1. La bureaucratie.
Des bureaucrates de l'organisme dénommé "Commission de Bruxelles"
viennent de réaliser une étude dite "économique" - cf. ce texte du 13
novembre 2013 -.
Aux termes de cette étude, l'Allemagne a un solde de
sa balance des paiements qu'ils jugent être trop excédentaire.
Et nos bureaucrates de demander aux membres du gouvernement de l'Etat de
l'Allemagne d'en faire disparaître l'excédent.
Ils reprennent ainsi l'idée de certains Américains qui, fin octobre dernier,
s'inquiétaient déjà de cet excédent - cf. ce texte
du 31 octobre dernier -.
2.
Les erreurs permanentes.
Le
fait et la démarche n'ont rien de nouveau, ils témoignent des mêmes erreurs.
3.
L'artifice comptable.
Par
exemple, il y a près de 70 ans, en fin de guerre dite "mondiale",
des politiques de divers pays se réunissaient à Bretton
Woods (1944) et convenaient, primo,
d'instaurer des taux de change fixes officiels de leurs substituts de monnaie
bancaires nationaux respectifs en monnaie or et, deuxio, de faire en
sorte que les balances des paiements des uns et des autres soient "en
équilibre" à ces chiffres à l'avenir.
Pour y aider, selon eux, ils créaient un organisme, à savoir le Fonds
monétaire international - cf. ce texte de mars 2009 -, qui
serait chargé que tout se passe pour le mieux.
Malgré tout, dans la décennie 1960, le solde de la balance des paiements des
Etats-Unis était déficitaire.
Elle
était même l'objet de deux grands commentaires :
- selon les uns, le déficit était dû aux gens qui cherchaient à détenir
toujours plus de dollars des Etats-Unis,
- selon les autres, le déficit résultait de la politique économique du
gouvernement des Etats-Unis.
Face
à cela, à la fin de la décennie 1960, le gouvernement américain a décidé de
modifier les règles de calcul de la balance des paiements en proposant deux
soldes distincts:
- l'un fondé sur les "règlements officiels",
- l'autre fondé sur les "liquidités".
Et,
via le F.M.I., fut décidé l'allocation de Droits de tirage spéciaux aux pays
membres, au début de la décennie 1970, pour "augmenter les liquidités
internationales" (cf. ce texte de mars 2011).
4.
La faillite niée.
Qu'à
cela ne tienne, le président des Etats-Unis suspendit en août 1971 - cf. ce texte de juillet 2011 - le taux de
change fixe officiel du dollar des Etats-Unis, puis, après maintes
conférences internationales, abandonna définitivement le taux de change fixe
officiel du dollar en mars 1973.
Le F.M.I. aurait dû disparaître en conséquence de cette faillite, il n'en a
rien été.
Loin
d'être jugé à cette aune, il a reçu d'autres statuts irraisonnés et a pu
continuer à voguer ainsi jusqu'à aujourd'hui inclus.
5.
La nouvelle faillite à attendre.
Des
politiques et autres bureaucrates des pays de l'Europe géographique n'en sont
pas restés là.
Après avoir mis en oeuvre, tant bien que mal, un
"système monétaire européen" à partir de la fin de la décennie
1970, ils en sont arrivés à créer ce qu'on dénomme aujourd'hui l'"€uro" - cf. ce texte
de août 2013 -.
Mais,
dans le cadre de l'€uro, aujourd'hui, ne voici pas que l'Allemagne se trouve
montrée du doigt pour son excédent de la balance des paiements en ces termes:
"In the case of some countries like Germany the report refers inter
alia to the high current account
surplus".
"Dans le cas de certains pays comme l'Allemagne, le rapport fait
référence inter alia à l'excédent élevé de la balance
courante."
"A closer analysis is deemed appropriate in
order to investigate the nature of the German current account balance, the
specific factors behind its level and persistence, and the role that domestic
policies can play in promoting domestic demand."
"Une
analyse plus approfondie est jugée appropriée afin d'enquêter sur la nature
de la balance allemande du compte courant, les facteurs spécifiques derrière
son niveau et sa persistance, et le rôle que les politiques nationales
peuvent jouer dans la promotion de la demande intérieure."
Et d'en revenir au Conseil des Ministres:
"In the context of the 2013 European Semester,
the Council of Ministers recommended to Germany to sustain conditions that
enable wage growth to support domestic demand, for example by reducing high
taxes and social security contributions, especially for low-wage earners.
Moreover, it was recommended that Germany takes measures to further stimulate
competition in the services sectors including construction, and – among other
measures in the field of energy policy – to continue efforts to accelerate
the expansion of the energy networks.
For further information please see: http://register.consilium.europa.eu/pdf/en/13...-re01.en13.pdf."
"Dans le contexte du semestre européen de 2013, le Conseil des Ministres
a recommandé à l'Allemagne de maintenir des conditions qui permettent la
croissance des salaires pour soutenir la demande intérieure, par exemple en
réduisant les impôts élevés et les contributions de sécurité sociale, en
particulier pour les bas salaires.
En
outre, il a été recommandé que l'Allemagne prenne des mesures pour stimuler
davantage la concurrence dans les secteurs des services comprenant la
construction, et - entre autres mesures dans le domaine de la politique
énergétique - pour poursuivre les efforts visant à accélérer l'expansion des
réseaux d'énergie.
Pour
plus d'informations, voir :
http://register.consilium.europa.eu/pdf/en/13/st10/st10636-re01.en13.pdf".
6. Le vrai totalitarisme.
Certes,
nos bureaucrates de la Commission de Bruxelles se posent la question:
"Isn't a current account surplus a good
thing?"
"Un
surplus du compte courant n'est-il pas une bonne chose?"
Mais ils y répondent à partir d'une base doctrinale indigne du genre:
"Deficits and surpluses are a natural
consequence of economic interactions between countries.
External borrowing and lending allows countries to transfer consumption over
time."
"Les
déficits et excédents sont une conséquence naturelle des interactions
économiques entre les pays.
Les emprunts et prêts extérieurs permettent aux pays de transférer leur
consommation au fil du temps."
Comment peut-on s'exprimer ainsi, aussi effrontément, sans connaissance de la
réalité!
Où se trouve, par exemple, la "conséquence naturelle" d'un pays
comme la France où l'Etat obligeait ses citoyens à lui payer plus de 51% de
leurs revenus en 2012? (cf. tableau ci-dessous).
Tableau
Y aurait-il plusieurs natures?
Comment peut-on continuer à pérorer sur une théorie économique fausse et à
vouloir que les enseignements qu'on en tire deviennent obligations des actes
de chacun sinon un totalitarisme une fois de plus aveugle?