Le
site Économie Matin a consacré un article
à Emmanuel Druon, Président de la société Pocheco
et chantre de l’écolonomie. Le
fabricant d’enveloppes de mises sous pli automatique avait
déjà fait parler de lui en janvier 2012 avec le lancement du
bureau d’études Pocheco Canopée Conseil, qui propose aux
entreprises des solutions écologiques pour faire des économies.
À
première vue, l’écolonomie a
tout pour plaire, car elle concilie deux préoccupations
également légitimes : la compétitivité et
l’environnement. Et si l’écologie est perçue non
plus comme un frein au développement mais au contraire comme un moyen
de réduire les coûts de production à moyen terme, plus
rien ne retient les dirigeants d’adhérer à cette
combinaison miracle.
Mais
malgré tout l’enthousiasme qu’elle peut susciter, l’écolonomie manque de cohérence. Il faut en
effet rappeler que, comme beaucoup d’entreprises, et c’est encore
plus vrai pour les entreprises « vertes », Pocheco
touche des subventions – la demande de subventions fait
d’ailleurs partie de l’expertise de Pocheco
Canopée Conseil. Autant dire que si le modèle écolonomique permet de réduire les
coûts de production, c’est parce que lesdits coûts sont en
grande partie transférés à la collectivité. Il
est toujours savoureux de constater à quel point les tenants du
développement durable sont tributaires des aides publiques, donc de
l’endettement durable des administrations publiques (la dette publique
française devrait atteindre 95% du PIB cet année). Voilà
pour la solution miracle et la priorité au long terme.
Bien
sûr, Emmanuel Druon ne l’entend pas de cette oreille, qui
prétend que son concept n’a pas besoin des subventions pour
tenir la route. Ce qui ne l’empêche pas d’aller chercher
lesdites subventions quand il en a la possibilité. Aveu embarrassant
par lequel Monsieur Druon reconnaît que l’option écolonomique est ou bien vouée à
l’échec, ou bien habilement invoquée par les dirigeants
pour augmenter leurs profits.
Vouée
à l’échec, car on ne peut qualifier de viable un business
model ne fonctionnant qu’au détriment de la libre concurrence.
N’importe quelle entreprise peut être aussi viable que des
monstres comme Amazon ou Google pourvu que lui soient accordées les
aides nécessaires. Quand la loi du plus fort remplace les lois du
marché, on ne peut plus vraiment parler de «
compétitivité », puisqu’il n’y a plus de
compétition à proprement parler.
À
l’inverse, si les subventions ne sont pas indispensables au
développement écolonomique, cela
signifie que ce pourcentage de PIB reversé aux entreprises est non pas
« investi » (comme le suggère l’argumentation
keynésienne) mais offert, purement et simplement.
C’est
peut-être ce que Emmanuel Druon veut dire quand il explique que «
plus on est écolo, plus on gagne d’argent ».
Là-dessus, nous sommes bien d’accord.
Remerciement à Nils / @snkwcz
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