Il est des discours qui passent inaperçus et qui
pourtant décident de l’avenir d’un pays. C’est le
cas du discours prononcé par François Hollande le 17
décembre 2012 à Château-Renault en Indre-et-Loire, lors
de la visite de l’usine Radiall.
L’intervention de l’État dans l’économie y
est proclamée : François Hollande a annoncé pour
2013 la mise en place d’une économie planifiée et
aidée pour le reste du quinquennat.
Une économie planifiée
Le Président de la République a
expliqué aux industriels et aux entrepreneurs présents quels
étaient les domaines d’activités qui devaient être
développés. « J’ai
identifié », déclare-t-il, « trois domaines où nous pouvons,
à condition de mobiliser tous les moyens, être les premiers de
la classe ». Et le Président de détailler.
Le premier domaine concerne « la transition énergétique »,
avec « tout ce qui va
nous permettre d’adapter nos bâtiments, de changer nos modes de
transports, nos réseaux d’énergie, mais également
de traiter nos déchets ».
Le deuxième domaine touche à « la santé et l’économie
du vivant », notamment « le secteur du médicament que nous connaissons bien, les
biotechnologies, mais aussi la nutrition, l’agroalimentaire ».
Le troisième domaine est celui de « la technologie
générique », ciblant « le numérique, le secteur
électronique, les télécoms, la ʺconnectingʺ (sic), tout ce
qui permet de relier les instruments les uns aux autres et d’aller plus
vite ».
Ayant défini les secteurs industriels qu’il
veut développer, le Président continue en décrivant
comment il va le faire.
Une économie aidée
Logique avec lui-même, François Hollande ne
conçoit l’économie planifiée que si elle est
aidée par l’État. Ainsi « ces filières d’excellence
telles que je les ai définies seront appuyés par la Banque
publique d’investissement ».
La BPI aura deux rôles : celui d’aider
les entreprises à l’instar du secteur bancaire, mais surtout
« ce nouvel
établissement devra contribuer à appliquer la stratégie
industrielle nationale ». En d’autres termes, la BPI
sera l’outil qui veillera au financement et à la mise en
œuvre de l’économie planifiée.
La perte de liberté
d’entreprendre
Les conséquences du discours du 17 décembre
seront désastreuses pour l’esprit d’entreprise en France
car toute intervention de l’État dans l’économie
coûte cher, humainement et financièrement.
Humainement, d’abord. C’est un principe que
l’économiste Frédéric Bastiat a rappelé
avec force dans son ouvrage sur la Loi :
« quand la Loi –
par l’intermédiaire de son agent nécessaire la Force
– impose un mode travail […] elle agit sur les hommes […] : elle substitue la volonté du
législateur à leur propre volonté, l’initiative du
législateur à leur propre initiative. Ils n’ont plus
à se consulter, à comparer, à prévoir ; la
Loi fait tout cela pour eux. »
Dès lors que deviennent les industriels
français s’ils se laissent diriger par le Président de la
République ? Bastiat répond : « L’intelligence leur devient un
meuble inutile ; ils cessent d’être hommes ; ils
perdent leur Personnalité, leur Liberté, leur
Propriété ».
Financièrement, ensuite. De nouvelles
administrations naissent, comme la Banque publique d’investissement, de
nouvelles réglementations se feront jour puisque le Président insiste
sur le fait que « l’idée-même
de réglementation n’est pas remise en cause »,
et des agents de l’État seront mobilisés pour
vérifier, contrôler, évaluer les entreprises
privées qui seront subventionnées. Le coût de
fonctionnement de tout ceci s’ajoute aux dépenses de
l’État et sera payé, directement ou indirectement, par
les contribuables.
La liberté d’entreprendre ne peut être
ni planifiée, ni subventionnée. Si elle l’est, elle cesse
d’être une liberté ; elle devient un poids
supplémentaire dans les dépenses publiques et s’ajoute
à la dette nationale qui grève les revenus de chacun des
français.
|