Mes chères contrariées, mes chers contrariens !
Franchement, ce qui me vient à l’esprit ce dimanche matin
alors que je me mets à écrire cet édito que vous lirez
demain lundi, tandis que les pommes de terre sont en train de sauter
gentiment derrière moi, c’est que bien manger c’est
agréable, avoir de la bonne viande est un vrai plaisir, et cuisiner en
famille, c’est la vraie vie, surtout avec un bon feu de cheminée
et… un poêle à bois qui chauffe, ce qui est essentiel vu
la première offensive de l’hiver que vous n’avez pas pu
rater grâce à nos chaînes de télévision.
Bref, samedi je voulais écrire un vague truc sur le
Téléthon et le Banquothon, il y avait
matière à faire un article léger et rigolo du style
« pour donner à votre banque, un seul numéro, le 36
37, et si vous n’êtes pas volontaire d’office, de toute
façon on vous taxera via vos impôts ».
Mais dimanche, tout a changé. Brutalement, d’un coup, ce
qui m’est venu à l’esprit c’est qu’on ne
s’en sortira jamais… Et là, impossible
d’écrire sur le Banquothon.
Vous vous souvenez certainement des dernières
déclarations de Normal 1er roi des Gaules nous indiquant
que la crise du sesterce, heu pardon, de l’euro était
derrière nous et que le pire était passé.
C’était sans compter pour lui (le pauvre) les derniers
revirements de ce week-end en Europe.
D’un côté, on apprend que l’Irlande (vous
savez le pays dont on a tant vanté le miracle économique,
basé uniquement sur du dumping fiscal ce qui est une GRAN-DE
idée) ne pourrait pas rembourser comme prévu les aides
européennes de 85 milliards d’euros perçues en 2010 pour
leur Banquothon national. Oui, n’oubliez pas
que globalement les pays ne vont pas forcément si mal que ça,
s’ils ne devaient pas payer les pertes de leurs banquiers… mais
c’est un autre débat dans lequel il est formellement interdit
d’entrer sous peine d’être immédiatement
qualifié de « populiste ».
Donc l’Irlande ne pourra pas rembourser ses crédits
conformément à l’échéancier prévu au
« contrat de prêt ». En langage clair, cela
s’appelle faire un défaut de paiement. Et de un.
Pour le « et de deux », et là franchement
je m’esclaffe, c’est l’Italie. La troisième
économie de la zone euro, celle qui avait failli embraser
l’Europe entière il y a quelques mois et faire exploser la
monnaie unique en vol.
Figurez-vous que là-bas c’est la crise politique.
Mario Monti, désigné d’office par Angela et
Nicolas comme délégué de la classe italienne suite
à un « coup d’état » qui
n’avait pas grand-chose de démocratique, a décidé
qu’il allait présenter sa démission.
Cela dit, c’est sans doute une très mauvaise nouvelle
pour l’euro, surtout que Berlusconi (celui qui s’était
fait sortir de façon très démocratique par Angela et
Nicolas) a décidé de se représenter.
Et là, le problème, ce sont les italiens. Vous savez
qu’ils n’ont pas vraiment le moral, et franchement je les
comprends moi les Italiens. Déjà que Jean-Marc Ayrault je ne le
trouve pas très drôle, mais à côté de Mario
Monti notre Jean-Marc c’est un joyeux drille.
Moi je serais italien, pour me remonter le moral je voterais pour la
liste « bunga-bunga » (les
espèces de parties fines de jambes en l’air de
l’ère Berlusconi). C’est tellement plus léger comme
ambiance. Ça, ça me donne envie de consommer et cela me redonne
foi dans l’avenir radieux de la dépense publique et des
déficits éternels…
Alors au moment où j’écris ces quelques lignes,
l’Europe est dans la situation suivante :
Allemagne : s’en sort à peu près tant que ses
voisins européens peuvent encore lui acheter quelques BM ou Mercedes.
Ne devrait pas tenir longtemps dans la mesure où ses partenaires
commerciaux, qui représentent 60 % de son PIB, sont en train de
s’effondrer, et que ces mêmes partenaires commerciaux essaient
désespérément de faire les poches d’Angela…
France : pays en voie de sous-développement,
surendetté, incapable de réformer et de faire des choix
difficiles. La dette grossit de jour en jour sans que rien ni personne ne
souhaite l’arrêter. Devrait s’en sortir quand même
à peu près dans la mesure où l’État (de
droite comme de gauche) va « mobiliser »
l’épargne des ménages. En clair : on va tous donner
à l’ÉtatThon que l’on
soit volontaire ou pas, et notre épargne finira
« réquisitionnée ».
Italie : pouvait espérer s’en sortir grâce
à la « magie » du docteur Mario
Monti…Hélas, Silvio B. ayant besoin d’une immunité,
il faut qu’il se fasse réélire. Ce ne sera sans doute pas
sur les thèmes de la rigueur et de l’austérité
à la Mario Monti si vous voyez ce que je veux dire. Donc le pays
devrait repartir à la dérive mais…. Avec le moral !
Espagne : Banquothon international en
cours pour renflouer des dizaines de banques qui ont tout raté sauf la
bouffonnade des « stress tests ». Vous vous souvenez
des « stress tests » ? On avait bien rigolé
à ce moment-là.
Résultat : un peuple saigné à blanc, et un
pays dont vous assistez en direct à l’effondrement de type
grec…
Portugal : un cocktail d’Espagne, d’Irlande et de
Grèce. Plus rien à faire. À transférer en soins
palliatifs. Il n’y a plus rien à faire.
Grèce : encéphalogramme plat. Mort clinique
constatée. Débrancher le patient. Heure du
décès ?
Europe : ensemble hétérogène de pays
n’avançant pas au même rythme et dans des directions
opposées et tentant par tous les moyens de faire croire en leur
capacité à concilier des choses inconciliables et
réussissant à se mettre d’accord sur la date de la
prochaine réunion… et encore.
Monnaie unique : l’euro est la monnaie utilisée dans
cet ensemble brinquebalant n’en ayant plus pour longtemps.
La question qui se pose est de savoir si l’euro va exploser
à cause de l’explosion de l’Europe ou si l’explosion
de l’euro entraînera celle de l’Europe…
N’en déplaise à notre Président, fort
sympathique au demeurant, la crise de l’euro vient de repasser devant
lui et l’instabilité politique en Italie pourrait remettre le
feu aux poudres pas tout de suite mais à la rentrée. Là,
on est en période de rallye boursier de fin d’année afin
que tout le monde puisse se gaver de bonus.
Dans ces cas-là, les « zinvestisseurs »
sur les marchés débranchent la radio et les
télés, déconnectent les boutons
« vente » et ne laissent actifs que les boutons
« achats ». Résultat : les cours montent.
Comme ils n’en sont plus à une crétinerie
près et que le seul objectif est de gagner de l’argent pas
d’être intelligent, ils n’auront aucun problème je
suppose à continuer leur mouvement de hausse, jusqu’au moment
où les marchés ne pourront plus nier ni les dettes américaines,
ni les dettes européennes, ni l’absence de croissance au niveau
mondial, ni encore les tripatouillages massifs des statistiques du
chômage américain, qui est presque annoncé en baisse tous
les mois, alors que tous les mois on revoit à la hausse les stats du mois précédent du même
montant que la baisse du mois suivant… sans que personne ne semble
vouloir s’en émouvoir.
Là, je fais la leçon aux Américains, mais pour
nous ce n’est pas mieux (bien que l’on ne fasse pas baisser notre
population active). Nous, là où on est très fort,
c’est pour comptabiliser de la dette hors dette de
l’État… on transfère. C’est beau la
créativité comptable. Le problème c’est
qu’un jour il faudra passer à la caisse.
Alors je le dis, je le redis, et le crie encore haut et fort alors que
l’écrasante majorité des gens préfère rester
dans le déni pour des raisons de confort psychologique aisément
compréhensibles : IL N’Y AURA PAS DE MOYENS FACILES DE
S’EN SORTIR. Ce sera douloureux quelle que soit la stratégie.
C’est une crise d’endettement de tous les acteurs, avec une crise
de croissance, un ajustement mondial en cours et une crise
environnementale…
Alors, dans ces cas, on fait ce que fait tout bon marin, on affale les
voiles, on ferme les écoutilles, tout le monde à son poste et
on affronte les éléments déchaînés.
Pour votre patrimoine, c’est pareil. Le patrimoine financier
sera beaucoup plus facilement saisissable que votre maison !! Que
voulez-vous que l’État fasse de votre maison ! Alors que de
votre livret A, il sait tout de suite quoi en faire.
Encore une fois, débancarisez, ayez
le minimum d’actifs financiers, migrez vers les actifs tangibles au
maximum de vos possibilités.
Diversifiez au maximum vos actifs tangibles. Or, argent, terres,
forêts, maison de campagne avec grand jardin etc. N’oubliez pas
non plus de vous faire plaisir. Tout ce qui est pris ne sera plus à
prendre… par l’État !!
Charles
SANNAT
Directeur des Études Économiques Aucoffre.com
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