« Tu nous a encore
mis dans un joli pétrin »
— Oliver Hardy
Aurions-nous pu imaginer
une telle chose ? La scène est désormais dressée en ce début de semaine
pour que puisse se produire une ruée massive hors des marchés financiers, à
mesure que le monde se prépare à voir la Fed faire un premier petit pas hors
du coin dans lequel il est jusqu’à présent venu se coincer. Tout le monde est
capable de percevoir Janet Yellen se tenant nue dans ce petit recoin – ou
devrais-je dire ce canyon en cul-de-sac – et le spectacle n’a rien de joli.
Bien qu’elle continue d’insister sur le fait que le ciel économique soit
dégagé, des nuages orageux viennent se former au-dessus des royaumes et des
principautés. Les actions ont perdu près de quatre pourcent la semaine
dernière, le crédit se tarit (plus personne ne veut prêter), les obligations
toxiques plongent (à l’approche de défauts) , les devises du monde sont en
baisse, les hedge funds ne peuvent pas rendre leur argent aux investisseurs,
la liquidité disparaît (il n’y a plus aucun acheteur pour les valeurs
douteuses), les marchandises poursuivent leur déclin, le pétrole est tombé si
bas que l’industrie pourrait jamais ne s’en remettre, les échanges
internationaux s’évaporent, le Président fait de son mieux en Syrie pour
déclencher une troisième guerre mondiale, et le monstre que nous connaissons
sous le nom de globalisation gît dans son cercueil, un pieu pointé vers le
cœur.
Ceux qui n’ont pas
favorisé le liquide le mois dernier sont maintenant en train d’hyperventiler.
Mais la vérité, c’est
que les évènements ont finalement rattrapé les distorsions structurelles d’un
monde financier nourri d’illusions. Il y a une raison à tout. L’hiver
économique a commencé. Aux quatre coins du monde, les gens ont emprunté bien
trop pour pouvoir acheter toujours plus, et sont désormais endettés jusqu’au
cou et ne savent plus quoi faire de leurs affaires. Bienvenue dans l’économie
de braderie, au successeur de l’économie globale qui verra toutes ces
merveilles récemment achetées rentrer en circulation pour finir à la
décharge.
Une perception généreuse
du sort des Etats-Unis pourrait supposer que le malheureux empire de
mensonges érigé ces quelques dernières décennies n’était rien de plus qu’une
tentative désespérée de préserver nos mauvaises décisions d’investissement et
nos mauvais choix. Le très odieux Trump a causé un sacré tollé en pointant du
doigt certains d’entre eux, comme par exemple la délocalisation de la
production industrielle américaine vers les nations où les employés sont
réduits à la servitude, aux dépens des travailleurs américains qui n’ont pas
la chance dans travailler dans l’usine de titres adossés à des créances de
Goldman Sachs. Mes lecteurs sauront que je ne réjouis pas face à la
possibilité de voir Trump entrer à la Maison blanche. Mais ce que je
n’entends personne demander est s’il est vraiment le mieux que nous puissions
faire compte tenu des circonstances. N’existe-t-il pas un seul individu
décent, capable et éligible aux Etats-Unis qui soit susceptible de formuler
des pensées cohérentes et en accord avec la réalité ? Apparemment non.
Ceux qui ont trafiqué
les idées politiques sont trop occupés à célébrer les valeurs merveilleuses
du transgenre. La dernière roue se détache maintenant du carrosse des choses
qui ont vraiment de l’importance, comme la capacité à payer son loyer ou à se
nourrir, ce qui pourrait bientôt forcer le recul des préoccupations
névrotiques que sont la race, le genre, le privilège et les maux artificiels
qui poussent une génération entière de citoyens à gaspiller le capital
politique sur des fantômes et des inventions de leur imagination.
Contrairement aux apparences, l’année des élections n’est pas terminée. Des
évènements pourront encore survenir qui pourront faire basculer l’Histoire
dans une autre direction.
Madame Yellen et son
cortège de nécromanciens pourraient perdre leur sang-froid mercredi. S’ils
choisissaient vraiment de faire grimper les taux d’un simple quart de
pourcent, ils pourraient enfin parvenir à faire sauter un système bancaire
qui mérite entièrement l’intensité du carnage qui se profile à l’horizon. Il
y a quelque chose dans l’air. Comme une lourde charge statique. Qui n’attend
que d’être libérée.