John Exter (1910-2006) fut un économiste américain estimé. Il fut
membre du Conseil des Gouverneurs de la Federal Reserve, il est le fondateur
de la Banque centrale du Sri Lanka et fut également à la tête de la FED de
New York lorsque le fameux London Gold Pool s’effondra.
Aujourd’hui, on se souvient surtout de John Exter en tant qu’inventeur de la
pyramide qui porte son nom, qu’il imagina il y a 50 ans et qu’il utilisa.
Dans cet article, nous allons intégrer son illustration originale de la
pyramide, ainsi que des versions plus modernes qui permettent de hiérarchiser
les classes d’actifs en fonction de leur risque de défaut. La valeur nominale
estimée de ces actifs en 2018 a également été mise à jour.
Exter a commencé sa vie d’adulte durant la grande dépression de 1930. John
Exter, enfant, vit son papa, trader obligataire à Chicago, tout perdre
lorsque la Bourse s’effondra à la fin de l’année 1929. Cet événement
bouleversant l’a poussé à chercher à comprendre les facteurs qui ont provoqué
la grande dépression des années 30.
Après avoir décroché son diplôme au College of Wooster en 1932, John Exter a
poursuivi son cursus à la Fletcher School of Law and Diplomacy. En 1939, il
sort diplômé de l’université de Harvard.
Après un court passage au MIT durant la Seconde Guerre mondiale, M. Exter
commence alors à travailler au Conseil des Gouverneurs de la FED en tant
qu’économiste. En 1948, il devient conseiller du secrétaire des Finances des
Philippines, ensuite le ministre des Finances de Ceylan (l’actuel Sri Lanka)
afin d’y développer une banque centrale. Il finit d’ailleurs par prendre sa
tête en 1950.
En 1954, la FED de New York engage Exter en tant que vice-président,
responsable des opérations internationales et des opérations sur l’or et
l’argent.
Alors qu’il s’exprimait au Detroit Economic Club en 1980, M. Exter a déclaré
que lorsqu’il est devenu responsable des opérations or et argent de la FED de
New York en 1954, les réserves d’or des États-Unis étaient estimées à 24
milliards de dollars (à l’époque, le cours de l’or était fixé à 35 $ l’once).
Une tentative coordonnée de maintenir le cours de l’or à ce prix fixe eut
lieu dans les années 50, tentative qui échoua (London Gold Pool). En raison
de cela, les États-Unis perdirent une grande quantité de leurs réserves d’or,
dont une partie provenait de la confiscation de l’Excutive Order 6102. (NDLR
: le terme confiscation est quelque peu trompeur. Historiquement, le terme
expropriation est plus approprié, et encore, il dépendait du bon vouloir des
Américains. Ceux qui n’ont pas voulu remettre leur or contre la compensation
financière prévue par le gouvernement ne furent pas inquiétés.)
En 1962, alors que l’accord du London Gold Pool mis en place par les
Occidentaux était en place depuis longtemps, les réserves d’or américaines
tombèrent à 16 milliards de dollars, ensuite à 13,5 milliards de dollars en
1966 (tout cela au cours fixe de 35 $ l’once d’or).
Peu de temps après la fin du mandat d’Exter à la FED, l’accord de
Bretton-Woods fut rompu. Le dollar américain devint une devise papier à 100
%. Il n’était plus possible de l’échanger contre de l’or. À l’exception du
franc suisse à l’époque, toutes les autres devises étaient de l’argent
papier.
Le London Gold Pool a échoué dans sa tentative de contrôler le cours de l’or
alors que la France et d’autres nations ne cessaient de réclamer de l’or
contre les dollars accumulés par leur excédent commercial.
Dans l’illustration originale de la pyramide d’Exter que vous pouvez
observer ci-dessus, l’or représente la petite base de la pyramide inversée vu
qu’il s’agit de la classe d’actif la plus sûre. Plus on monte vers la base,
plus les actifs sont risqués. Dans la pyramide originale d’Exter, c’est la
dette des pays en voie de développement qui se trouve à la base.
Aujourd’hui, les produits dérivés sont plus massifs que cette dette.
Voici donc une version plus actuelle de la pyramide d’Exter :
Les classes d’actifs qui composent la pyramide d’Exter se sont
enrichies au fil du temps en raison des innovations financières et de la
financiarisation de l’économie, qui ont décuplé l’endettement mondial.
Le marché des produits dérivés (CDS, titrisation, etc.), qui croît comme de
la mauvaise herbe, est aujourd’hui le type d’actif le plus risqué.
En cas de crise, c’est ce lien le plus faible de la chaîne économique qui
tombera le premier. Alors que la confiance s’érode, le risque se propagera
vers le bas de la pyramide, composé des actifs sous-jacents des produits
dérivés. À terme, même les actifs les moins risqués sont touchés, jusqu’aux
devises. (…)
Le métal jaune se trouve à la base de la pyramide car il s’agit de l’actif le
moins risqué. Pourquoi ? Car il s’agit du seul actif qui est reconnu de par
le monde pour être dénué de risque de contrepartie. C’est d’ailleurs pour
cette raison que les banques centrales détiennent 1/5e de tout l’or qui
existe sur Terre.
Ce jugement de l’or peut être appliqué aux autres métaux précieux que sont
l’argent, le platine et le palladium. Tous les métaux précieux sont
extrêmement rares par nature. Leur valeur ne dépend pas de la performance
d’une entité.
Pour terminer, voici une représentation visuelle de la pyramide d’Exter. Elle
montre, via des piles de palettes virtuelles de billets de 100 $, le poids de
tous ces actifs. Tout est à l’échelle, les bâtiments comme la Statue de la
Liberté ou encore les avions. L’or est sans aucun doute l’actif le plus sûr
de la planète.
Source : SDBullion