Le candidat aux élections
présidentielles de la France, François Fillon, a pu obtenir un sursis à l'exécution dans le cadre des accusations
concernant les 880.000 euros qu’il aurait versés à sa femme et à ses enfants
pour des postes qu’ils n’auraient pas occupés. Ces accusations ont été
surnommées Penelopegate, après sa femme, Penelope.
Une enquête a été lancée, mais M.
Fillon n’a pas encore fait l’objet d’une inculpation. L’enquête n’aura que
peu de chances de se terminer avant les élections. Si Fillon venait à gagner,
il obtiendrait l’immunité présidentielle.
Les magistrats en charge des
poursuites pour crime financier ont ouvert vendredi une enquête formelle sur
les allégations selon lesquelles le candidat conservateur aurait détourné des
fonds de l’Etat pour payer sa femme, Penelope, et deux de ses enfants, pour
des emplois fictifs en tant qu’assistants parlementaires. Ils ont demandé à
trois juges de mener l’enquête.
Les procureurs ont dit avoir
pris cette décision dans le but d’empêcher les évènements de tomber pendant
la période de prescription. Les juges d’instruction se pencheront sur les
accusations de détournement, de trafic d’influence et d’échec de l’accusé à
satisfaire ses obligations de transparence.
La décision des procureurs, prise
à la suite d’une enquête préliminaire, suggère qu’il y ait raisons
suffisantes de continuer d’enquêter sur les déclarations faites le mois
dernier par le Canard Enchaîné. Mais elle suggère également que la police n’ait
pas amassé suffisamment de preuves pour envoyer l’affaire directement au
tribunal.
Parce que moins de deux mois
nous séparent des élections, l’ouverture d’une enquête formelle reste une
amélioration pour la situation de Fillon. Compte tenu de la durée habituelle
de telles enquêtes, le candidat présidentiel est quasiment certain de ne pas
être inculpé avant le 7 mai.
S’il est élu, il bénéficiera –
ce qui ne sera pas le cas de ses proches – de l’immunité présidentielle, ce
qui l’aidera à faire taire ceux qui, parmi son propre parti, demandent à
proposer un autre candidat.
Il n’en est pas moins que le Penelopegate
continuera de ternir la campagne de M. Fillon. Lors de ses récents
rassemblements politiques, il a été accueilli par des foules de
protestataires tapant sur des casseroles et demandant le remboursement de l’argent
détourné.
Le Pen s’inspire des
tactiques de médias sociaux de Trump
Voici un extrait de l’article Le Pen’s online army leads far-right fight for French
presidency :
Alors que chauffe la bataille
pour les élections présidentielles, la place du candidat centriste, Emmanuel
Macron, dans les sondages, indique une vive possibilité de le voir arriver au
second tour face à la candidate du FN, Marine Le Pen.
« Nous avions besoin d’une
campagne solide contre Macron, » a expliqué Gaëtan Bertrand, directeur de
l’organisation de campagne en ligne, dans une récente interview. Il compte
parmi les nombreuses personnes à s’être entretenues avec le Financial Times
quant aux opérations digitales du FN. « Il est plus axé sur le marketing
que sur des politiques concrètes. Il est soutenu par les médias et par l’établissement,
contre les intérêts du peuple ».
La réponse du FN a été une série
de vidéos publiées sur internet dans l’intention de mettre fin au dynamisme
de Macron. L’une d’entre elles mentionne son manque de politiques claires, et
qualifie l’homme de 39 ans de « candidat du vide » dont les
déclarations ont été choisies par une machine à sous.
Une autre mentionne son récent
voyage en Algérie au cours duquel il a outragé les partisans du FN en
décrivant l’occupation coloniale du pays par la France comme un « crime
contre l’humanité », et montre des images de M. Macron face à des foules
de locaux en liesse, l’accusant de vouloir devenir le président de l’Algérie
plutôt que de la France.
Des décennies durant, la
bataille pour la présidence de la France s’est déroulée dans les mairies
bruyantes et les places de village pavées du pays. Mais de la même manière
que la bataille de Donald Trump pour l’accès à la Maison blanche et la campagne
du Royaume-Uni pour une sortie de l’Union européenne, les élections présidentielles
de la France se jouent désormais sur Facebook, YouTube et Twitter – et dans d’autres
coins, bien plus sombres, du web.
Cette année, le FN a mis l’accent
sur les services en ligne pour former une unité dédiée, dont les messages
forment le socle d’une opération de médias sociaux agressive qui est
désormais la plus puissante de la sphère politique française. Marine Le Pen a
aujourd’hui 1,3 million de suiveurs sur Twitter, et quasiment autant de « J’aime »
sur Facebook – près de deux fois plus que Macron, malgré son approche
supposément plus jeune. L’autre candidat présidentiel, le conservateur de 62
ans, François Fillon, en a moins encore.
« Marine Le Pen est une
force à ne pas négliger sur les médias sociaux, » a expliqué Gaëlle
Bertrand de chez Kantar Media, un cabinet-conseil. « Elle a beaucoup de
suiveurs et en attire de nouveaux en osant prendre pour cible ses rivaux ».
M. Trump a employé une stratégie similaire pour gagner les élections présidentielles
aux Etats-Unis.
La décision de mener l’enquête
contre Fillon sans l’inculper bénéficie à Le Pen. S’il avait été inculpé, il
aurait dû se retirer, et le second tour aurait opposé Le Pen à Macron.
Si le jeu se jouait entre Le Pen
et Fillon, je suppose que les socialistes choisiraient Le Pen. Fillon cherche
à supprimer 500.000 emplois de la fonction publique, ce que les gauchistes ne
risquent pas d’apprécier.
Le Pen profite aujourd’hui de
suffisamment d’élan pour gagner face aux deux autres candidats.