Les jours, en France, se suivent et se ressemblent. Ça magouille à tire-larigot. Ça tripote un peu de l’économie par-ci par là. Ça bidouille du social ici ou là. Ça chipote du politique en veux-tu, en voilà. Mais en moyenne, hier est à peu près comme aujourd’hui, et globalement comme demain. Et ce n’est pas forcément bon signe.
Jeudi 18 juin, une fusillade éclate dans le quartier du square Abbé-Maillet à Meudon. Les tireurs ont pris la fuite sans faire de blessé, ni être inquiétés, mais la situation est tout de même un peu tendue puisque cela fait plusieurs jours que de telles rixes se déroulent entre Clamart et Meudon. Ces petites entorses au vivre-ensemble encouragent les élus des deux communes à se rencontrer pour en discuter. C’est important, le dialogue.
Vendredi 19 juin, au sud de Toulouse, une fusillade éclate au niveau du péage de Palays, là où les policiers du service régional de la police judiciaire de Montpellier et Toulouse (SRPJ) attendaient un go-fast. Deux hommes ont été interpellés et 90 kilos de pâte à modeler ah non de résine de cannabis ont été saisis. Il n’y a heureusement pas eu de blessés dans la fusillade. Saluons la maréchaussée qui, pour une fois, était sur place avant les échanges de coups de feu et qui aura effectivement interpellé des individus. Manifestement, les excès de vitesse, ça motive plus que les deals en quartiers chauds.
Dans la nuit du vendredi 19 au samedi 20 juin, un homme de 28 ans a succombé à trois blessures par balles d’un tireur isolé aux Bleuets, une cité bucolique des quartiers nord de Marseille, ces quartiers qu’on dit émotifs sensibles. Écartant l’hypothèse hardie d’un différent scientifique pour déterminer qui, de Leibniz ou de Newton, avait inventé le calcul infinitésimal le premier, la police se risque plutôt à imaginer un bête règlement de comptes sur fond de drogue, en attendant d’avoir quelques précisions suite à l’enquête qui a pris un ticket comme les fois précédentes et attend avec les 50 autres en salle de pause en fumant une clope (légale).
Samedi 20 juin au soir, un jeune homme de 19 ans a été abattu à Grenoble. Deux jours plus tôt, deux autres fusillades avaient éclaté dans le centre de la ville, heureusement sans faire de victime. Là encore, des soupçons tendraient à faire penser que tout ceci serait probablement lié à des histoires de substances qui font rire (les substances, pas les histoires), que les fusillades en question auraient comme qui dirait un rapport avec des règlements de comptes (et toujours aucun lien avec des équivoques philosophiques, c’en est presque dommage).
Notons tout de même que les habitants des quartiers concernés sont un chouilla remontés contre l’équipe municipale dont tout indique qu’il s’agit d’une fière brochette d’élus compétents et impliqués comme en témoigne l’intéressante vidéo suivante :
… Intéressante vidéo où l’on découvre donc que tout le monde, à Grenoble, connaît assez bien la situation, les principaux fautifs, et les différentes planques d’armes et de drogue. Où l’on découvre aussi que des pétitions et des lettres ont été envoyées, à plusieurs reprises aux équipes municipales, qui n’ont jusqu’à présent pas démontré ni s’intéresser au problème, ni avoir tenté de résoudre au moins ce qui était directement et explicitement pointé du doigt. L’existence de ces pétitions et de ces courriers papiers tendrait à faire croire hardiment que la situation dure depuis un certain moment, surtout en factorisant la vitesse légendaire des service postaux français.
Et dans ce contexte, à force, l’immobilisme et l’incompétence ont cette fâcheuse tendance à rendre les victimes particulièrement agressives lorsqu’elles tiennent un responsable de leur situation sous la main. La réaction du maire à la suite de la violente apostrophe lancée à son encontre, toute en paroles ouatées loin de la réalité et de l’action, en parfait décalage avec ce qui lui est demandé, laisse malheureusement supposer que cette douloureuse situation va perdurer un petit moment encore…
Décidément, cela ressemble tant à cette autre semaine que je décrivais il y a tout juste deux mois.
Et il y a deux mois, je me refusais d’être bêtement taquin et de remarquer qu’en quelques jours, on recensait tout de même pas mal de fusillades, de morts et de blessés. Tout comme, il y a deux mois, je n’allais pas non plus jusqu’à relever les poignants articles de la presse fustigeant l’inaction américaine face à son « problème avec les armes », presse qui oublie dans le même temps ces petits débordements français maintenant quasi-quotidiens. Franchement, la taquinerie, ce n’est pas mon genre.
Je ne terminerais donc pas ce billet en notant, exactement comme il y a deux mois, que la guerre contre la drogue, en France, n’a jamais marché et que l’interdiction de port d’arme ne sert, concrètement, à rien puisqu’elle n’a en rien dissuadé ces innocentes fusillades d’apaisement (ni celles du 7 janvier, au passage).
Non, tout ça, je ne le dirais pas puisque ça ne sert à rien. Je me contenterais de noter seulement que tout ceci confirme décidément ce petit sentiment d’insécurité qui s’empare des Français, notamment les honnêtes, qui payent taxes et impôts locaux.
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