« Chez les pétroliers, la bombe du surendettement menace
d’exploser », c’est le titre assez calme de cet article passionnant des
Echos qui peut se traduire par un véritable « sauve qui peut » pour
en donner la réelle teneur.
De quoi s’agit-il? Tout simplement d’une des prochaines crises bancaires
possibles à savoir les « subprimes pétroliers ».
Et oui, toutes les banques américaines se sont ruées pour financer la
nouvelle « ruée vers l’or noir des gaz de schiste américains » qui
en plus d’être un enfer environnemental vont s’avérer très rapprochement être
un enfer financier.
Pour 50% des entreprises, c’est au moins 8 fois plus de dettes que de
rentrées d’argent…
« Avec la révolution du gaz de schiste, des dizaines de sociétés
indépendantes sont nées aux Etats-Unis. Mais la moitié d’entre elles
est aujourd’hui dans une situation de surendettement »,
c’est-à-dire qu’elles affichent 8 fois plus de dettes que de rentrées
d’argent, explique un analyste basé à Houston ».
Ou encore…
« Des faillites sont à prévoir. Mais les banques n’y ont pas intérêt.
« Elles vont encourager leurs clients à céder des actifs ou à se faire
racheter par un fonds d’investissement », explique Alexandre Andlauer,
analyste chez Alphavalue. Plusieurs producteurs s’y sont déjà résolus :
W&T Offshore vient de vendre un gisement de pétrole texan pour 370
millions de dollars, moitié moins que ce qu’il en espérait l’an dernier.
L’argent servira à payer ses dettes. L’entreprise a également contracté un
nouvel emprunt de 300 millions pour rembourser… un emprunt précédent.
Enfermée dans un cercle infernal, elle a vu sa capitalisation boursière
fondre des trois quarts sur un an ».
La cause de ce marasme c’est évidemment la chute brutale des cours,
encouragée vivement par l’Arabie Saoudite et les membres de l’OPEP bien
heureux de saccager l’industrie du gaz de schiste américaine mais pas
uniquement. Une grosse entreprise comme Exxon est actuellement en train de
racheter massivement les petits producteurs sauvant ainsi les banques tout en
mettant la main sur des puits existant à prix bradés.
Une entreprise d’extraction de gaz de schiste est
structurellement déficitaire. C’est la fin du mirage et d’une bulle!!
« Avec ce durcissement bancaire, les entreprises « n’auront même plus
l’argent nécessaire pour stabiliser leur niveau de production », poursuit
Alexandre Andlauer. Car contrairement aux grandes compagnies pétrolières, les
producteurs de gaz et de pétrole de schiste doivent forer des puits
en permanence. Ils affichent donc un besoin constant de capital. Le
désengagement des banques devrait ainsi avoir un effet direct sur l’offre de
pétrole. « C’est la fameuse réaction que tout le monde attendait depuis un an
suite à la baisse des prix », conclut Alexandre Andlauer, qui anticipe
« beaucoup de casse » au cours des deux prochains trimestres ».
Les producteurs doivent forer des puits en permanence.
Ils affichent donc un besoin constant de capital. Voilà tout
le drame de ce mirage des gaz de schiste résumé en une seule phrase. Sans
financement toute cette industrie est morte et les financements se tarissent
à très grande vitesse. D’ailleurs la production américaine est orientée à la
baisse… ce qui est un phénomène nouveau depuis fort longtemps.
Alors qu’une grande partie de la croissance et du faux dynamisme US peut
s’expliquer par le boom des gaz de schiste et une énergie redevenue abondante
et pas chère, cette parenthèse qui ne pouvait qu’être de courte durée semble
vouloir se refermer finalement assez vite.
La question est quels sont les dégâts qui resteront une fois que la mer se
sera retirée ?…
Charles SANNAT
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