Entrent maintenant côté cour de
grossiers nazis. Mais à quoi d’autre aurions-nous pu nous attendre ?
Parce que les diverses autorités
qui régissent cette culture ne cessent de marteler les arguments du privilège
blanc dans l’esprit du public, il fallait bien que tôt ou tard, une réponse
se forme dans les cervelles lézardesques de ceux d’entre nous qui se laissent
porter par leurs émotions fortes. Il aurait été impossible d’imaginer provocation
plus violente dans l’Etat de Virginie que le retrait de la statue de Robert
E. Lee. De quoi faire sortir tous les détraqués de leur trou.
La situation a une connotation
tragique qui suggère que le cours de l’Histoire lui-même en soit responsable –
une sombre animosité dans une âme nationale qui éprouve des difficultés à
résoudre ses contradictions. Et l’incident à Charlottesville, qui a laissé
une femme morte et beaucoup d’autres personnes blessées, a comme le goût d’un
premier élément déclencheur de guerre civile.
Les échos du mouvement des
droits civils du moment – un étrange mélange de Black Lives Matter, du
mouvement Antifa, de la dernière vague de féminisme, de la défense des
sans-papiers et de l’agitation LGBTQ – émanent des campus du pays et se
propagent tels un miasme qui empoisonne un groupe après l’autre, dans une
orgie d’allégations de victimisation qui ne pourront qu’entraîner plus de
violences. C’est ainsi que commencent les guerres tribales et religieuses
dans les sociétés primitives.
Cette campagne a aussi comme un
air d’inauthenticité qui devrait alerter ceux qui sont encore capables de
penser. L’assassinat de Michael Brown à Ferguson, MO, qui a donné vie au
mouvement Black Lives Matter, ne s’est jamais prouvé avoir été un cas
convaincant d’injustice, mais a toujours été perçu comme tel, malgré les
enquêtes menées par le Département de la Justice d’Obama qui en ont conclu
autrement. Les fantasmes de privilège blanc ne sont pas responsables du taux
d’homicide qui afflige la communauté noire à Chicago et Baltimore, ou encore
des mobilisations éclairs de jeunes noirs dans les centres commerciaux du
pays. Ce qui est suspicieusement derrière tout cela se trouve être l’échec
spectaculaire de la campagne des droits civils des années 1960, destinée à
altérer les structures de la pauvreté dans l’Amérique noire – sans oublier le
sentiment de culpabilité des progressistes démocratiques blancs quant aux
échecs de leurs propres politiques bien-intentionnées – converties de manière
perverse en autoflagellations raciales.
La dernière itération du féminisme
nous vient de campus qui ont été largement pris d’assaut par des femmes pédagogues
issues de la génération de baby-boomers, et particulièrement des départements
autres que scientifiques et technologiques, et est désormais un fait accompli,
au point que les affirmations d’injustices qui continuent d’être déversées
semblent fabriquées et hystériques. Elle a aussi une forte odeur de
misandrie, enveloppée dans un jargon universitaire impénétrable qui vise à
lui donner un lustre intellectuel malhonnête qu’elle ne mérite pas. Le fait
est que tôt ou tard, certains hommes intelligents s’en rendront compte, et
pourraient s’en sentir frustrés.
Le mouvement Antifa serait
amusant s’il n’était pas lui-aussi enclin à se montrer violent, parce qu’il
épouse le même despotisme contre la libre pensée que celui qu’il prétend
combattre. Il cherche à faire taire et à écraser les débats qui naissent dans
l’arène publique, ainsi que les principes qui le mettent mal à l’aise, comme
par exemple le premier amendement, qui garantit la liberté d’expression. Il
tourne à la dérision l’appel à la diversité (qui s’applique uniquement aux
idées approuvées par le mouvement Antifa). Le fait que tant d’étudiants adhèrent
au mouvement devrait nous inquiéter quant à la politique de la prochaine
génération. Dans leurs costumes et masques de guerre noirs, ils ressemblent
aux mêmes fascistes des années 1930 que le nom Antifa évoque comme ses
ennemis.
Le mouvement pour la défense des
immigrants clandestins est tout simplement insensé, à commencer par le refus
des élus de faire la distinction entre citoyens et non-citoyens. Les maires
des « villes sanctuaires » et les administrateurs des « campus
sanctuaires » devraient être poursuivis pour avoir manqué de respecter
la loi fédérale. La situation est devenue telle en Californie que les
étudiants sans-papiers ont été enrôlés dans des programmes universitaires
spéciaux, ce qui mènera sans aucun doute à une suppression de fonds et à la
destruction de leurs propres institutions. Le mouvement est l’essence même de
l’anarchie et une disgrâce pour les individus pensants.
Le mouvement LGBTQ, lui-même
issu du féminisme 3.0, cherche à annuler la biologie telle qu’elle s’applique
à la sexualité mammalienne humaine, et à créer de nouveaux droits sociaux et
politiques – basés sur des catégories de désir sexuel qui, ils l’insistent,
sont régis par la biologie – comme par exemple le désir pour un homme de s’équiper
via la chirurgie afin de justifier de se comporter comme une femme. Le
mouvement est allé très loin dans son blâme de tous ceux qui se placent dans
leur catégorie biologique d’origine, et plus particulièrement les hommes
hétérosexuels. Tous les autres récoltent des points bonus pour être
avant-gardistes. C’est à se demander combien de temps pourront durer ces
absurdités avant de provoquer une réaction parmi les individus biologiquement
lettrés.
Si nous sommes à l’aube d’une
nouvelle guerre civile, n’allez pas croire qu’elle ne sera le produit que des
folies de l’extrême droite. Ces détraqués nazis et du KKK ne se soulèvent que
parce que les centristes capables de penser se sont prouvés trop lâches pour
se prononcer contre les idioties qui rongent les deux extrémités du spectre politique,
et plus particulièrement la gauche et ses liens directs avec les centres
politiques de la vie américaine, qui cherche à dicter aux gens comment vivre
et comment penser, et ce de quoi ils devraient se soucier.
Ce dont nous ne pouvons pas être
certains pour le moment, c’est si ces batailles pourront se poursuivre après
la catastrophe financière vers laquelle nous avançons, ou si la crise
financière les balaiera telle un tsunami pour ne laisser derrière elle que
des drapeaux de combat idiots éparpillés sur une plage déserte.