Le weekend dernier
marquait le premier anniversaire du violent coup qui a renversé le
gouvernement élu ukrainien. Ce coup a non seulement reçu le soutien des
gouvernements des Etats-Unis et de l’Union européenne, il a aussi été en
grande partie organisé par ces derniers. En observant aujourd’hui les
évènements qui ont précédé ce renversement, il devient évident que sans
intervention étrangère, l’Ukraine ne serait pas dans une situation si
désespérée.
A la fin de l’année
2013, l’Ukraine était sans le sou. Le gouvernement cherchait désespérément à
obtenir un plan de sauvetage économique, et le président Ianoukovytch s’est d’abord
tourné vers les Etats-Unis et l’Union européenne avant d’accepter l’aide de
la Russie. Les résidents du sud et de l’est du pays, qui parlent en grande
majorité le Russe et commercent exclusivement avec la Russie, ont été
satisfaits de cette décision. Les Ukrainiens de l’ouest, qui s’identifient
plus avec la Pologne et l’Europe, ont commencé à protester. L’Ukraine a
toujours souffert de profondes divisions, et son président élu était
originaire de l’est du pays.
Ce conflit n’était alors
qu’un autre chapitre de la difficile histoire post-soviétique du pays. La
décision ne pouvait que générer des mécontentements, mais sans aucune
intervention étrangère pour soutenir les mouvements de protestations, vous ne
seriez certainement pas aujourd’hui en train de lire cet article. Le problème
aurait pu se résoudre de lui-même plutôt que de se transformer en guerre
civile. Mais les interventionnistes américains et européens sont entrés en
jeu, et leur interventionnisme s’est trouvé être un désastre.
Les manifestations de la
fin 2013 ont redoublé de violence après que les politiciens américains et
européens ont ouvertement participé, et que les protestataires ont commencé à
demander le renversement du gouvernement ukrainien. Le sénateur John McCain s’est
rendu à plusieurs reprises à Kiev et s’est adressé à la foule pour l’encourager.
Imaginez qu’un élu
étranger comme Poutine ou Assad se rende à Washington pour encourager les
protestataires à renverser l’administration Obama !
Comme nous avons pu l’apprendre
de la fuite d’un appel téléphonique, l’ambassadeur des Etats-Unis à Kiev et
la sous-secrétaire d’Etat, Victoria Nuland, ont établi des plans détaillés
pour l’établissement d’un nouveau gouvernement à Kiev après le reversement,
grâce à leur assistance, du gouvernement élu.
Les manifestations se
sont intensifiées jusqu’au 20 février de l’an dernier, date à laquelle une délégation
européenne a établi un compromis qui demandait des élections anticipées et d’autres
concessions de la part de Ianoukovytch. Le pire aurait pu être évité, mais la
nuit même, de violents groupes proches des Etats-Unis ont procédé à un coup d’Etat,
et le président élu a fui le pays.
Quand l’est du pays a
refusé de reconnaître le nouveau gouvernement comme légitime et organisé un
référendum pour faire sécession avec le reste du pays, Kiev a envoyé ses
chars pour le forcer à se soumettre. Plutôt que d’accepter la volonté de ceux
qui cherchaient à devenir indépendants face à ce qu’ils percevaient comme un
gouvernement élu par des étrangers, l’administration Obama a décidé de blâmer
les Russes et commencé à imposer des sanctions à leur pays.
La guerre lancée par
Kiev dure toujours, mais le cessez-le-feu déclaré ce mois-ci par les
Allemands et les Français offre un espoir de voir le conflit enfin terminé.
Plus de 5.000 personnes ont trouvé la mort, dont de nombreux civils tués dans
leur propre ville par Kiev.
Que se serait-il passé
si John McCain était resté chez lui et s’était inquiété de ses constituants d’Arizona
plutôt que des gens vivant à 10.000 kilomètres de chez lui ? Et si les
politiciens américains et européens en avaient fait de même ? Et si
Victoria Nuland et l’ambassadeur américain en Ukraine, Geoffrey Pyatt, s’étaient
concentrés sur la diplomatie plutôt que sur un changement de régime ?
Un grand nombre des
personnes tuées depuis le début du conflit seraient encore en vie aujourd’hui.
Interventionnisme assassin.