Dans
un discours prononcé lors du dernier jour de sa visite au Japon, le
président français a annoncé
la fin de la crise des dettes publiques de la zone euro : « Ce
qui est important pour vous ici au Japon, c’est de bien comprendre que
la crise de la zone euro est terminée ».
J’espère
pour François Hollande que les japonais l’ont bien compris. Les
européens, quant à eux, sont dans l’expectative : la
zone euro dans son ensemble connait sa plus longue récession depuis sa
création en 1999, avec six trimestres consécutifs de
contraction.
Comment en est-on
arrivé là ?
Lorsque
la crise financière a commencé il y a environ six ans, la
réponse politique globale a été un mélange de
relance monétaire et budgétaire. Les États ont ainsi
accru leur dépense en espérant un effet multiplicateur. Pendant
ce temps, les banques centrales ont d’abord réduit leur taux
d'intérêt, et quand il est apparu que ce n’était
pas suffisant, elles ont ensuite acheté des actifs en grande
quantité.
A
l’époque, de nombreux observateurs ont fait remarquer que la
dépense publique supplémentaire pourrait ne laisser
derrière elle que davantage de dette publique et que l'effet
multiplicateur, s’il existait vraiment, pourrait être un
succès de très courte durée.
Ils
ont également souligné qu’une injection d'argent par les
banques centrales pourrait conduire à la formation de nouvelles bulles
qui distordraient les prix et ne pourraient être réversible sans
causer de considérables dégâts.
Des avertissements
ignorés
Les
hommes d’États et les banquiers centraux ont affirmé a) qu’il
n'y avait pas d'alternative, et b) que l’on mettrait un terme à
cette politique dès que l'économie mondiale serait revenue
à la normale.
Six
années plus tard et malgré les efforts concertés de
leurs politiques budgétaire et monétaire, l'Europe, les États-Unis,
le Japon et la Grande-Bretagne n'ont pas encore réussi à
surmonter leur malaise économique. Leurs injections ont surtout
provoquées de brèves hausses des prix d’obligations, d’actions
et de biens.
Un
bien mauvais bilan, donc. Mais ce n’est pas tout : il n'y a aucune
sortie possible à leur stratégie.
Le dilemme des
banquiers centraux
Toute
bonne nouvelle est maintenant considérée comme une menace et
non comme un signe positif. En effet, si l’économie était
en train de repartir, les taux d'intérêt devraient être relevés
pour éviter une hausse soudaine des prix à la consommation.
Après tout, c'est bien ce que les banques centrales ont promis de
faire depuis des années.
Mais
ces mêmes banquiers centraux se rendent compte qu'ils ne peuvent pas agir
ainsi sans provoquer un effondrement des prix sur les marchés
où ils ont justement injecté des liquidités.
Les
banques centrales les plus fortement engagées dans une politique de
création monétaire sont donc condamnées à
poursuivre leur périlleuse politique si elles veulent éviter
à court terme une crise financière qui pourrait, par son
ampleur, rendre celle de 2007 relativement bénigne. Mais dans le même temps, ces
mêmes banques centrales ne peuvent pas poursuivre la politique de
création monétaire actuelle, car cela ne fera que rendre plus
douloureuse la correction finale. Bref, il n’y a pas de porte de sortie
indolore.
Depuis
la faillite de Lehman Brothers
en 2008, les choses semblent s’être calmées. Mais une
tempête plus féroce encore est probablement devant nous.
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