La situation ne semble
pas s'apaiser. Le commerce global plonge à une vitesse époustouflante.
La
Chine prend du repos :
L'Administration
générale des douanes a rapporté lundi qu'en termes de yuans, les exportations
ont baissé de 6,6% sur un an en janvier, alors que les importations ont
plongé de 14,4%. En termes de dollars, la situation est encore pire en raison
de la dépréciation du yuan depuis le mois d'août : les exportations ont chuté
de 11,2 % et les importations de 18,8 %, pire encore que ce que les
économistes avaient prévu.
Et donc l'excédent
commercial, propulsé par ces importations plongeantes, a bondi de 12,2% pour
atteindre un record de 63,3 milliards de dollars.
C'est arrivé l'an
dernier alors que les résultats commerciaux de la Chine étaient au plus bas,
avec un déclin des exportations de 1,8 % en termes de yuans, et un plongeon
des importations de 13,2%. Les importations déclinent maintenant depuis 15
mois consécutifs. C'est une situation difficile pour l'économie mondiale.
Il est vrai que les
chiffres économiques chinois puissent être distordus par les facturations
d'importation « manipulées » par Hong Kong, une pratique utilisée
pour contourner les contrôles de capitaux et envoyer de l'argent hors de
Chine. Les importations depuis Hong Kong ont gagné 108% sur un an en janvier,
alors même que les livraisons depuis d'autres partenaires commerciaux étaient
en déclin. Voici ce que nous dit Bloomberg :
La Chine a, par le
passé, reconnu ce problème de fausse facturation. En 2013, le gouvernement a
annoncé que les exportations et importations étaient surestimées en raison
des fausses opérations commerciales destinées à faire entrer de l'argent en
Chine continentale. Les données commerciales du mois de décembre suggèrent
que cette pratique soit de nouveau à la hausse, cette fois-ci afin de faire
sortir de l'argent de Chine.
Et n'oublions pas que le
mois de janvier a marqué le passage à la nouvelle année lunaire. Les sociétés
chinoises sont restées fermées toute la semaine dernière. Ce qui a causé
toutes sortes d'opérations de front-loading en décembre et au début du mois
de janvier, suivies d'une réduction progressive des opérations fin janvier et
début février.
Oh,
et l'Inde :
Lundi, le ministère du
Commerce et de l'Industrie de la troisième économie asiatique a indiqué que
ses exportations de marchandises ont plongé de 13,6 % sur un an en janvier,
pour enregistrer un quatorzième mois consécutif de déclin. Sont à blâmer la
piteuse demande mondiale, notamment de l'Europe et des Etats-Unis, et comme
toujours, une monnaie en déclin quelque part dans le monde, cette fois en
Chine.
Et
le Japon.
L'économie japonaise
s'est contractée entre les mois d'octobre et de décembre, pour enregistrer un
deuxième trimestre de déclin depuis le début de l'année fiscale, qui a commencé
le premier avril. Sur ces neuf derniers trimestres, cinq ont enregistré des
déclins ; et sur ces vingt derniers trimestres, dix ont enregistré des
baisses. Une majorité des secteurs ont été affectés.
Le déclin des
exportations est particulièrement troublant pour l'économie à la sauce d'Abe.
Elle ne s'est jamais souciée des consommateurs. Qu'ils aillent au Diable.
Tout n'est question que d'exportations pour Japan Inc. Mais il y a deux
semaines, le Ministère japonais des Finances a rapporté que les exportations
du pays ont perdu 8% sur un an au mois de décembre, alors que les
importations plongeaient de 18%.
Au cours de la première
moitié de 2015, les exportations ont gagné 7,9%, avant de perdre 0,6% au
cours des six derniers mois de l'année. Il semblerait que le plancher se soit
effondré au cours des trois derniers mois de l'année : les exportations ont
chuté de 2,2% en octobre, de 3,3% en novembre et de 8% en décembre.
En décembre, les
exportations vers le reste de l'Asie ont chuté de 10,3% ! Et avec ça, les
exportations vers la Chine ont chuté de 8,6%. L'Asie est de très loin le
premier marché d'exportation du Japon, et représente environ 52% de ses
exportations totales, contre 23% pour les Etats-Unis et le Canada.
Mais même ses
exportations vers les Etats-Unis ont perdu 3,3% en décembre, et ses
exportations vers le Canada, qui ont plongé suite à la débâcle des prix des
marchandises et à la dévaluation de la devise du pays, ont plongé de 10,4% !
Dans le même temps, les exportations vers l'Europe de l'Ouest ont gagné 2,2%,
et les exportations vers la Russie, aujourd'hui en récession, ont plongé de
22%.
Trois années d'Abénomie
ont généré la destruction volontaire du yen, de longues séries
d'assouplissements quantitatifs, des rendements négatifs sur les obligations
gouvernementales, un torrent de dépenses déficitaires, et une série de
subventions, de réduction d'impôts et autres bénéfices pour Japan Inc. Le
tout équilibré par une hausse générale des taxes de consommation pour les
consommateurs. La forte hausse des actions qui en a découlé a maintenant
implosé. L'Abénomie tombe en ruines sous les yeux du monde entier.
Et
l'Allemagne, cette puissance d'exportation, est-elle dans les mêmes draps ?
L'état déplorable de la
demande globale a été confirmé par la Bundesbank allemande, qui a aujourd'hui
publié son rapport mensuel pour le mois de janvier. Bien que ses
exportations aient été en hausse sur l'année, « en fin d'année,
l'économie allemande a subi les effets du manque de demande non seulement de
la part de la Chine et des économies émergentes exportatrices de
marchandises, mais aussi de la part de pays industrialisés hors de la zone
euro ».
La
croissance économique globale n'a, au dernier trimestre de 2015, pas été
capable de maintenir la cadence des second et troisième trimestres. En
revanche, ce ralentissement récent ne reflète pas une récession économique
généralisée. Il est plutôt lié à un affaiblissement sensible de la croissance
économique des États-Unis.
Et dans le même temps,
en raison de la débâcle des marchandises, « les plus gros pays
d'exportations demeurent en difficulté », explique le rapport.
De grands espoirs ont
été saccagés : L'« effet stimulant » du déclin du prix du pétrole
sur l'économie globale a été « surestimé », et a été réduit
davantage par les effets de la « réduction massive des investissements
au travers de l'industrie pétrolière ». Les « espoirs de voir
l'économie globale repartir à la hausse ont été anéantis ».
Et
les exportations américaines sont en déclin.
Au mois de décembre, les
exportations totales des Etats-Unis ont perdu 7% sur un an pour atteindre
181,5 milliards de dollars, et 8,7% depuis leur record du mois d'octobre
2014. Elles sont au plus bas depuis janvier 2012.
Tout le monde cherche à
avoir recours aux exportations pour régler ses problèmes. Les banques
centrales du monde cherchent à écraser leur devise respective. Mais tout cela
ne fonctionne plus. Parce que la demande globale est en déclin.
Le PDG de la société de
transports maritimes Maersk a qualifié le phénomène de « détérioration
de grande importance ». Lisez ceci : « Pire
qu'en 2008 » : Le plus gros transporteur de conteneurs du monde souffre
du ralentissement du commerce mondial