Ces sept dernières années de mesures
de relance fiscales et monétaires extraordinaires ne semblent pas être parvenues
aux objectifs de croissance et d’inflation établis par la Réserve fédérale. L’indice
des prix à la consommation (IPC), l’indice des prix à la production (IPP) et
le produit intérieur brut (PIB) sont tous restés inférieurs à 2%. La raison
en est que les prix des actifs, à ces niveaux injustifiés et insoutenables,
ont besoin de toujours plus d’assouplissement quantitatif (de création
monétaire) pour combattre les forces gravitationnelles de la déflation. Il n’est
pas surprenant que les moyennes américaines ne soient allées nulle part
depuis l’abolition officielle des mesures d’assouplissement quantitatif en
octobre 2014.
Selon le modèle très précis de
la Fed d’Atlanta, le PIB devrait s’afficher à un taux de croissance annuel de
0,9% au troisième trimestre. Et la situation ne s’arrange pas pour ceux qui
pensent, à tort, que la croissance provient de l’inflation : en
septembre, les ventes au détail ont perdu 0,1%, et l’IPP a perdu 0,5% sur un
mois et 1,1% sur l’année. L’IPC a perdu 0,2% sur un mois, et est resté
inchangé sur un an.
Bien que les effets
déflationnistes de l’effondrement du prix du pétrole se soient apaisés en fin
d’année, nous n’avons aucune raison de croire que les mêmes forces
déflationnistes qui ont fait plonger le pétrole et les autres marchandises
jusqu’à leurs records à la baisse de la Grande récession ne déborderont pas
sur d’autres secteurs, tels que l’immobilier et l’habillement. Ce serait d’autant
plus probable si la Fed continuait de menacer de rehausser ses taux d’intérêt
et de renforcer le dollar.
Les banques centrales et
gouvernements peuvent toujours produire l’environnement monétaire qu’ils
souhaitent. Il est une erreur que de croire que la déflation est plus
difficile à combattre que l’inflation. La déflation est aujourd’hui perçue
comme plus difficile à surmonter, parce que les politiques nécessaires à la
création d’une inflation monétaire n’ont pas été entièrement embrassées –
bien que ce soit une situation qui change aujourd’hui rapidement.
La Fed semble incapable de
comprendre pourquoi les 3,5 trillions de dollars qu’elle a créés depuis 2008
ne se sont toujours pas frayés un chemin jusqu’à l’économie. L’explication en
est simplement que les consommateurs surendettés n’ont jamais pu se
désendetter, et que les marchés n’ont jamais vraiment pu être compensés.
Et la Fed ne compte pas parmi
ceux qui laisseraient la vérité entacher leur rêve keynésien. La crise
financière est source de pouvoir pour les banques centrales. Avant la
dernière crise financière, la Fed était par exemple incapable d’acheter des
titres adossés à des créances immobilières. Les règles ont depuis été
modifiées afin qu’elle puisse acheter des quantités illimitées de dette
hypothécaire toxique. La Fed a le pouvoir de commettre toujours plus d’erreurs,
qui lui confèrent toujours plus d’autorité sur les institutions et les
marchés financiers.
Depuis 2008, les règles et régulations
auxquelles doivent se plier les banques centrales sont devenues plus
malléables à mesure que s’est développée la détresse économique. Le Congrès a
par exemple décrété que la Fed ne pouvait pas participer directement aux
enchères du Trésor. Mais il n’y a aucune raison de croire que cette loi ne
sera pas changée dans un avenir proche afin d’accommoder les dépenses
fiscales.
Les stratégies telles que la
baisse des taux d’intérêt jusqu’en territoire négatif, l’abolition des
espèces et l’envoi direct de crédits électroniques vers des comptes bancaires
privés peuvent sembler plus acceptables en période de difficultés
économiques. L’idée est que les banques et gouvernements peuvent produire des
conditions monétaires qui facilitent l’inflation ou la déflation si tant est
que les pouvoirs nécessaires leur aient été alloués.
Dans un récent graphique à
points publié par la Fed, qui présente les attentes quant aux taux d’intérêt
futurs, la Fed de Minneapolis a été ridiculisée pour avoir placé ses
estimations de taux en-dessous de zéro. En revanche, au vu de la conjoncture
économique actuelle, le public s’attend lui-aussi à de nouvelles baisses des
taux. Ben Bernanke a un jour expliqué à Bloomberg Radio que bien qu’il ait eu
le courage d’agir et de contrefaire des trillions de dollars, il savait déjà
à l’époque que les mesures non-conventionnelles telles que les taux d’intérêt
négatifs pourraient avoir des effets déplorables sur les fonds des marchés
monétaires. En revanche, la croissance anémique que traversent les
Etats-Unis, l’Europe et la Chine depuis cinq ans semblent l’avoir fait
changer d’avis sur le sujet.
Le président de la Banque de
réserve fédérale de New York, William Dudley, a récemment expliqué à la CNBC
que « les expériences de l’Europe suggèrent que des taux d’intérêt
négatifs puissent être adoptés sans grandes conséquences ». En effet, en
Euroland, le président de la BCE, Mario Draghi, a récemment insinué que le
programme d’assouplissement quantitatif actuel d’1,1 trillion d’euros
pourrait bientôt se voir accru et rallongé, et que les taux de dépôt
pourraient être portés en territoire négatif.
Les déclarations telles que
celle-ci me poussent à croire que les taux d’intérêt négatifs pourraient être
la prochaine mesure adoptée par notre Fed désespérée de stimuler la
croissance par l’inflation. Après tout, la Fed s’inquiète beaucoup de la
hausse de la valeur du dollar. Il lui est nécessaire de rester dans la course
de dévaluation des devises dans laquelle se sont lancées les banques
centrales du monde, et qui est perçue comme étant de la plus grande
importance. Rendre illégales les espèces en circulation et permettre à Mme
Yellen de monétiser directement la dette du Trésor et les actifs détenus par
le public hors du système bancaire sont deux options qui pourraient vite être
adoptées si les taux négatifs ne parvenaient pas aux objectifs
inflationnistes attendus.
Plutôt que de tourner le dos aux
excès fiscaux et monétaires qui nous ont menés à la Grande récession, le
gouvernement pense que la dette et le déficit sont trop peu élevés, que les
prix des actifs ne flambent pas assez vite, que les banques centrales n’ont
pas forcé les taux d’intérêt suffisamment bas, que les banques ne prêtent pas
assez, que les consommateurs épargnent trop et que leur pouvoir d’achat et
niveau de vie ne plongent pas assez rapidement.
L’objectif des gouvernements de
produire une hausse perpétuelle des prix des actifs génère une croissance
inexorable de la dette publique et privée. Leur incapacité à stimuler l’inflation
et la croissance grâce à des mesures conventionnelles de manipulations de
taux d’intérêt et d’accumulation de réserves pousse les banques centrales à
employer toujours plus de mesures désespérées.
Les suggestions du chroniqueur
du NY Times, Paul Krugman, pour permettre au Japon d’échapper à sa troisième
récession depuis 2012, nous en disent long sur la direction qu’ont prise les
Keynésiens. Selon lui, le Japon a besoin de politiques fiscales et monétaires
plus agressives encore pour échapper à la trappe de la liquidité et à un taux
d’inflation trop bas. Son argument passe cependant à côté du fait que la
Banque du Japon imprime déjà 80 trillions de yens par an, que la dette
fédérale du pays est désormais de 250% de son PIB, et ses déficits annuels proches
de 8% de son PIB.
Pour reprendre ses propres mots :
« Ce dont le Japon a besoin (et le reste d’entre nous pourrait un jour
suivre le même chemin), c’est de politiques fiscales et monétaires plus
agressives encore pour stimuler l’inflation, et établir des objectifs
suffisamment élevés pour être durables. Pour le Japon, je doute fortement qu’un
objectif d’inflation de 2% soit suffisant. »
Voyez-vous, selon cet expert
keynésien très respecté, si ce qui a déjà été mis en place n’a pas pu
fonctionner, il faut simplement en doubler la dose.
Malheureusement, Krugman et sa
bande de Keynésiens arrogants et ennemis du marché libre représentent la
conscience des gouvernements et des banques centrales du monde. Ce qu’ils
créent est un environnement propice à une forte croissance de la masse
monétaire et au chaos économique. Ainsi, si leurs stratégies étaient
adoptées, le monde sombrerait dans une dépression inflationniste. C’est
pourquoi il est nécessaire dès aujourd’hui d’allouer une partie de votre
portefeuille à l’or.