La plupart
des analystes pensent que les actions de sociétés minières
aurifères offrent un levier financier par rapport aux variations du
cours de l’or. Cette croyance est inexacte.
Du moins,
les données historiques suggèrent qu’elle est fausse sur
le long teme, pour démonstration, présentée ci-dessous,
le graphique du ratio BGMI/or couvrant les cinquante dernières
années (BGMI est l’abréviation pour Barron Gold Mining
Index).
Le
graphique représentant le ratio BGMI/or montre qu’il y a eu un
rebond des cours des aurifères par rapport à l’or dans
les années 1960. Cette surperformance extraordinaire des actions a eu
lieu pour deux raisons principales :
- Tout d’abord, le cours de l’or
était fixé à 35 $ l’once à cette
période-là, mais il devenait de plus en plus clair que l’inflation monétaire
incessante allait rendre le maintien d’un cours
« fixe » intenable. En conséquence, le
marché des actions a commencé à anticiper l’augmentation du cours de l’or
qui allait probablement avoir lieu une fois que les derniers tenants de
l’Etalon-or auraient été abandonnés.
- Secondement, les citoyens américains
n’avaient pas le droit à cette époque de détenir
leur propre or physique, et la seule possibilité pour les gens aux
Etats-Unis de spéculer sur une hausse du cours de l’or
était de détenir des actions de compagnies minières
aurifères.
La
montée énorme du ratio BGMI/or dans les années 1960 a
été suivie d’un marché baissier qui a duré
12 ans et s’est terminé en 1980. En d’autres termes, le
marché haussier des années 1970 a été
accompagné d’un marché baissier dans les actions des
compagnies minières par rapport à l’or physique.
L’un des facteurs les plus importants de ce marché baissier a
été le fait que les actions avaient été
négociées à des niveaux extrêmement
élevés comparés à l’or en anticipation d’une
hausse du cours de l’or.
Depuis
1980 le ratio BGMI/or a oscillé sur une zone horizontale. Notez
cependant qu’il est brièvement sorti en 2008 vers le bas de
cette fourchette sur la fin du crash du marché. En
fait, en octobre 2008, le ratio BGMI/or a atteint son niveau plancher le plus
bas des cinquante dernières années.
Le ratio
BGMI/or reflète la performance d’une palette de gros producteurs
d’or physique et le graphique ci-dessus rend particulièrement
évident que les gros producteurs, en tant que groupe, n’ont pas
créé d’effet de levier financier pour leurs
détenteurs et ce, sur une période prolongée.
Un panier
bien sélectionné d’actions de mines juniors aurait
dépassé de loin la performance du BGMI et potentiellement
pourrait avoir l’effet de levier que les investisseurs dans l’or
recherchent habituellement, mais les juniors tendent à être un
peu plus risquées et donc ne sont pas appropriées pour un grand
nombre d’investisseurs.
Cela
introduit une autre question: pourquoi les compagnies minières ne
sont-elles pas en mesure de dégager des gains sur le cours de
l’or sur le long terme ? Après tout, un gain de X% ne
devrait-il pas amener un gain de x% sur le cash flow des compagnies
minières ?
Un certain
nombre de facteurs a contribué au manque de performance à long
terme du ratio BGMI/or et l’un d’entre eux, c’est la
tendance à la hausse des coûts de production. C’est en
raison de l’augmentation des coûts, que seule une partie de
l’augmentation du cours de l’or atteint le résultat net
comptable des mines. D’autres facteurs déterminants incluent les
raisons politiques, ou écologiques et des erreurs de management
Cependant, à notre avis, le seul facteur vraiment déterminant c’est
tout simplement que les mines d’or s’épuisent. Comme elles
savent que c’est inexorable, les compagnies minières doivent
dépenser chaque année de grosses sommes pour
l’exploration, de sorte que leur quantité de réserves
totales d’or en sous-sol ne décline pas. La seule alternative
pour une compagnie minière de maintenir ou d’augmenter ses
réserves, c’est par acquisition, mais cela sera coûteux en
termes de liquidité ou de nouvelles actions et cela n’empêchera pas
les réserves de décliner pour l’industrie dans son
ensemble.
Comme nous
l’avons mentionné dans nos commentaires de ces six
dernières années, l’incapacité
avérée des actions des mines d’or les plus importantes
à dégager des gains à long terme sur le cours de l’or
implique que les gens qui veulent investir dans l’or sur le long terme
et qui ne veulent pas prendre les risques inhérents aux
minières juniors doivent accumuler de l’or physique et non pas
des actions dans l’or. De temps en temps cependant, les actions des
majors dans l’or sont sous-évaluées et deviennent
d’excellents candidats pour des achats à moyen terme. Octobre
2008 constitue un exemple classique.
Tout cela est
une question d’évaluation relative. En général,
pour qu’un investissement dans les actions dans l’or se justifie,
l’action doit être sous-évaluée par rapport
à l’or physique avec assez de garanties pour compenser le risque
additionnel inhérent à l’action elle-même.
Autrement dit : beaucoup plus de choses peuvent mal tourner avec des
actions d’une mine d’or qu’avec de l’or physique et
donc les investisseurs ne devraient choisir les actions que si
l’évaluation de l’action implique que le potentiel
additionnel est assez grand pour compenser le risque additionnel.
Steve Saville
The Speculative Investor
Steve Saville publie régulièrement des
analyses et des prévisions sur son site à l’adresse
suivante : www.speculative-investor.com.
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