Dans nos vies quotidiennes le crédit est partout. Si sa
généralisation est récente, il existe depuis des millénaires. On peut presque
dire que le crédit est aussi vieux que l’utilisation de l’or en tant que
monnaie. Cette infographie retrace l’histoire de cet instrument créé d’abord
pour acquérir des moyens de production pour ensuite devenir une méthode
d’importation de la consommation future.
Sumer, là où le crédit a probablement été inventé
Les historiens estiment que ce fut à Sumer, en 3500 av. J.-C., que le
crédit fut inventé afin de financer les activités agricoles. Toujours en
Mésopotamie, le Code de Hammourabi légifère l’activité du crédit en -1800. Il
fixe notamment le taux d’intérêt maximum qui peut être demandé. Il est de
33,3 % par an sur les céréales et de 20 % sur l’argent métal. Pour qu’un
crédit soit valide, un contrat devait être signé devant un fonctionnaire
officiel.
Dans l’Empire romain, acheter des terres à crédit était courant. C’est
ainsi que Cicéron écrit qu’en -50 av. J.-C. son voisin a acheté 625
acres de terrain pour 11,5 millions de sesterces. Cela correspond à 11,5
tonnes de pièces, les a-t-il versées ? Non, car la transaction fut
financée à crédit.
Le crédit est-il moral ?
Après l’effondrement de l’Empire romain d’Occident, l’activité économique
tourne au ralenti. L’Eglise interdit l’usure, soit les prêts à taux
d’intérêt. Ils sont interdits pour tous les laïcs sous Charlemagne (fin du
VIIIe siècle).
Alors que les explorateurs européens s’aventurent toujours plus loin sur
les mers du monde suivis par les marchands, le besoin de capitaux et de
crédit augmente. Après la Réforme anglaise, l’Angleterre est le premier pays
à établir un taux d’intérêt légal en 1545, durant le règne d’Henri VIII. Il
est fixé à 10 %.
En 1787, le philosophe Jeremy Bentham écrit un essai intitulé « En
défense de l’usure ». Sa thèse est que l’encadrement des taux nuit
à la capacité d’obtenir des capitaux pour innover vu que les entreprises les
plus risquées n’obtiennent pas de financement, ce qui limite selon lui la
croissance.
La naissance du crédit moderne à la consommation
Le fichier des mauvais payeurs tel que nous le connaissons serait né en
Angleterre au début du XIXe siècle. Une association de couturiers anglais
décide de s’associer pour mettre en commun leurs informations à propos de
leurs clients mauvais payeurs. En 1826, la Manchester Guardian Society est
créée, elle publie chaque mois des informations à propos des citoyens qui ne
remboursent pas leurs dettes. En 1864, la société Dun crée un fichier
similaire concernant les sociétés aux USA.
L’explosion du crédit
En 1908, le Modèle T de Henry Ford rend l’automobile accessible au plus
grand nombre, mais ces voitures restent trop chères pour pouvoir être payées
en cash par la majorité des familles. GM règle le problème en 1919 en
proposant aux candidats acquéreurs de leur prêter l’argent nécessaire à
l’achat d’une voiture.
En 1930 les usines américaines à haute productivité fabriquent en série
des produits bon marché. Il est désormais possible d’acheter une machine à
laver, des meubles, un frigo, un phonographe ou une radio à crédit. À cette
date, 2 voitures sur 3 sont vendues à crédit.
La naissance des cartes de crédit
En 1950, le membre lambda des classes moyennes a une ligne de crédit
ouverte auprès de plusieurs sociétés. Gérer de nombreuses cartes et de
nombreux remboursements est compliqué, ce qui crée une nouvelle opportunité.
Diners Club crée la première carte de crédit, la boîte de Pandore est
ouverte.
En 1958, la société BankAmericard (désormais Visa) voit le jour en Californie.
American Express et MasterCard suivent rapidement, ce qui permet aux
Américains de financer tous leurs achats par carte.
À une époque à laquelle la technologie est limitée à des dossiers papier
et au téléphone, les sociétés qui établissent le profil des emprunteurs
alimentent 60 millions de dossiers de crédit par an.