Mes chères contrariées, mes chers contrariens
!
Je dois vous avouer que j’ai suivi avec amusement le dernier
psychodrame présidentiel suite aux propos tenus par la Commission
européenne qui a donné fort gentiment sa feuille de route au
gouverneur de la France placé sous protectorat européen.
François
Hollande n’est plus qu’un petit marquis
Car c’est finalement bien cette réalité que montre
cruellement cette dernière affaire européenne. La France, mais
c’est également le cas pour tous les autres pays
européens, n’est plus qu’une province européenne,
administrée par le préfet Hollande.
Il faut dire qu’après plus de 30 ans d’abandons
réguliers et successifs de pans entiers de notre souveraineté,
il ne nous reste plus grande autonomie. Peu importe que l’on soit pour
ou contre, c’est désormais un fait. C’est Bruxelles qui
dirige l’Europe entière ou presque. Les Parlements nationaux ne
sont plus que des chambres d’enregistrement des directives
européennes transcrites avec zèle dans les droits locaux. Du
calibre des noix jusqu’à la cuisson du camembert au lait cru qui
est cuit l’Europe impose.
Notre Président qui a un charisme assez proche de celui
d’une huitre se voit trop souvent reprocher de ne pas faire assez
Président, de ne pas être assez autoritaire, ou encore de ne pas
faire preuve d’assez de leadership.
Alors notre
mamamouchi national en chef s’est rebiffé !
« L’Europe n’a pas à nous dire ce que nous
devons faire ! » Voilà les paroles présidentielles, des
paroles fortes, des paroles de chef, des paroles qui d’ailleurs ne
resteront que des vaines paroles et qui ne représentent qu’un
exercice de style, un exercice de communication destiné uniquement
à un usage interne sur le mode, « je suis votre chef et le chef
de toutes les huîtres » et c’est môa
qui décide… sauf qu’évidemment, il ne décide
plus grand-chose.
D’ailleurs, dès la conférence sociale qui
s’ouvre très prochainement, ce sont les retraites qui vont
être réformées. Il faut comprendre qu’en gros, on
touchera moins et surtout, comme d’habitude, on paiera sans doute
beaucoup plus d’impôts ou de cotisations sociales qu’avant,
exactement comme nous le demande l’Europe !
Olli Rehn choqué par
les propos de Hollande
Olli Rehn (pauvre petit
garçon qui a été choqué) est le commissaire
européen aux Affaires économiques, et un article du Figaro nous
apprend qu’il n'a pas apprécié que le président
français le renvoie dans ses cordes, après la publication des
recommandations de Bruxelles.
Il n’y a donc personne pour lui expliquer que François
finira bien par obéir parce que finalement, il n’y a pas 36
solutions. L’Europe, tu l’aimes ou tu la quittes comme disait
l’autre ! Car finalement, le débat principal se situe à
ce niveau.
On ne peut pas vouloir être dans l’Europe et ne pas jouer
les règles de l’Europe.
On ne peut pas vouloir une monnaie unique (et pas commune) et ne pas
respecter des règles uniques.
On ne peut pas abandonner sa souveraineté en toute connaissance
de cause et vouloir continuer à l’exercer.
On ne peut pas confier un mandat à l’Europe pour
négocier un traité transatlantique pour après se rendre
compte que cet accord s’imposera à nous (comme aux autres).
On ne peut pas faire le grand écart permanent.
Si je comprends les arguments des europathes,
j’estime qu’ils font désormais fausse route et que ces
arguments sont mauvais. Ils ne sont plus adaptés. Mais, et c’est
important, il faut être cohérent et la France manque cruellement
de cohérence européenne.
C’est justement ce qu’a rappelé fort intelligemment
notre commissaire politique aux affaires économiques Olli Rehn en disant : «
Ce qui m'étonne un peu, c'est de voir la France d'un côté
souligner la nécessité d'une gouvernance économique de
l'euro, et de l'autre critiquer la Commission pour des recommandations justifiées.
»
Il a sur ce point parfaitement raison.
Il y a quelques jours seulement, lors de sa conférence de
presse semestrielle, le président de la République expliquait
avec des trémolos européistes dans la voix qu’il fallait
un président permanent de l’Eurogroupe,
qu’il fallait encore plus d’Europe, qu’il allait lancer une
nouvelle initiative européenne et que nous allions voir ce que nous
allions voir. Que l’Europe n’était forte que
lorsqu’elle avançait… et qu’avec nos grands « zamis » les « Zallemands
» nous allions faire encore plus d’intégration.
Je suis bien sûr opposé à de telles idées
mais, encore une fois, on peut être pour et parfaitement respectable si
tant est que l’on soit cohérent.
Plus d’intégration rime forcément avec plus
d’abandon de souveraineté. À ces niveaux de
responsabilité, il est calamiteux de tenir un double langage de ce
niveau. Le lundi je veux plus d’Europe, mais le mardi, il ne faut
surtout pas que l’Europe nous dise ce qu’elle attend de
nous…
Les choses ne peuvent pas fonctionner ainsi.
Le calcul
politique à la petite semaine de François Hollande et des
autres !
Voilà l’analyse du Figaro que je partage totalement et
qui est parfaitement exacte. Je cite :
« Le souci de François Hollande - et de Nicolas Sarkozy
avant lui - d'inscrire la « gouvernance » dans le cadre plus
restreint des 17 pays de l'euro répond à un autre objectif :
réduire le poids du Royaume-Uni et des pays du Nord, au profit des
Méditerranéens dont les positions sur les déficits et la
dette sont jugées plus proches de l'Élysée. Sans
surprise, l'actuel président néerlandais de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem,
a fait savoir vendredi que son pays «ne voit pas l'intérêt
d'une institution supplémentaire». À
l'Élysée, jeudi, Angela Merkel s'est
d'ailleurs bien gardée de soutenir le président sur toute la
ligne. Ses réticences à une politisation de l'Eurogroupe sont connues, tout comme son aptitude à
jouer David Cameron contre François Hollande, quand c'est
nécessaire. »
Après la lecture de ces quelques lignes, vous avez une
idée beaucoup plus claire du rapport de force que le Président
français tente d’instituer en Europe avec l’aide des pays
du Sud disons-le contre les pays du Nord.
Vous voyez également que nos grands « zamis
» les « Zallemands » ne se
précipitent pas pour accepter les propositions de « grandes
avancées européennes » proposées par Paris.
La France doit régler ses problèmes et chercher des
alliances
Peu importe
que l’on soit pour ou contre la monnaie unique et l’Europe.
Ce qui est certain, c’est que l’on poursuive
l’aventure européenne ou qu’on l’arrête, la
France doit avant tout régler ses propres problèmes et nous
n’en ferons pas l’économie. Nous payons 40 années
de lâcheté et de démagogie financière et
politique.
L’heure des comptes a sonné, avec ou sans l’Europe
l’addition est là et elle est lourde. Mais il faut y faire face.
Je fais partie de ceux qui pensent que cette addition serait moins
douloureuse à payer (j’ai dit moins douloureuse, ce qui ne
signifie nullement l’absence de douleur car cela fera très mal
dans tous les cas) si nous avions plus de marge de manœuvre politique et
économique en dehors de la monnaie unique, ce qui ne signifie pas en
dehors de l’Europe…
Si nous
voulons retrouver une crédibilité
Nous devons faire nos réformes, nous devons cesser de
dépenser plus que ce que nous gagnons, nous devons gérer les
comptes de la nation en bon père de famille, nous devrons sans doute
restructurer notre dette, et nous devons mobiliser les énergies autour
d’un projet politique commun et d’une vision de l’avenir,
nous devons aussi sortir du dogme libre-échangiste qui lamine nos
capacités de production et donc d’emploi, nous devons anticiper
le raz de marée de la révolution robotique qui va achever le
peu d’emplois qui nous reste.
La première étape doit être celle de
l’action et des réformes chez nous. Ce n’est que de cette
façon que nous retrouverons une influence en Europe. De cette
influence retrouvée, les alliances découleront logiquement. Et
pas l’inverse.
Charles SANNAT
Editorialiste et rédacteur du Contrarien
Matin
Directeur des Études Économiques Aucoffre.com
http://www.lecontrarien.com/
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reproduit à sa suite. Le Contrarien Matin
est un quotidien de décryptage sans concession de
l’actualité économique édité par la
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Directeur des études économiques. Merci de visiter notre
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