Je suis en admiration devant la vitesse à laquelle le commerce mondial se délite

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Published : February 20th, 2016
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Category : Crisis Watch

La situation ne semble pas s'apaiser. Le commerce global plonge à une vitesse époustouflante.

La Chine prend du repos :

L'Administration générale des douanes a rapporté lundi qu'en termes de yuans, les exportations ont baissé de 6,6% sur un an en janvier, alors que les importations ont plongé de 14,4%. En termes de dollars, la situation est encore pire en raison de la dépréciation du yuan depuis le mois d'août : les exportations ont chuté de 11,2 % et les importations de 18,8 %, pire encore que ce que les économistes avaient prévu.

Et donc l'excédent commercial, propulsé par ces importations plongeantes, a bondi de 12,2% pour atteindre un record de 63,3 milliards de dollars.

C'est arrivé l'an dernier alors que les résultats commerciaux de la Chine étaient au plus bas, avec un déclin des exportations de 1,8 % en termes de yuans, et un plongeon des importations de 13,2%. Les importations déclinent maintenant depuis 15 mois consécutifs. C'est une situation difficile pour l'économie mondiale.

Il est vrai que les chiffres économiques chinois puissent être distordus par les facturations d'importation « manipulées » par Hong Kong, une pratique utilisée pour contourner les contrôles de capitaux et envoyer de l'argent hors de Chine. Les importations depuis Hong Kong ont gagné 108% sur un an en janvier, alors même que les livraisons depuis d'autres partenaires commerciaux étaient en déclin. Voici ce que nous dit Bloomberg :

La Chine a, par le passé, reconnu ce problème de fausse facturation. En 2013, le gouvernement a annoncé que les exportations et importations étaient surestimées en raison des fausses opérations commerciales destinées à faire entrer de l'argent en Chine continentale. Les données commerciales du mois de décembre suggèrent que cette pratique soit de nouveau à la hausse, cette fois-ci afin de faire sortir de l'argent de Chine.

Et n'oublions pas que le mois de janvier a marqué le passage à la nouvelle année lunaire. Les sociétés chinoises sont restées fermées toute la semaine dernière. Ce qui a causé toutes sortes d'opérations de front-loading en décembre et au début du mois de janvier, suivies d'une réduction progressive des opérations fin janvier et début février.

Oh, et l'Inde :

Lundi, le ministère du Commerce et de l'Industrie de la troisième économie asiatique a indiqué que ses exportations de marchandises ont plongé de 13,6 % sur un an en janvier, pour enregistrer un quatorzième mois consécutif de déclin. Sont à blâmer la piteuse demande mondiale, notamment de l'Europe et des Etats-Unis, et comme toujours, une monnaie en déclin quelque part dans le monde, cette fois en Chine.

Et le Japon.

L'économie japonaise s'est contractée entre les mois d'octobre et de décembre, pour enregistrer un deuxième trimestre de déclin depuis le début de l'année fiscale, qui a commencé le premier avril. Sur ces neuf derniers trimestres, cinq ont enregistré des déclins ; et sur ces vingt derniers trimestres, dix ont enregistré des baisses. Une majorité des secteurs ont été affectés.

Le déclin des exportations est particulièrement troublant pour l'économie à la sauce d'Abe. Elle ne s'est jamais souciée des consommateurs. Qu'ils aillent au Diable. Tout n'est question que d'exportations pour Japan Inc. Mais il y a deux semaines, le Ministère japonais des Finances a rapporté que les exportations du pays ont perdu 8% sur un an au mois de décembre, alors que les importations plongeaient de 18%.

Au cours de la première moitié de 2015, les exportations ont gagné 7,9%, avant de perdre 0,6% au cours des six derniers mois de l'année. Il semblerait que le plancher se soit effondré au cours des trois derniers mois de l'année : les exportations ont chuté de 2,2% en octobre, de 3,3% en novembre et de 8% en décembre.

En décembre, les exportations vers le reste de l'Asie ont chuté de 10,3% ! Et avec ça, les exportations vers la Chine ont chuté de 8,6%. L'Asie est de très loin le premier marché d'exportation du Japon, et représente environ 52% de ses exportations totales, contre 23% pour les Etats-Unis et le Canada.

Mais même ses exportations vers les Etats-Unis ont perdu 3,3% en décembre, et ses exportations vers le Canada, qui ont plongé suite à la débâcle des prix des marchandises et à la dévaluation de la devise du pays, ont plongé de 10,4% ! Dans le même temps, les exportations vers l'Europe de l'Ouest ont gagné 2,2%, et les exportations vers la Russie, aujourd'hui en récession, ont plongé de 22%.

Trois années d'Abénomie ont généré la destruction volontaire du yen, de longues séries d'assouplissements quantitatifs, des rendements négatifs sur les obligations gouvernementales, un torrent de dépenses déficitaires, et une série de subventions, de réduction d'impôts et autres bénéfices pour Japan Inc. Le tout équilibré par une hausse générale des taxes de consommation pour les consommateurs. La forte hausse des actions qui en a découlé a maintenant implosé. L'Abénomie tombe en ruines sous les yeux du monde entier.

Et l'Allemagne, cette puissance d'exportation, est-elle dans les mêmes draps ?

L'état déplorable de la demande globale a été confirmé par la Bundesbank allemande, qui a aujourd'hui publié son rapport mensuel pour le mois de janvier. Bien que ses exportations aient été en hausse sur l'année, « en fin d'année, l'économie allemande a subi les effets du manque de demande non seulement de la part de la Chine et des économies émergentes exportatrices de marchandises, mais aussi de la part de pays industrialisés hors de la zone euro ».

La croissance économique globale n'a, au dernier trimestre de 2015, pas été capable de maintenir la cadence des second et troisième trimestres. En revanche, ce ralentissement récent ne reflète pas une récession économique généralisée. Il est plutôt lié à un affaiblissement sensible de la croissance économique des États-Unis.

Et dans le même temps, en raison de la débâcle des marchandises, « les plus gros pays d'exportations demeurent en difficulté », explique le rapport.

De grands espoirs ont été saccagés : L'« effet stimulant » du déclin du prix du pétrole sur l'économie globale a été « surestimé », et a été réduit davantage par les effets de la « réduction massive des investissements au travers de l'industrie pétrolière ». Les « espoirs de voir l'économie globale repartir à la hausse ont été anéantis ».

Et les exportations américaines sont en déclin.

Au mois de décembre, les exportations totales des Etats-Unis ont perdu 7% sur un an pour atteindre 181,5 milliards de dollars, et 8,7% depuis leur record du mois d'octobre 2014. Elles sont au plus bas depuis janvier 2012.

Tout le monde cherche à avoir recours aux exportations pour régler ses problèmes. Les banques centrales du monde cherchent à écraser leur devise respective. Mais tout cela ne fonctionne plus. Parce que la demande globale est en déclin.

Le PDG de la société de transports maritimes Maersk a qualifié le phénomène de « détérioration de grande importance ». Lisez ceci : « Pire qu'en 2008 » : Le plus gros transporteur de conteneurs du monde souffre du ralentissement du commerce mondial

 

 

 


 

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