L’article qui
suit traite d’un sujet dont vous n’entendez pas parler tous les jours :
les devises du monde, de 1949 à 2014.
Je me suis
penché sur la question alors que je réfléchissais à la question de
l’hyperinflation. Je dis souvent que presque tous les pays du monde, à
l’exception des pays anglophones (Etats-Unis, Angleterre, Canada, Australie
et Nouvelle-Zélande) ont fait l’expérience d’une hyperinflation depuis 1944.
Mais est-ce vraiment le cas ?
Que
pouvons-nous donc relever sur la période qui se déroule maintenant depuis
1949 ?
Ce graphique
présente les taux de change entre les devises de divers pays et le dollar,
enregistrés en fin d’année, par rapport à l’année précédente. Les cellules
sont coloriées en vert si la fluctuation des taux de change est inférieure à
3%, qu’il s’agisse d’une hausse ou d’un déclin. L’idée est d’identifier les
pays qui ont pour habitude de lier leur devise au dollar, bien que seules une
ou deux cellules en vert indiquent probablement une devise flottante qui
s’est trouvée ne pas varier énormément d’année en année. Les hausses de plus
de 3% face au dollar sont présentées en bleu. (Une hausse de 100% présente
très certainement une redénomination). Les déclins de 3 à 10% sont présentés
en violet. Les cellules bleues et violettes représentent les devises qui
flottent par rapport au dollar mais ne s’en éloignent pas trop d’année en
année. Les déclins de 10 à 50% face au dollar sont représentés par des
cellules dont la couleur varie entre orange clair et rouge foncé. Si une
devise perd 50% face au dollar, pour passer par exemple de 5 à 10 pesos
mexicains pour un dollar (la valeur du peso étant passée de 0,20 à 0,10
dollar), une hausse éventuelle de 100% des prix domestiques est à prévoir
pour que ce déclin puisse être compensé. Nous avons vu plus tôt qu’une
hyperinflation tend à commencer par une hausse de 100% des prix domestiques
sur une période de trois ans. Une série de cellules orange ou rouge sur
plusieurs années consécutive suggère donc une hyperinflation pour le pays
concerné. Une série de cellules violettes suggère une dévaluation
consistante, mais pas « hyper ». Il est toutefois possible de
générer de graves dommages avec des déclins de 5 à 10% d’année en année.
La période
d’avant 1950 était une période de turbulences. Des hyperinflations ont été
enregistrées en Allemagne, au Japon, en Chine, et dans d’autres pays. La
France et l’Angleterre ont toutes deux dévalué leur devise avant 1950.
Puisque l’empire européen était encore debout, un certain nombre de pays qui
appartenaient à l’empire britannique (Afrique du Sud, Inde) et à l’empire
français (Afrique du nord et de l’ouest, Indochine), ont aussi dévalué.
Après 1950, la
situation s’est quelque peu apaisée. Il s’agissait de la période de Bretton Woods, au cours de laquelle la plupart des pays
du monde avaient lié leur devise au dollar (à son tour lié à l’or à hauteur
de 35 dollars par once). Il n’en est pas moins qu’il y ait eu très peu de
dévaluations. Celles qui ont été enregistrées sur la période ont été
exceptionnelles, et n’ont pas appartenu à un déclin continu d’une devise
flottante.
En 1971, un
certain nombre de devises ont grimpé face au dollar. Le dernier lien entre
l’or et le dollar a été rompu en 1971, et le dollar a été dévalué.
Les années
1980 ont vu un certain nombre de troubles monétaires à travers le monde,
notamment en Amérique latine.
Dans les
années 1990, les devises des anciens satellites soviétiques ont été
dévaluées, et la crise asiatique a fait rage en 1997-98.
Au début des
années 2000, les déclins du dollar se sont fait plus rares, et le dollar
lui-même perdait de la valeur face à l'or, c'est pourquoi d’autres devises
ont eu tendance à s’en sortir assez bien face au dollar.
Malgré la
baisse supposée du prix de l'or en dollar (ou la hausse supposée du dollar)
qui a commencé en 2011 et s’est plus amplement manifestée en 2013, les autres
devises n’ont pas chuté face au dollar.
Plus important
encore, nous pouvons voir combien de crises monétaires notre monde a
traversées, notamment après 1971. Une époque d’épreuves et de chaos
interminables.
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