Le
gouvernement français a présenté sa réforme des
retraites en omettant complètement de parler de cet aspect des choses
et en se focalisant seulement sur le système de retraite par
répartition. Or que nous dit un rapport de 2013 du Conseil
d’orientation des retraites ?
Il
souligne que la France se singularise par le fait que les « transferts
publics » (au premier rang desquels figurent les retraites obligatoires
par répartition) représentent l’essentiel des ressources
des ménages âgés de plus de 65 ans, pas loin de 90%,
alors qu’elles sont largement complétées par
d’autres ressources dans la plupart des autres pays : retraites par
capitalisation, épargne personnelle, ou encore revenus
d’activité qui peuvent provenir du retraité
lui-même ou d’une personne qui cohabite avec lui.
Bref, notre
système de retraite manque vraiment de diversité et il est plus
que temps de penser sérieusement à changer les choses.
Plusieurs dispositifs existent
déjà
Il
est déjà possible de s’appuyer en France sur des produits
comme le PERP, le Madelin, le PERCO ou l’article 83. Le
problème, c’est que l’on a tendance à augmenter la
fiscalité sur l’épargne et à réduire les
avantages associés à ces produits.
La
question en France est plus globale et doit viser à réduire la
taxation sur l’épargne en général afin
d’inciter massivement les gens à se constituer une
épargne complémentaire. Le gouvernement actuel est enclin
à faire très exactement l’inverse. D’autre part, il
ne faut pas oublier qu’il existe un problème majeur dans le
secteur public.
Que prévoir pour celui-ci
Concernant le
secteur public, l’enjeu n’est pas seulement d’aligner le
mode de fonctionnement du public sur celui du privé. Il est plus fondamentalement de provisionner –
c’est-à-dire capitaliser – les retraites des
fonctionnaires.
Lorsque
l’État embauche un fonctionnaire de 25 ans, il s’engage
aujourd’hui à lui verser une rémunération puis une
pension jusqu’à son décès. Les contribuables
d’aujourd’hui financent les salaires des fonctionnaires et
comptent donc sur les générations futures pour financer leurs
retraites. Ce mode de fonctionnement reporte les coûts sur des
personnes n’ayant pas voix au chapitre, qu’elles n’aient
pas encore le droit de vote ou ne soient pas encore nées. L’État
devrait mettre de côté, chaque année, de quoi financer
les droits à la retraite des personnels qu’il emploie.
Cette
pratique, qui existait dans certains ministères au 19ème
siècle, est la seule qui permette d’éviter un basculement
des charges sur les générations futures.
Sans ça, toute réforme des
retraites avec maintien système par répartition est vouée
à l'échec
Sans ça, le
gouvernement pourra promettre tout ce qu’il voudra, il ne pourra pas
empêcher le système par répartition de continuer à
dysfonctionner, tout simplement parce que la protection sociale en France est
financée par le travail. Or l’emploi se porte mal depuis
plusieurs décennies.
Si le chômage
poursuit sa hausse pour le 27ème mois consécutif, il
faut aussi savoir qu’il n’est jamais redescendu en dessous de 7%
depuis 1982.
Il
faudrait donc envisager de revenir à la vraie logique de la
répartition sans recours à l’endettement ni à la
fiscalité. A défaut d’avoir eu la sagesse de constituer
des provisions, permettant de lisser les a-coups
conjoncturels, il faut aujourd’hui avoir le courage de réduire
les promesses et les pensions à due proportion des ressources tout en
permettant aux gens de se constituer une épargne complémentaire.
La réforme des retraites sera un
échec sans réforme profonde du marché du travail
C’est là
toute la difficulté d’une réforme pérenne de notre
système de retraite. Elle ne peut plus faire l’économie
d’une réforme profonde de notre marché du travail qui est
l’un des plus fiscalisés et des plus réglementés
au monde. Par conséquent, réformer les retraites, c’est
aussi inverser la courbe du chômage en diminuant les charges et non en
les augmentant, ce qui se révèle être la principale
mesure de cette énième réforme des retraites.
|