En confrontant les diverses argumentations de
l’investissement sur l’or, deux d’entre elles sont souvent
citées, et ce de manière injustifiée.
La première étant que toute augmentation du
prix de l’or par rapport à une devise ne fait que compenser la perte de pouvoir
d’achat de cette dernière. Autrement dit, l’idée
fausse la plus répandue est la constance du pouvoir d’achat de
l’or. Ses changements de prix étant uniquement dus à des
fluctuations du pouvoir d’achat de la monnaie en laquelle il est
exprimé.
Le graphique ci-dessous représente le prix de
l’or en dollars ajusté à l’inflation, et
démontre que le pouvoir d’achat de l’or n’est pas
constant sur la durée. Nous noterons aisément que le pouvoir
d’achat de l’or a augmenté significativement entre les
années 1971 et 1980, avant de connaître un important
déclin dans les années 1980-2001, puis une nouvelle reprise
entre 2001 et 2011. Vous avez certainement tous déjà entendu
parler de ces fluctuations du prix de l’or apparaissant tous les 10
à 20 ans, bien qu’un pouvoir d’achat de l’or ne cessant
d’augmenter sur le très long terme est toutefois une notion
moins répandue. Cette tendance de très long terme remonte
à 1971, lorsque la convertibilité du dollar en or fut
définitivement abolie.
Le fait est que le pouvoir d’achat d’une once
d’or est aujourd’hui huit fois supérieur à celui de
1971. De plus, même si nous supposons que la première hausse du
prix de l’or des années 1970 était due au fait
qu’il avait été maintenu à des niveaux
artificiellement bas durant plusieurs décennies, le pouvoir
d’achat de l’or semble toutefois suivre une tendance
haussière sur le très long terme. Si nous prenons les
années 1971-1974 comme point de départ, nous remarquons que le
pouvoir d’achat du prix de l’or a plus que doublé au cours
de la période intermédiaire.
Selon moi, la raison principale pour laquelle l’or
poursuit une tendance à la hausse en termes réels sur le
très long terme est la suivante : le coût de l’inflation
monétaire ( création de monnaie
à partir de rien) est bien plus élevé que la
réduction du pouvoir d’achat d’une monnaie.
L’inflation monétaire peut avoir des effets positifs sur le
court terme, mais finit toujours par entraîner une destruction de
capital. Ce sont les malsinvestissements nés
de l’inflation monétaire qui mènent à cette
destruction de capital.
La capacité du système bancaire à
créer de la monnaie à partir de rien ayant été
entièrement libérée des contraintes imposées par
l’étalon or, le taux moyen d’inflation monétaire
n’a alors cessé d’augmenter. L’effet de cette
inflation monétaire sur le long terme a été
double : ralentissement du progrès économique (ralentissement
de l’amélioration du niveau de vie) et désir d’une
monnaie qui ne puisse être dépréciée ni par les
banques ni par les gouvernements.
La deuxième idée reçue est la
suivante : l’or n’est qu’un métal
stérile et actif non-productif. Ce type d’affirmation
émane d’investisseurs tels que Warren Buffet, aimant comparer la
valeur marché des quantités totales d’or disponible
à celles d’un groupe de sociétés (Wal-Mart, Exxon,
Intel…). Leur questionnement se poursuit avec à la clef des
investissements sur un bout de métal - qui ne ferait rien de plus que
prendre la poussière dans un coffre – ou alors investir sur des
sociétés aux rentes phénoménales. La question
qu’ils se posent n’a aucun sens. Personne n’aura jamais
à choisir entre posséder tout l’or du monde et
posséder les 30 meilleures entreprises de la planète.
La plupart des gens investissent sur des actifs dans le
même temps qu’ils épargnent de l’argent. Dans un
monde où l’incertitude n’existerait pas, il n’y
aurait nul besoin d’épargner. Bien que l’or puisse
être un très bon investissement, du fait des fluctuations de son
pouvoir d’achat que nous avons pu voir auparavant, c’est la part
d’un portefeuille dédiée à la monnaie papier que
l’or devrait occuper. L’or n’entre donc pas en
compétition avec des sociétés telles que Wal-Mart et
Apple, mais avec les dollars, l’euro, le yen, et toute autre devise
nationale.
La question que se posent les investisseurs cherchant
à décrier l’investissement sur l’or devrait donc
être reformulée de cette façon :
Sous quelle forme préféreriez-vous
détenir votre épargne – sous la forme d’une monnaie
que les banques sont en mesure d’imprimer en des quantités
infinies, ou sous la forme d’un métal ayant été
utilisé en tant que monnaie durant des millénaires et dont les
quantités totales disponibles n’augmentent que de 2% par
an ?
La réponse à la question ci-dessus
n’est pas nécessairement simple. Elle dépend en effet des
politiques étant exécutées par les banques centrales et
les gouvernements.
Concernant ces dernières années, la
réponse évidente serait ‘le métal’, dans la
mesure où les banques centrales et les gouvernements n’ont
cessé d’accroître la masse monétaire et
d’entraver le progrès économique. A l’heure
d’aujourd’hui, la réponse évidente demeure
‘le métal’, du simple fait que la Fed est dirigée
par des ânes convaincus que l’économie peut être
renforcée par la création monétaire, et que les autres
banques centrales ne font pas preuve de plus de jugeote.
Steve Saville
www.speculative-investor.com
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