et Bank of America ?
Comment une devise réduite à servir de papier toilette
pourra-t-elle aider les entreprises à produire et innover ?
Bernanke imprimera énormément
avant de s’arrêter. Et il s’arrêtera juste avant que
le dollar ne soit détruit complètement. Les banquiers voudront
pouvoir acheter quelque chose avec leurs milliards. Bernanke
s’arrêtera, mais avant qu’il ne le fasse, les investisseurs
seront déjà perchés assez haut sur leur montagne de
devises étrangères et d’or pour pouvoir regarder sans
risque les politiciens s’en aller sur leur cheval mort qui était
autrefois notre économie.
Bernanke peut paraître suicidaire, mais
je ne pense pas qu’il en ait conscience. C’est tout juste
s’il pense comme le Keynésien qu’il est. Pour lui,
dépenser plus est une panacée. Les gens ne continueront pas à
s’asseoir sur leur épargne s’ils pensent qu’elle ne
vaut plus rien.
Selon Paul Krugman, le comportement de Bernanke
serait conforme à son
idée de ‘promettre de manière crédible
d’agir en irresponsable’, c’est-à-dire que Bernanke ne peut pas forcer les gens à
dépenser plus, à moins de leur faire miroiter une hausse des
prix. C’est pourquoi il met en place des politiques monétaires.
Promettre d’imprimer 40 milliards de nouveaux dollars par mois pourrait
diriger les gens vers les supermarchés dans un seul et même
mouvement de panique.
Mais
s’ils décidaient d’aller plutôt acheter des
métaux précieux, alors la stratégie aurait eu
l’effet inverse de celui désiré.
Conclusion
Les
Keynésiens sont aux commandes depuis les années 1930. Ils
n’aperçoivent pas l’effondrement qui se présente
à nous et ne remédient à leurs erreurs que trop tard.
Les cycles conjoncturels sont pour eux un mystère qu’ils
associent au marché plutôt qu’à leurs interventions
passées. Pour eux, le cœur de l’économie est un
cartel bancaire supporté par le gouvernement et capable de distordre
les prix, et un Congrès qui explose le plafond de la dette. Ils ont
donné naissance à un gouvernement plus intrusif que jamais. Les
Keynésiens mettent les civilisations à genoux, tout en
prétendant vouloir les sauver.
Je
me remémore souvent ce qu’a dit mon instructeur, Dr. Robert P.
Murphy, lors d’un cours donné l’an dernier sur Keynes,
Krugman et la crise:
Posez-vous
cette question : à quoi ressemblerait le monde si les
Keynésiens avaient tout faux ?
Il
ressemblerait à ce qu’il est aujourd’hui.
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