Alors que la France découvre, stupéfaite, l’apparition d’un variant breton du virus, reconnaissable à son petit chapeau rond (que tous les Bretons ont, c’est bien connu), l’Élysée se tatouille assez fébrilement pour savoir si on ne va pas reconfiner encore un coup.
Il faut dire que la situation est évaluée de façon calme, pondérée, neutre, millimétrique et vérifiable par tous les experts en communication, les médecins de plateau télé et, aussi, tous les ministres du gouvernement qui ont subi un cours intensif d’épidémiologie sur Youtube et BFMTV ces derniers mois. Et leur verdict est formel, clair, déterminé : peut-être qu’il faudrait reconfiner mais c’est délicat à imposer mais le nombre de cas augmente mais le nombre de malades pas trop mais le nombre de réanimations un peu mais ce ne sont pas tous des cas COVID mais l’incidence remonte mais le nombre de morts baisse mais l’impact économique est trop fort mais on a peur d’une nouvelle vague.
Cette limpidité permet d’ailleurs de prendre des décisions fermes et de diriger le pays de façon particulièrement compréhensible par un peuple qui n’était plus habitué à un exercice du pouvoir aussi adroit : depuis le début de la crise se sont donc enchaînés les actes les plus porteurs de sens qui n’ont cessé de mettre le pays sur les rails d’une réussite fulgurante.
L’état d’esprit général qui nimbe les décisions de Macron et de sa formidable brochette de polichinelles en carton provoque d’ailleurs des effets de bords amusants dans la presse qui ne sait plus trop sur quel pied danser et hésite entre adorer son enfant chéri (la campagne dégoulinante de servilité de 2017 a laissé des traces baveuses un peu partout dans les rédactions) et tenter un aggiornamento critique devant la succession de pirouettes consternantes qu’on nous inflige depuis 12 mois.
Le fait est que si, au début, les décisions prises pouvaient encore prétexter une vague colonne vertébrale basée sur quelques éléments scientifiques, il n’en va plus de même à présent : cette fameuse colonne vertébrale scientifique, commandée sur Wish, a manifestement été bloquée en douane et n’est toujours pas arrivée ce qui explique les déhanchés diaboliques que le gouvernement multiplie maintenant avec frénésie (ces gens sont des professionnels non humains – ne tentez pas cela chez vous, vous pourriez vous blesser !)
Ainsi, à incidence fofolle en Île-de-France correspond des petits sourires gênés et une valse hésitation pour savoir si on doit ou non reconfiner. Dans le même temps et avec une cohérence qui évoque les plus belles pages d’André Breton, la Normandie ou les Côtes d’Armor décident de plus ou moins reconfiner en invoquant des incidences pourtant bien inférieures à la région parisienne.
Ici, on comprend bien que le gouvernement et ses représentants locaux plus ou moins affûtés n’ont pas trop de mal à confiner St Brieuc, mais que c’est un peu plus compliqué pour la moindre cité de Seine-Saint-Denis. Ces petits soucis logistiques, assez peu scientifiques et finalement assez bassement politiques expliquent pourquoi une région hésite fortement à confiner pendant qu’un département n’hésite pas à aligner les interdictions puissamment débiles pour justifier d’y faire un truc, un machin, n’importe quoi, mais au moins quelque chose, pendant que le Conseil Scientifique, qui devait être le phare infaillible du macronisme sanitaire, s’est complètement évaporé (ou peut-être est-il perdu dans les démarches administratives pour dédouaner sa colonne vertébrale, allez savoir).
Petit-à-petit, le doute commence à s’installer dans le pays : Nice Matin avait noté, il y a quelques semaines, des différences troublantes entre les chiffres officiels d’hospitalisations et ce que ses journalistes avaient constaté sur place ; des doutes équivalents se font jour à présent sur le taux d’incidence, apparemment surestimé.
Rassurez-vous : les écarts seront expliqués, on va retrouver nos petits, ne paniquez pas et le fait que les données relatives à cette épidémie soient toutes sujettes à caution, manipulées et manipulables, que chaque administration y va de sa soupe statistique et qu’au final, personne ne puisse y voir clair ne scandalise personne dans un pays où il est en réalité impossible de connaître le nombre de fonctionnaires émargeant à l’EdNat, le nombre précis de pensionnés, l’état des finances du pays, le montant précis du patrimoine de l’État ou même une vague approximation de sa retraite quelques années avant de la prendre…
Eh oui : il y a comme un flottement.
Les décisions de Macron apparaissent progressivement pour ce qu’elles sont, parfaitement arbitraires et pas du tout basées ni sur la logique, ni sur l’expérience, ni sur la science ou le sens du vent, mais sur l’improvisation complète (qui explique sans doute une saillie récente de Castex).
C’est tellement palpable que même un bastion du politiquement correct et de l’obséquiosité gouvernementale comme France Culture en vient à se poser des questions : et si tout ceci n’était pas la démonstration d’une simple réaction de panique sans logique ?
En somme, Jupiter décide de façon complètement indépendante de toute logique scientifique pour, en définitive, bêtement s’aligner sur les positions de l’Allemagne qui semble désormais le siège de la souveraineté réelle de la France et, dans la foulée et avec ce détachement qui sied aux cuistres, flingue en une journée des semaines de campagne vaccinale… Nonobstant le fait que – soyons honnêtes – cette campagne n’allait de toute façon nulle part tant il apparaît naïf de croire qu’elle aurait permis de mettre fin à la crise sanitaire qui n’est plus qu’une crise politique aiguë.
Au train où vont les choses, au rythme où les décisions paniquées s’enchaînent sans plus aucun lien ni avec les éléments factuels, la science ou la logique, on devrait songer à démettre purement et simplement Macron et sa clique de leur pouvoir pour les donner directement à Merkel et déplacer Paris à Berlin, ce qui serait finalement moins coûteux et plus propre que le bricolage qui consiste à dissoudre Paris dans la crasse, les rats et les punaises de lit…
En attendant, le constat se passe d’équivoque : on nous mène en bateau, droit vers la cataracte la plus raide.