Oubliez les innombrables sommets européens,
les nouvelles moutures du Fonds Européen de Stabilité
Financière (FESF) et la politique grecque :
l’éléphant dans le magasin de porcelaine, c’est l’Italie.
Or, qu’elles soient financières ou
politiques, les mauvaises nouvelles s’accumulent chez nos voisins
latins.
Financièrement, le prix de marché des
obligations d’État italiennes à 10 ans est passé
de 6,38% à 6,66% le lundi 7 novembre 2011 et les analystes estiment
qu’il s’agit-là d’un seuil à partir duquel se
crée un cercle vicieux.
En effet, si ce taux d’intérêt
venait à ne pas diminuer pendant cinq jours consécutifs,
l’histoire financière récente montre que les
investisseurs demanderaient une hausse du taux d’intérêt de
15% pour se protéger du risque accru. C’est notamment ce qui est
arrivé à l’État portugais.
A ce rythme, la mise hors-jeu de l’État
italien se rapproche dangereusement et une aggravation de la crise des dettes
publiques de la zone euro est plus que probable.
L’État italien croule sous la dette la
plus importante de la zone euro (1 900 milliards d’euro, soit 120% du
PIB national) alors que la croissance économique du pays devrait
être nulle en 2012.
Politiquement, Berlusconi est de plus en plus
isolé. Les membres de son propre parti politique ont
déjà pris leurs distances avec le premier ministre italien si
bien que ce dernier vient d’annoncer sa démission, effective
à la mi-novembre.
Peu de
personnes estiment que ses voisins européens, au premier rang desquels
l’Allemagne, seraient capable de se permettre renflouer l’Italie sans
mettre le doigt dans l’engrenage fatal de la dette publique.
Rome a promis 60 milliards d'euros d’économies
et vise à équilibrer son budget en 2013. Les investisseurs
financiers sont cependant légitimement inquiets de l’endettement
très élevé du pays, à la deuxième place
derrière la Grèce au sein des États-membres de la zone
euro.
De fait, les reformes politiques italiennes telles
qu’esquissées jusqu’ici sont très loin
d’être suffisantes pour arrêter l’hémorragie
étatique.
L’assainissement budgétaire mis en
œuvre par l’État italien au cours des années 1990 a
été réalisé grâce à des hausses
d’impôts et des mesures temporaires. Malgré la
privatisation du secteur autoroutier, des télécoms et de
l’énergie, l’économie italienne reste très
rigide : son taux de liberté économique est de 6,81/10
contre 9,01/10 pour Hong Kong ou 8,03/10 pour la Suisse (Source : Economic Freedom of the
World : 2011 Annual Report, Fraser Institute).
Selon l’Institut Bruno Leoni, parmi les 1 900
milliards d’euros d’actifs que détient l’État
italien, 100 milliards pourraient être rapidement vendus,
représentant l’essentiel des parts de l’État dans
des sociétés cotées (dans le géant
énergétique ENEL, les chemins de fer, les deux compagnies
d’assurance INAIL et SACE, etc.).
Cependant, pour des raisons idéologiques, le
gouvernement ne souhaite pas privatiser, ce qui réduirait pourtant la
dette publique et stimulerait la créativité entrepreneuriale
des secteurs libérés. De plus, le gouvernement de Silvio Berlusconi
ne compte vendre que 15% des 400 milliards d’euros que l’État
possède en biens immobilier.
Le manque d’audace politique face à la
résistance de groupes d'intérêt envers une
restructuration des finances publiques et une redéfinition du
périmètre de l’État a rendu impossible une telle
politique.
La situation exceptionnelle que traverse
aujourd’hui l’Italie pourrait pourtant donner lieu à des
reformes que les Italiens n’attendaient plus : les
libéralisations apporteraient la croissance à moyen terme et
les privatisations remettraient la dette publique du pays sous
contrôle.
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