Les émeutes de Baltimore
qui ont éclaté la semaine dernière suite au décès de Freddie Gray ont suscité
les appels habituels à un « débat racial honnête » et au règlement
du système scolaire « déficient ». C’est dans l’esprit de ces
demandes que j’aimerais avancer une idée simple et directe : apprendre
avant tout aux jeunes Noirs des Etats-Unis à parler Anglais correctement.
Rien n’est plus
essentiel que d’acculturer les enfants des ghettos à l’Anglais, avec ses
temps, ses formes verbales et ses cas, et hors de l’Anglais dit pidgin. C’est
plus essentiel encore que l’apprentissage de l’arithmétique, de l’histoire et
de la science. Il est même d’après moi impossible d’appréhender ces autres
sujets sans avoir d’abord de bonnes bases grammaticales.
Quand ces enfants
grandiront, leur façon de s’exprimer servira d’identification au même titre,
sinon plus, que la couleur de leur peau. Leur capacité à s’exprimer en
Anglais est essentielle à la perception que se feront les autres de leur
personne.
Je suis certain que les
défenseurs de la justice raciale sont stupéfiés par cette proposition. Tous
les dialectes sont égaux au sein de notre société multicolore, disent-ils. Le
fait est qu’ils ne le sont pas. Avez-vous déjà remarqué que les chaînes de
télévision, le show-biz, l’éducation et la sphère politique emploient des
gens dont les parents ont immigré depuis l’Inde ou d’autres régions de l’Asie ?
Ces personnes parlent-elles un patois dénué de formes verbales complexes ?
Il semblerait que non. Arrivent-ils à s’en sortir au sein de la société ?
Il semblerait que oui.
Notez que le problème du
parler, de la manière qu’ont les gens à s’exprimer, n’est jamais inclus dans
les « débats raciaux » que nous disons avoir. Avez-vous déjà
entendu Martin Luther King s’exprimer publiquement autrement que dans un
Anglais correct, si ce n’est avec un léger accent austral ? Avez-vous
soulevé l’importance de son rôle en tant que « communicateur » ?
Pourquoi cette question cruciale est-elle gardée à l’écart des conversations
sur les problèmes raciaux aux Etats-Unis ? Est-ce parce que les gens, qu’ils
soient Noirs ou Blancs, ont trop peur de faire face à ce problème particulier ?
Peut-elle ce sujet
soulève-t-il la question du QI. Je me demande comment un test de QI peut
avoir le moindre sens si la personne qui le passe ne comprend pas la langue
dans lequel il est rédigé. Je suis certain qu’un enfant du ghetto qui entendrait
parler Anglais tous les jours pendant deux ans pourrait substantiellement
améliorer ses résultats. Mais les Américains de toutes les couleurs auraient
à admettre l’importance de ce sujet.
Et ils ne le souhaitent
pas. Ils préfèreraient continuer de parler de « racisme structurel ».
Pourquoi ? Parce que les Blancs euro-américains ont été préprogrammés
pour ne jamais « offenser », que les Asiatiques des Etats-Unis sont
trop occupés à se noyer sous le succès, et que les Noirs américains sont trop
investis à chercher des excuses à leur échec.
Il y a un an, je donnais
une conférence devant les étudiants de première année les plus brillants de
Rutgers, l’université d’Etat du New Jersey. La moitié de la classe de 400
élèves était composée d’enfants d’immigrants de première génération venus d’Inde
– ce que nous devons, je suppose, à la démographie actuelle de l’Etat. Et
beaucoup d’élèves avaient la peau aussi noire que celle de Noirs américains.
Mais devinez quoi ? Ils ne s’exprimaient pas en Anglais pidgin. Ils
parlaient l’Anglais américain. Pensez-vous qu’ils ont grandi au sein d’une
famille constamment soucieuse de « parler trop Blanc » ? Je ne
pense pas. Et au passage, non seulement ces étudiants intelligents et à la
peau foncée parlaient Anglais correctement, ils se comportaient aussi
poliment. Aucune bagarre n’a éclaté pendant la convocation. Ils se sont
lancés avec effervescence dans leur carrière d’étudiants – avant de sortir
manger des pizzas.
Que pensez-vous de ça :
apprenons d’abord à nous exprimer correctement en Anglais. Tout le reste en
dépend. Les excuses ne sont pas admissibles.