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Guerre des monnaies : peut-on simplement se rendre ?

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Published : January 27th, 2015
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Category : Editorials

La Suisse, comme tout le monde le sait, s’est échappée de l’orgie folle qu’est le système financier moderne par la porte de derrière. Et les autres participants commencent aussi à se demander s’il n’est pas temps de collecter leurs vêtements et de marcher sur la pointe des pieds jusqu’à la sortie.

Puisque les Suisses ont une place importante dans le monde de la finance,  il est facile d’oublier à quel point leur pays est petit : huit millions d’habitants sur un territoire de 40.000 kilomètres carrés (moins d’un dixième de la France), et quelques produits d’exportations intéressants mais en rien essentiels comme les montres, le chocolat et les médicaments. Mais sur le plan bancaire, la Suisse est un Béhémoth. Elle est traditionnellement la destination de l’argent en quête d’un endroit où se cacher, qu’il s’agisse de l’or dérobé par les Nazis, les recettes fiscales volées par les kleptocrates ou le capital personnel amassé par des individus raisonnables qui vivent en des lieux peu raisonnables ; la Suisse a des siècles durant été aussi rassurante – et ennuyeuse – qu’un comptable vieillissant.

En d’autres termes, les Suisses sont des fournisseurs de stabilité financière, un rôle qui nécessite une devise dure comme pierre et une attitude prévisible. Le franc a, en conséquence, longtemps été la seule devise à conserver sa valeur face à l’or.

Mais ce caractère attrayant est devenu il y a quelques années une obligation, alors que les défauts de l’euro éclataient au grand jour et que le capital du reste du continent commençait à prendre la fuite vers la Suisse, faisant flamber la valeur du franc et menaçant les exportateurs suisses sur les marchés globaux. Ce qui s’est passé ensuite est connu de tous, et je n’y reviendrai pas ici

Les Suisses ayant réduit leurs (considérables) pertes et repris le contrôle de leurs politiques monétaires, les citoyens du restes du monde ont eu à faire face aux conséquences de 1) leurs propres politiques financières et 2) leur décision de parier sur l’abandon par la Suisse de siècles de tradition en permettant à sa devise de s’évaporer aux côtés des autres morceaux de confetti qui se font aujourd’hui passer pour de l’argent. En voici quelques exemples :

·         Les hedge funds et institutions qui parient – grâce à leurs effets de levier – sur la dépréciation du franc en parallèle à celle de l’euro.

·         Les propriétaires qui bien qu’ils vivent dans d’autres pays ont contracté un prêt immobilier en francs suisses, comme par exemple les polonais

·         Les villes d’autres pays qui ont emprunté des francs suisses, notamment un bon nombre de villes françaises

·         Et les grosses banques qui ne pouvaient pas procéder assez rapidement à des opérations de change face à la poussée du franc.

Et souvenez-vous que la saga du franc suisse n’est que l’un des trois coups majeurs qu’a subi le monde ces quelques derniers mois, les deux autres étant la poussée du dollar et l’effondrement du pétrole. Les banques, les hedge funds et les particuliers du monde sont tenus d’assumer ce qui représente cumulativement plusieurs trillions de dollars de papier toxique, et l’entrelacs de ces trois éléments de volatilité rend toute estimation impossible avant les faits.

Voici cependant quelques questions et remarques concernant la Suisse :

Est-il possible de se rendre face à une guerre des monnaies ?

C’est effectivement ce qu’ont fait les Suisses. A partir d’aujourd’hui, ils disposeront de leurs propres politiques monétaires et feront de nouveau de la stabilité leur objectif premier. Mais qu’arrivera-t-il à leurs exportateurs, qui jouent en Suisse un rôle bien plus important qu’ailleurs ? Le maintien d’une devise forte dans un monde de devises faibles génèrera-t-il des vagues de récession qui paralyseront des pans entiers de la société, devenus trop chers pour les marchés globaux ? Ou est-ce que la Suisse, après une période d’ajustement, pourra devenir une île de tranquillité dans une mer de chaos ? C’est une question sérieuse dont la réponse n’est pas si évidente.

La zone euro a-t-elle besoin du QE maintenant que l’euro s’est effondré ?

La raison pour laquelle une banque centrale achète des obligations grâce à de la monnaie fraîchement créée est de faciliter l’emprunt pour les citoyens. Mais une devise en déclin a la même conséquence, et l’euro a déjà perdu 20% en un an. Tous ceux qui ont emprunté des euros doivent désormais rembourser leur prêt dans une devise moins chère, et les exportations européennes sont bien plus attrayantes aujourd’hui qu’elles ne l’étaient en 2013. Il est donc possible que Mario Draghi ait encore une fois obtenu ce qu’il voulait en se contentant de parler, et sans avoir eu à faire quoi que ce soit de dangereux.

Ou est-ce que l’euro est simplement perdu et finira par s’effondrer sous le poids de ses propres contradictions ? Est-ce que les élections grecques pourraient mettre fin au rêve collectif ? Et qu’arrivera-t-il au franc face à la fuite de capital qui se développera au retour des drachmes, des lires et des pesetas ?

Pourra-t-on un jour refaire confiance aux banques centrales ?

Cette question est bien entendu la plus importante, puisque le système financier dans son ensemble, depuis la gestion des passifs non-capitalisés par les gouvernements grâce à l’emprunt de quantités illimitées de capital, jusqu’au rachat d’actions par les corporations grâce à des fonds empruntés, et aux spéculateurs qui cachent des trillions de dollars de dérivés à la vue de tous, dépend de l’omnipotence des banques centrales. Si la volonté ou la capacité de la Fed, de la BCE ou de la Banque du Japon à continuer la partie était remise en question, alors la partie s’arrêterait aussi rapidement que le carry trade du franc suisse. La différence ne sera que l’échelle.

 

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