En
Espagne, près de 220 milliards d’euros ont pris la poudre
d’escampette au premier semestre. Les investisseurs étrangers, mais
aussi espagnols, sont responsables de cet exode massif de capitaux selon la
Banque d’Espagne. Il s’agit de prêts et de
dépôts, mais aussi de portefeuilles d’actions et de titres
de dette souveraine. Les sorties de capitaux s’accélèrent
: durant le seul mois de juin, 56,6 milliards d’euros ont
été comptabilisés. Au cours du premier semestre, cette
fuite à été le triple de celle
qui avait été enregistrée en 2011. La Bourse de Madrid a
perdu 15 % de sa valeur durant la même période et la part de la
dette publique détenue par les investisseurs étrangers à chuté en un an de 56,3 % à 36,1 %
en juin dernier.
Constaté
également en Grèce, ce même phénomène
pourrait aussi apparaître en Italie de manière encore plus
massive. Les investisseurs en question anticipent la sortie de tel ou tel
pays de la zone euro, et au final son éclatement, contribuant ainsi
à les réaliser. C’est ce contre quoi Mario Monti vient de
mettre en garde.
Benoît
Coeuré, membre du directoire de la BCE, y a
vu lors de son intervention à l’université
d’été du Medef « les signes avancés
d’un délitement du marché unique des capitaux en Europe
» et constate que l’intégrité de l’euro
« est menacée ».
Mais
qui sont donc ces investisseurs qui portent une telle lourde
responsabilité et que Benoît Coeuré
appelle à retrouver « confiance dans l’euro » ?
« Il est très important que les banques continuent de
prêter au-delà de leurs frontières », a-t-il fait
remarquer, dévoilant du coup leur identité. Le système
bancaire européen continue donc son travail de sape au sein de la zone
euro. Après avoir déserté le marché obligataire
et laissé le champ à une intervention de la BCE très
attendue, il rapatrie ses capitaux vers des cieux plus cléments et fait
plonger les banques qui ont le malheur de ne pas y être domiciliées.
Le FESF/MES doit en conséquence renflouer d’urgence les banques
espagnoles déjà sous le coup de l’éclatement de la
bulle immobilière. Coup double : non seulement des États, mais
des banques aussi sont frappées !
Tel
est le prix supplémentaire qu’il faut payer pour que la face
visible du système financier conserve ses couleurs. Qui sont donc les
responsables de la menace qui s’accentue sur l’euro, les
États trop dispendieux qui doivent s’amender ou les banques qui
prennent leurs petites précautions ? Qui sont à condamner, les
agences qui attisent le feu par leurs prophéties
auto-réalisatrices ou les banques qui les réalisent ?
Quelle
constance étonnante dans ce détournement des
responsabilités !
Billet
rédigé par François Leclerc
Son livre, Les
CHRONIQUES DE LA GRANDE PERDITION vient de
paraître
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