La Banque du Japon a aujourd’hui
manqué d’annoncer de nouvelles initiatives en matière de politiques
monétaires. Les raisons en sont financières et politiques.
D’un point de vue financier, la
Banque du Japon est tout à fait conscience du fait que ses outils actuels ne
peuvent pas générer de croissance soutenue du PIB. Son gouverneur, Harihuko
Kuroda, a implicitement admis en janvier dernier que peu importe les
décisions prises, le Japon fait face à un potentiel de croissance de 0,5% ou
moins.
Et c’est une sacrée reconnaissance
de la part d’un gouvernement de banque centrale.
Politiquement, l’autre outil
primaire de la Banque du Japon (les taux d’intérêt) est aussi dans une
impasse. L’expérience du Japon avec les taux négatifs a été un désastre sur
le plan politique, et a beaucoup été critiquée par les médias. N’oublions pas
que la première adoption de taux négatifs par le Japon a vu le yen exploser à
la hausse (le contraire de ce qui était attendu par la Banque du Japon).
La Banque du Japon a fait ce que
tous les autres banquiers centraux font dans ces circonstances. Elle a promis
d’en faire toujours plus.
Ce qui nous ramène à la Fed.
La Fed devrait annoncer aujourd’hui
si elle a pris la décision de rehausser ses taux d’intérêt. Au sens large, ce
que la Fed annonce et ce qu’elle n’annonce pas n’a aucune importance. Les
marchés se sont déjà ajustés comme si les taux américains allaient grimper, les
obligations américaines sont achetées en masse et le dollar est à la hausse.
Très peu l’ont noté, mais le
dollar vient d’enregistrer sa deuxième plus grosse hausse intra-journalière
de l’année vendredi dernier. La dernière fois qu’il avait enregistré une
reprise importante, c’était à l’issue du vote en faveur de Brexit, alors que
le système monétaire tout entier en subissait les ondes de choc.
Ce genre de fluctuation est un
signe évident de l’arrivée d’un évènement majeur sur le système financier. Je
pense que cet évènment sera une crise du système bancaire européen. De
nombreuses banques de l’Union européenne ont enregistré des records à la
baisse hier.
Le système bancaire de l’Union
européenne est trois fois plus important que celui des Etats-Unis, et a un
effet de levier de 26 pour un (l’effet de levier de Lehman était de 30 pour
un au moment de son implosion). C’est là le plus gros problème auquel font face
les marchés aujourd’hui. Nous concentrer sur la décision de la Fed revient à
regarder l’évier alors que le reste de la maison est en feu.
Les marchés du monde sont à l’aube
d’une nouvelle crise.
2008 n’était que la première
manche. La deuxième sera bien plus terrible.
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