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Les fora se
développent à une vitesse exponentielle sur Internet. Les
discussions et débats entre internautes, de la même
manière. L’écrit permet des débats souvent plus
loyaux et plus sains dans le sens où les contradicteurs ne sont pas
soumis à des contraintes de temps et à une éventuelle
intimidation d’un public. L’« égalité des
armes » est, pour le coup, parfaitement respectée et les
débats sont donc illimités dans le temps. Problème, les
fora, comme tous types de jeux vidéos ou
autres applications téléphoniques peuvent rendre la personne
dépendante et la couper de son univers social de base, sachant,
qu’évidemment, les « cyber-relations » ne
remplaceront jamais les « relations sociales en face à
face ».
C’est ce
qu’illustre à merveille une image qui circule de plus en plus
sur Internet et intitulée « Someone
is wrong on the
internet ». On y voit un homme (ou une femme) accolé(e)
à son ordinateur. Son conjoint lui demande de la (le) rejoindre
« au lit » mais, visiblement obnubilé(e) par son
débat sur Internet, relègue sa femme (ou son mari) au second
plan. Ce type de « cyber-discussions » peut durer de
très longues heures et amoindrir la durée du sommeil, avec les
conséquences que cela implique sur l’efficacité au
travail. De même, l’internaute de l’image prend le risque
de s’éloigner de sa famille et de ses amis en persistant
à leur privilégier son ordinateur. Peut-être pire encore,
les connexions par le biais du téléphone portable font que,
désormais, un certain nombre de personnes (non négligeable)
vont même surfer sur le Net pendant qu’ils sont à l’Église,
lieu dans lequel le culte à Dieu doit occuper toutes les
pensées des croyants.
Et, justement,
le débat, récurrent, est le suivant : Internet
désocialise-t-il ? Les sociologues se déchirent sur cette question.
En tout état de cause, avant de répondre à cette
épineuse question, des études
réalisées par la Duke University
montrent, pour les États-Unis, qu’on est en présence
d’une montée de la solitude, individualisme ambiant aidant, et,
parallèlement, de l’augmentation du nombre de certains
professionnels spécialisés, tels que les thérapeutes.
À
première vue, Internet permet des rapprochements qui auraient pu
paraître inimaginable il y a moins de dix ans. Des sites comme Facebook
et Copains d’avant ont pu opérer des retrouvailles entre des
anciens amis de classe, vivant désormais à des centaines, voire
des milliers de kilomètres les uns des autres, sans aucun espoir de se
revoir ou, tout simplement, d’avoir la moindre nouvelle. Le lien est
désormais déterré grâce à
l’efficacité de ces réseaux sociaux.
Ceux qui
pensent que ces derniers désocialisent vont surtout s’appuyer
sur le fait que ce sont justement les personnes les plus solitaires qui vont
fréquenter assidûment Facebook. Sans doute. Mais cette
fréquentation n’est-elle pas la conséquence plutôt
que la cause de cette solitude ? Moira Burke de
l’Université Carnegie Mellon le pense. Elle estime que ces
« solitaires » ne le deviennent pas à cause des
réseaux sociaux et le sont quoi qu’il arrive, Internet devenant
leur seul mode de sortie de cet individualisme pesant.
Le seul
problème de son analyse est le suivant : si elle a, en grande
partie, raison, elle néglige sans doute le fait que le temps est une
denrée rare et que l’individu ne peut y consacrer qu’une
partie limitée à ses relations sociales. Or, si une personne
est irrésistiblement attirée par les réseaux sociaux ou
par ces interminables débats forumiques,
elle sera inexorablement moins disponible pour son cercle social de base,
prenant ainsi le risque de le perdre. Surtout, les études montrent que
rares sont les « cyber-liens » pouvant donner naissance
à de réelles amitiés.
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