The New Case for Gold, le dernier livre de Jim Rickards, a servi
de fil conducteur à cette édition du Keiser Report afin d’aborder toute une
série de thématiques chaudes de l’or comme : pourquoi est-il tant dénigré,
que valent les arguments de ses adversaires, l’or de Fort Knox y est-il
vraiment ?
Transcription Jim Rickards au Keiser Report 908 (français)
Bienvenue à nouveau dans le Keiser Report, c’est Max Kaiser. Il est temps
de nous tourner vers Jim Rickards, auteur de« The New Case for
Gold ». Jim, bienvenue à nouveau.
Merci Max, c’est toujours un plaisir.
Plongeons dans le vif du sujet Jim Rickards. Avant d’évoquer les nouveaux
arguments en faveur de l’or, parlons des anciens en les réfutant.
Vous qualifiez vous-même ce livre de manifeste qui peut être utilisé pour
contredire tous les « paper bugs », comme on les appelle. Le
premier argument étant qu’il n’y a pas assez d’or. Vous écrivez : l’objection
contre l’or en termes de production n’est pas qu’il entrave la croissance,
mais le vol. Expliquez.
Les gens disent que la production d’or ne progresse pas assez vite pour
soutenir la croissance de l’économie. La croissance mondiale est d’environ
3-4 % alors que la croissance de la production de l’or est d’environ 1,2
%, donc l’or n’est pas en mesure de suivre. C’est de la bêtise pure, c’est
complètement à côté de la plaque parce que cela ne fait pas la
distinction entre l’or officiel, détenu par les banques centrales, et l’or
total, qui inclut les bijoux, les montres et l’ensemble de l’or privé.
Si les banques centrales souhaitent augmenter la masse monétaire dans le
cadre du standard or, il leur suffit d’acheter de l’or privé et de créer de
la monnaie. Aujourd’hui elles créent de la monnaie en achetant des
obligations. Il suffit de faire la même chose, mais avec de l’or.
Les banques possèdent combien d’or, environ 35.000 t ? Et il existe
170.000 tonnes d’or au sol ?
C’est correct. Donc la production minière n’a aucun impact sur l’or des
banques centrales. Il leur suffit d’acheter de l’or privé. Il s’agit
d’un excellent exemple de ces arguments que j’appelle des réponses réflexes
toutes faites. Si vous dites quelque chose de positif sur l’or, on vous
répond avec ce genre d’arguments concernant la croissance de la quantité
d’or. Ces gens ne savent pas de quoi ils parlent. Ils parlent de masse
monétaire, et cet argument ne tient pas pour les raisons que nous venons
d’expliquer. Dans le chapitre d’introduction du livre, je passe donc en
revue les soi-disant arguments massue contre l’or. Aucun ne tient la
route. Ils sont en fait incorrects ou analytiquement erronés et je les
réfute un par un.
Mais pourquoi ces gens ressortent sans cesse ces arguments ? Je sors
un peu du fil de l’émission, mais il y a un groupe de « paper
bugs », un ordre établi qui soutient le système actuel et pour qui
l’or est l’ennemi. Toute remise en question de ce système basé sur la dette,
sur la création monétaire est rejeté car il s’agit d’une question de vie
ou de mort et non de logique économique.
C’est juste. Je dirais que ce que vous appelez les paper bugs, ou les anti
or, consistent en 2 catégories. Il y a ceux qui savent, qui comprennent très
bien les arguments que je développe, mais qui préfèrent le système tel
qu’il est en ce moment. Les Docteurs en économie, les banquiers centraux,
etc. Si vous aviez le monopole de la création monétaire, pourquoi
voudriez-vous du standard or, pourquoi vous démettre de ce pouvoir ?
Janet Yellen, Mario Draghi, Kuroda de la banque du Japon, ils contrôlent la
masse monétaire. Et c’est bien connu, si vous contrôlez la monnaie vous
contrôlez la politique, vous contrôlez les comportements et bien d’autres
choses. Pourquoi abandonner un tel pouvoir ? Personne n’est prêt à
un tel abandon volontaire.
Donc ils sont plus futés que cela, mais ils font mine de ne pas
comprendre. En ce qui concerne la vaste majorité des citoyens de la planète,
ils acceptent ces arguments pour argent comptant sans esprit critique.
Je ne dénigre pas les gens, c’est juste qu’ils font confiance aux élites, ou
ils n’y réfléchissent pas assez. Quoi qu’il en soit, tous ces arguments contre
l’or ne tiennent pas la route.
Parlons d’un « paper bug » célèbre, Warren Buffett. Il a dit
qu’il n’investit pas dans l’or car il n’offre pas de rendement.
L’or n’est pas censé offrir de rendement. L’or, c’est une monnaie. Si vous
prenez dans votre portefeuille ou dans votre porte-monnaie un billet,
offre-t-il un rendement ? Non, il n’y a pas de rendement car c’est
de la monnaie. Les gens vous répondent alors qu’en le déposant à la banque
vous en obtiendrez un. Oui, mais dans ce cas il ne s’agit plus de
monnaie. Lorsque vous déposez votre argent à la banque, il ne s’agit plus
d’argent mais d’un engagement non garanti auprès d’une institution
financière éventuellement insolvable. Je ne dis pas de retirer votre argent
de la banque, je souhaite juste que vous compreniez ce que vous
faites. Il ne s’agit plus de monnaie, vous prenez un risque en termes de
solvabilité de la banque, qu’elle soit éventuellement fermée par les
régulateurs.
Rendement faible = risque faible. Vous pouvez obtenir un rendement
supérieur en augmentant les risques. Lorsque vous voulez du rendement, vous
devez prendre des risques. La monnaie ne présente aucun risque, ce n’est
que de la monnaie. Le risque est que les gens perdent confiance en une
monnaie, mais c’est différent. L’or n’est pas censé rapporter.
« La confiance envers l’intégralité du système financier repose sur
le dollar ; la confiance en celui-ci repose sur la solvabilité de la
Fed ; et cette solvabilité repose sur l’éclat de l’or.
Quoi ???
Je voudrais évoquer ce dîner avec l’un des membres du Conseil des
Gouverneurs de la Fed. Je viens en fait du monde obligataire avant
l’or. J’avais valorisé le portefeuille d’actifs de la Fed à sa valeur de
marché. Parce que si vous achetez des obligations lorsqu’elles rapportent 1,5
%, puis que ce rendement grimpe à 2,0 %, le prix de l’obligation baisse
sur les marchés pour refléter ce rendement inférieur, les prix des
obligations varient inversement par rapport aux taux.
J’ai donc calculé la valeur des actifs de la Fed à leur valeur de marché
pour découvrir que de temps à autre, elle est en état
d’insolvabilité. C’est quand même étonnant, de découvrir que la Fed est
parfois insolvable en mark-to-market. J’en ai parlé à cette personne, qui a
nié. Je lui ai dit que je pensais que c’était le cas, elle m’a répondu
que personne n’a jamais fait les calculs, je lui ai rétorqué que je l’avais
fait, et je ne pense pas être le seul. Elle a fini par me dire :
« Peut-être, mais cela n’a aucune importance. » C’était son
avis. Peut-être bien, peut-être pas, cela pourrait devenir un problème
politique majeur.
Mais j’ai eu ensuite eu une autre conversation avec un vrai initié de la
Fed, dont je parle dans le livre. Un gars choisi en personne par Bernanke
pour s’occuper de certains dossiers.
Il m’a affirmé que la Fed n’a jamais été insolvable, même en
mark-to-market. Il n’en a pas démordu. Je suis donc retourné à mes calculs,
quelque chose m’avait peut-être échappé.
En me penchant à nouveau sur le bilan de la Fed, alors que je m’étais
principalement concentré sur ses obligations, j’ai vu qu’ils ont aussi ces
certificats or, qui sont valorisés à 42 $ l’once. J’ai donc divisé la
valeur de l’or par 42 pour obtenir la quantité de 8000 tonnes d’or, ce qui
correspond plus ou moins à ce que le Trésor possède depuis qu’il a confisqué
l’or de la Fed en lui donnant ensuite ces certificats en échange. Cela
implique 2 choses :
- Le Trésor n’a pas le droit de vendre de l’or, car ce
métal est nécessaire pour garantir les certificats en possession de la
Fed.
- Mais si on valorise ces certificats or à leur valeur de
marché, cela signifie 350 milliards de dollars de plus sur le bilan de
la Fed.
Ce qui signifie que son effet de levier, actuellement de 113 et qui
correspond à celui d’un très mauvais hedge fund, tombe à 13, ce qui est
normal pour une banque. Ce qui importe c’est que le portefeuille caché
de la Fed ne concerne pas ses obligations mais son or.
Ce qui nous amène à ceux qui demandent un audit de la Fed. Faisons un
audit de Fort Knox. Ces questions sont souvent posées… l’or existe-t-il
toujours ?
L’or y est, j’ai de bonnes raisons pour le croire. Beaucoup de confusion
règne à ce propos. Est-ce qu’une partie de l’or a été prêté ?
Probablement. Je ne conteste pas le fait que l’or a été prêté, ces prêts
étant des opérations papier destinées à manipuler le cours de l’or. Non
seulement je suis d’accord sur ce point, mais il y a de solides éléments
pour le prouver, j’en parle dans le livre. Je suis d’accord sur ce point,
mais l’or physique est présent.
Si vous possédiez autant d’or, pourquoi vous en débarrasser ? Ce
n’est pas nécessaire. Le fait que la JP Morgan, via la BRI, prête l’or du
Trésor
ne signifie pas que l’or est chargé dans des camions pour être emmené.
Cela peut être fait avec des droits de réhypothécation et d’autres
transactions papier. Est-il prêté et utilisé pour manipuler à la baisse
le cours de l’or ? Oui. Cela signifie-t-il que l’or n’est plus
physiquement disponible ? J’ai de bonnes raisons de penser qu’il y
est toujours. Cela dit, je suis en faveur d’un audit. Je ne suis pas contre
cet audit. Ouvrez les portes, faites entrer des journalistes, des
membres du Congrès, des citoyens américains et montrez-leur l’or. Dressez un
inventaire, écrivez les numéros de série des lingots. Je suis en faveur de
tout cela.