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Il n’y a pas
que le tabac, l’alcool et le Nutella dont les gouvernements veulent vous
protéger. Désormais, les autorités publiques se sont manifestement
découvertes la vocation de réguler la drague. Ainsi, le « coach en
séduction » Julien Blanc vient d’être interdit d’accès au Royaume-Uni
parce qu’il encouragerait la misogynie et le sexisme.
Theresa May,
Home Secretary (l’équivalent du Ministre de l’intérieur) du Royaume-Uni, a
répondu positivement à une pétition signée par plus de 150 000 personnes pour
interdire au jeune américain d’origine suisse de venir donner des séminaires
de drague en Angleterre. Il s’agit d’une procédure habituellement utilisée
pour interdire aux prêcheurs djihadistes de venir recruter en
Grande-Bretagne. Mais, comme le résume une chroniqueuse du quotidien
conservateur The Telegraph, « de la même façon que nous refusons
l’entrée aux gens qui prêchent contre des groupes religieux, nous devons refuser
l’entrée aux gens qui incitent à la haine contre les femmes ».
Inspiré par le
best seller de Neil Strauss, The Game, qui décrit les techniques des
plus célèbres dragueurs américains, Julien Blanc est parvenu à monter une
activité lucrative en organisant des séminaires à plus de 1200 € la session.
Son marketing garantit que grâce à ses techniques « les filles vous
supplieront de coucher avec elles, après que vous ayez court-circuité leur
esprit rationnel et émotionnel. » Ceux qui se souviennent du personnage
de Jean-Claude Dusse dans Les Bronzés réalisent facilement qu’il y a
un gros marché pour ce genre de promesses.
Le contenu des
séminaires en question ne serait certes pas du goût d’un gentleman. Le
formateur s’affiche volontiers avec le slogan « insultez les grosses et
tapez-vous les bonnes. » Pour le reste, il s’agit d’un mélange de
thérapie de groupe, de pensée positive et de techniques issues de la
psychologie sociale et de la programmation neuro-linguistique. Rien de très
différent de ce qui se passe dans les séminaires pour cadres, mais avec un
vocabulaire de charretier.
Pour les
autorités britanniques, il semblerait que ce genre d’événements soit
suffisant pour créer du désordre public et augmenter le taux d’agressions
sexuelles. Quant au formateur, outre son sexisme certain, on lui reproche
aussi d’être raciste. Il a, en effet, déclaré que « les filles des
favelas brésiliens sont évidemment très faciles mais elles ne valent pas le
coût » ou « au Japon, un homme blanc peut faire ce qu’il veut ».
Sur Skynews, une Canadienne qui l’a rencontré sur le réseau Tinder affirme
qu’il lui aurait trop rapidement demandé de coucher avec elle, et comme elle
refusait, il l’aurait traité de « pute ». À part peut-être que sa
technique n’a pas l’air aussi efficace dans la réalité que dans les salles de
séminaires, on ne voit pas bien ce qui, là-dedans, tombe sous le coup de la
loi.
Par
son coté grotesque, la décision anglaise illustre les dérives d’un nouveau
puritanisme féministe au niveau mondial. Des décisions similaires ont été
prises en Australie et au Brésil. En Belgique, une récente loi prévoit des
peines de prison pour les propos sexistes. En Californie, une loi dite
« yes means yes » remet en cause les droits de la défense lors des
accusions de viol. Enfin, dans le dossier Wikileaks, les accusations de
« viol » et de « crime sexuel » que la Suède utilisent
pour demander l’extradition de Julian Assange, elles feraient rire n’importe
quel juge d’instruction français. Les plaintes ne concernent en fait que sa
mauvaise volonté à enfiler un préservatif au cours d’une relation clairement
consentie. Qui a dit ridicule ?
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