« L’idée même du
renforcement des liens de l’Europe n’est plus, elle a disparu, » a
décrété le Premier ministre hollandais, Mark Rutte, après avoir rejeté les
appels à un renforcement de l’union politique, qu’il a qualifiés de
dangereuses fantaisies romantiques.
« Le moyen le plus rapide
de détruire l’Union européenne est de continuer d’avancer pas à pas vers une
sorte de super-Etat, » a-t-il déclaré lors du Forum économique mondial.
Ses commentaires ont touché au cœur
de la bataille qui se joue aujourd’hui pour le contrôle du projet européen,
et a provoqué une contre-attaque passionnée de la part de Martin Schulz,
président du Parlement européen.
Mr Schulz a qualifié de
profondément malavisé l’abandon du rêve d’union politique. « Qu’il s’agisse
d’Angela Merkel, de Mark Rutte ou de qui que ce soit d’autre, quelqu’un
devrait avoir le courage de dire que nous avons besoin de renforcer nos
liens, aujourd’hui plus que jamais, parce que sans cohésion politique, l’Union
européenne n’a pas d’avenir. »
« Nous avons des membres
qui sont assis au Parlement européen et tentent activement de détruire l’Union
européenne de l’intérieur. Ils touchent de gros salaires, et l’un d’entre eux
se présente aux élections présidentielles en France. »
Le professeur Hans-Werner Muller,
de l’Université de Princeton, a expliqué que l’Union européenne n’a que peu
de chances de se désintégrer dans le sens formel du terme, mais qu’elle
pourra toutefois se dissoudre de l’intérieur. « Nous aurons toujours les
traités, mais ils ne seront plus respectés, » a-t-il dit.
Il a accusé la Hongrie et la
Pologne de se comporter en Etats voyous au sein de l’Union européenne, d’abuser
la loi avec une « brutalité » qui n’avait plus été vue en Europe
démocratique depuis la fin de la seconde guerre mondiale. « Pour eux, c’est
même mieux que Brexit. Ils reçoivent tout l’argent, et n’obéissent pas aux
règles. Si l’Union européenne ne fait rien pour remédier au problème, la
confiance finira par se briser. »
Le Ministre italien des
Finances, Carlo Pier Padoan, a blâmé à plusieurs reprises les autorités
européennes pour avoir poussé l’Italie vers une crise bancaire qui aurait
facilement pu être évitée. « Le problème avec l’Europe, c’est l’Europe, »
a-t-il décrété à Davos un peu plus tôt cette semaine.
Emma Marcegaglia, directrice de
la fédération pan-européenne BusinessEurope, a expliqué en avoir assez d’entendre
certains pays parler des régulations de l’Union européenne. L’Allemagne a
généré un déficit de compte courant de 9% de son PIB, ce qui représente une
violation ouverte de l’édit de l’Union européenne sur les « macro-déséquilibres »,
et a mis en danger la cohésion de l’union monétaire. Et rien n’est jamais
fait contre ça.
« Pourquoi l’Allemagne n’est-elle
pas punie ? Nous ne pouvons pas continuer comme ça, c’est impossible.
Certains disent même que l’Allemagne devrait abandonner l’euro, »
a-t-elle dit.