Il me devient de plus en plus
difficile d’avoir quoi que ce soit à fiche de ces élections, bien que je me
soucie encore du devenir de mon pays. Les dommages ont été faits, les deux
partis politiques, au pouvoir depuis trop longtemps, sont en piteux état. Et
c’est peut-être une bonne chose. Ils méritaient d’être traînés dans la boue.
Ils devraient maintenant se mettre en cure de désintoxication volontaire ou
laisser de nouvelles coalitions, capables de défendre des intérêts basés sur
la réalité, prendre le dessus.
Trump a fait beaucoup de tort à
la faction qu’il était supposé représenter. Les inquiétudes des Républicains
quant à une économie politique qui maximise le potentiel d’escroquerie
étaient bien fondées, et Trump est parvenu à les faire passer pour une clique
de clowns sinistres. Cette caricature d’enfant de riche sans aucune retenue
verbale a été incapable d’articuler leurs plaintes légitimes. Son
comportement au cours des débats a frisé le psychotique. Si Trump perdait les
élections, je me demande ce que feraient ses partisans. Je pense qu’ils opteraient
pour la violence. Aussi pathétique que cela puisse paraître, Trump est
aujourd’hui leur dernier meilleur espoir.
Je suis un peu plus confortable
avec Hillary - bien que je ne voterai jamais pour elle – parce que son
élection potentielle serait salutaire pour l’établissement en place. Si elle
était élue, alors les bonnes personnes se trouveraient finalement accusées
d’avoir endommagé les affaires nationales des Etats-Unis. Son gang élitiste mérite
d’être chassé du pouvoir à la dure, portant sur son dos tout le fardeau de sa
bassesse, sans personne vers qui pointer l’index. L’élection d’Hillary
renforcerait la prise de conscience par le public du caractère criminel des
pratiques financières et réglementaires qui ont marqué les huit années
passées par les représentants désignés par Obama aux commandes du Département
de la Justice et de la Commission de supervision des marchés financiers.
L’indice clé que nous ont offert
les récents débats a été la diabolisation de la Russie – un exercice bien
plus idiot que l’hystérie Maccarthiste du début des années 1950, puisqu’il
n’existe aujourd’hui plus de conflit idéologique entre les deux pays, et que
tout pousse à croire que l’état pitoyable de leurs relations ne soit que la
faute des Etats-Unis, et notamment de leur rôle dans l’effondrement de
l’Ukraine et la mobilisation de troupes de l’OTAN sur les frontières russes.
Hillary est pleinement soutenue par l’établissement en charge des affaires
étrangères dans ses efforts de faire résonner le tambour de guerre, bien
qu’elle n’ait fournit aucune preuve quant au rôle de la Russie dans le
piratage de sa boîte mail. Il semblerait que l’établissement adhère de tout cœur
à la théorie de propagande de Joseph Goebbels : Plus le mensonge est
gros, plus les gens y croient.
Les médias ne font que répéter
tout ce qu’elle dit. Le New
York Times a même amplifié les mensonges de l’établissement – ce qui
est aux antipodes du rôle joué par ce même journal à l’approche de la guerre
du Vietnam. Aujourd’hui (lundi), il est allé jusqu’à publier
un édito expliquant pourquoi il est nécessaire pour Hillary de se montrer
malhonnête : « En politique, l’hypocrisie et le double langage
sont des outils communs ».Voilà qui est rassurant ! Bienvenue
dans le Parc d’attraction George Orwell de la Démocratie.
Bien évidemment, ni Trump ni
Hillary ne semble comprendre les problèmes auxquels font aujourd’hui face les
Etats-Unis. Ils ne reconnaissent pas l’équation de base qui a rendu
impossible pour les économies industrielles du monde de continuer de croître,
ou encore les difformités du système bancaire et financier qui découlent des
efforts officiels de faire face à ces conditions impossibles – une accumulation
de dette pour résoudre le problème de surendettement.
La première réalisation à
laquelle les Américains devront en venir pour pouvoir enfin sortir la tête de
l’eau est que leur gouvernement fédéral est le plus gros obstacle qui se dresse
aujourd’hui entre les Etats-Unis et les ajustements qu’impose notre monde
changeant. Je suis convaincu que Trump serait renversé par un putsch
militaire sous moins d’un an, ce qui représenterait un écrasement épique de
notre machinerie politique, comparable à ce qui s’est passé à Rome en 44
avant JC. Hillary nous apporterait une discréditation plus mesurée du
système, qui pourrait permettre à certaines de nos institutions d’être
réhabilitées – et la cerise sur le gâteau : Hillary se trouverait éventuellement
destituée pour nous avoir menti, un destin auquel son mari et le défunt Richard
Nixon ont, Dieu seul sait comment, réussi à échapper.