Les effets de la loi Duflot en matière d’immobilier continuent de se faire sentir : au lieu de centaines de milliers de nouveaux logements neufs tous les ans, la construction ne décolle pas. Les prix stagnent toujours bien trop haut pour le revenu moyen, tant dans le neuf que dans le vieux. Heureusement, le chef de l’État a décidé de ne pas rester les bras ballants et de les agiter sans rythme ici ou là pour relancer un peu tout ça.
Il faut dire qu’au sujet des pulsations économiques du pays, les systoles et les diastoles s’enchaînent à un rythme inquiétant, et surtout ralentissant. François Hollande, sentant déjà la fin de son mandat approcher, et comprenant aussi que les prochaines élections régionales vont avoir un goût âcre, mise donc en partie sur l’immobilier pour relancer l’activité.
Son idée est, comme d’habitude, extrêmement simple : distribuer de l’argent gratuit.
Vous pourrez sans aucun doute pointer l’absence d’originalité de la méthode gouvernementale qui, à chaque fois qu’un problème se présente, consiste à lui jeter des paquets de brouzoufs à la figure, par camions entiers, montrant en cela à quel point le socialiste de base est obsédé par l’argent (et notamment celui des autres). Mais c’est comme ça : encore une fois, nos dirigeants entreprennent d’augmenter la dose d’intervention étatique dans un problème relativement complexe de marché immobilier déjà complètement gangréné par … l’intervention massive des pouvoirs publics depuis les normes jusqu’à la fiscalité en passant par les messages confus de l’exécutif.
En l’occurrence, le chef de l’État, plutôt qu’une réelle simplification du secteur en sabrant les centaines de lois toutes plus tarabiscotées les unes que les autres, a choisi d’y ajouter un niveau de complexité supplémentaire en triturant encore un peu plus le Prêt à Taux Zéro.
Rappelez-vous : le prêt à taux zéro (PTZ), c’est un prêt sans coût (et parfois sans intérêt), bien évidemment soumis à des conditions de ressources, s’adressant à des personnes souhaitant acquérir leur première résidence principale, et qui ne finance qu’une partie de l’opération. Autrement dit, c’est un prêt gratuit d’argent, couvert par l’État, qui incite les foyers modestes ou pauvres à s’endetter pour acheter un bien immobilier. Et comme ce prêt ne suffit plus à pousser les individus à s’endetter, le président François a choisi de faire une grande et belle réforme « permettant de faciliter l’accès à la propriété en faisant en sorte d’élargir le prêt à taux zéro ».
Bien évidemment, ce fameux PTZ comportera toujours les nécessaires garde-fous pour éviter tous les débordements qu’on peut imaginer à base de capitalistes se lançant dans la construction de lotissements en placoplâtre mal ajusté pour éponger la manne publique en refourguant leurs habitations de carton en rase campagne à de jeunes couples un peu naïfs et désargentés. Ainsi, si le Chef de l’Etat souhaite bien porter le montant de l’emprunt jusqu’à 40% de la somme totale, il précise tout de même que ce PTZ sera applicable à la « quasi-totalité du territoire » pour les logements neufs, c’est-à-dire pas tout le territoire, et donc qu’il y aura des exceptions, des décrets, des listes, des petits ajustements, des détails à préciser, et, concernant l’ancien, « à condition qu’il y ait des travaux », voilà voilà … Et si vous sentez comme une petite odeur de gaz, c’est parfaitement normal puisque le président de la République vient, encore une fois, de construire une belle usine gazogène. La simplification administrative continue de cogner dur.
Ne pouvant résister à l’envie de l’annoncer à toute la planète, Hollande s’est ouvert de son nouveau projet en passant par la Lorraine avec ses sabotages immobiliers. Au passage, l’occasion était trop belle pour ne pas écorcher une fois encore la grammaire française (« La politique, elle a besoin du temps long ») et ponctuer son intervention par l’une de ces phrases étranges dont on se demandera, dans les générations futures, si elles ne recelaient pas un sens caché qui friserait le foutage de gueule voilé. Evoquant cette pulsion réformatrice dont il prétend être animé, il a ainsi expliqué que « Nous devons avancer, tout en restant ce que nous sommes », frôlant de peu le « où nous sommes » en deuxième partie de phrase qui n’aurait en réalité choqué personne.
Parallèlement, son service de communication, toujours au taquet, a immédiatement relayé l’annonce tonitruante du chef de l’Etat (pensez donc, distribuer du PTZ à grandes brassées, voilà qui mérite amplement un petit tweet) :
Tout à l’heure, on sentait une petite odeur de gaz. À présent, vous avez peut-être entendu un bruit de tôle froissée ou de casserole heurtée. C’est, là encore, normal pour ce service de communication qui, en définitive, ne loupe jamais une occasion de distiller une petite blagounette en se gamelant dans l’une ou l’autre formulation. Ici, ça n’a pas loupé : le tweet, formulé avec les pieds, laisse assez clairement entendre que notre ami François cherche une méthode pour faciliter l’achat de son prochain petit pied à terre parisien. On lui souhaite bien du plaisir, d’autant que c’est avec notre pognon.
Grammaire bafouée, discours gnan-gnan, réforme à l’amidon, originalité d’un tube de dentifrice vide, tweet pourri ? Tout ceci est normal : il faut absolument focaliser les Français sur les grandes et belles réalisations du président alors que les élections régionales approchent.
Maintenant, on rigole, on s’amuse, mais les imbécilités présidentielles montrent encore une fois l’opacité mentale de nos dirigeants.
Premièrement, on ne peut que constater l’aspect particulièrement brouillon ou grassement idéologique de la politique étatique en matière de logement : à la France de propriétaire sarkozienne qui avait justifié toutes les bidouilles pour intervenir sur le marché immobilier déjà malade de sur-intervention étatique, a succédé la France de bien logés hollandesque, qui s’est traduit par une loi ALUR abominablement mal écrite dont on mesure encore les effets catastrophiques. Les dernières déclarations à la syntaxe titubante du chef de l’État montrent son revirement vers les propriétaires, donnant à l’ensemble des démarches entreprises jusqu’à présent un côté hésitant frisant le parkinsonnien.
Deuxièmement, en élargissant ainsi le PTZ, on va à nouveau pousser des foyers à s’endetter sur des périodes et des montages financiers relativement risqués, en faisant passer l’endettement comme un mal nécessaire voire souhaité alors qu’il devrait, en toute logique, rester une voie de dernier recours. Comment ne pas se rappeler que ce sont justement les distributions de prêts de plus en plus risqués qui ont provoqué, en 2008, une crise mémorable ? Même s’il n’est pas question ici de comparer les subprimes et les PTZ français, que peut-on réellement attendre d’une société qui mise avant toute chose sur l’endettement et non l’épargne, sur les dépenses immédiate plutôt que sur la planification ?
Troisièmement, avec ce nouveau bricolage, Hollande et toute la clique derrière lui qui a eu cette brillante idée démontrent encore une fois leur méconnaissance crasse des mécanismes de marché : en distribuant ainsi des PTZ à qui en voudra ou presque, le risque est grand de voir les prix de marché s’ajuster pour tenir compte des nouvelles capacités d’emprunt disponibles. Autrement dit, il y a fort à parier sur une hausse, au moins temporaire, des prix dans les endroits où les PTZ seront le plus distribués, de la même façon qu’on a observé l’augmentation des loyers à l’arrivée des Aides au Logement dans la proportion de ces APL.
Au vu de ces éléments, factuels, tangibles et inquiétants, l’approche des régionales ne justifie en rien l’attitude parfaitement irresponsable du chef de l’État. Et le fait qu’ils nous fasse bien rire avec sa diction catastrophique, son service de communication de Prisunic campagnard et ses idées senteur naphtaline ne compense en rien les évidentes sottises décisionnelles derrière.
Ce pays est foutu.
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