La
liberté vient de subir une cuisante défaite aux
États-Unis, preuve que ce pays n’est décidément
plus un modèle en la matière.
En effet, de
façon surprenante et alors que de nombreux analystes politiques et
même certains partisans de ce texte – comme Jonathan Gruber
– prévoyaient
plutôt son rejet, la Cour suprême des États-Unis, via la
voix du juge Roberts, vient de décider que la loi « Patient
Protection and Affordable Care Act »
était constitutionnelle. Cela
comprend la disposition obligeant tous les Américains à se
doter d’une couverture maladie avant 2014, sous peine de devoir payer
une pénalité, le Congrès étant, selon la Cour
suprême, en mesure de lever un impôt en la matière. On est
malheureusement bien loin de la jurisprudence originelle de la Cour, si
hostile à l’interventionnisme étatique…
Précisons
toutefois que le vote a été serré (5 voix contre 4) et
que le Président Obama ne peut donc se targuer d’un ras-de-marrée.
S’il a
de réelles raisons d’être satisfait, il ne s’agit,
en aucun cas, d’une victoire décisive pour lui à
l’approche du scrutin de novembre. Au contraire, les Républicains,
bien que déçus par la décision de la Cour suprême,
devraient en profiter pour alerter les Américains sur les effets
à venir de cette loi. En effet, l’économie et
l’emploi devraient être les thèmes majeurs de la campagne
et il est probable que le candidat républicain Mitt
Romney insistera sur le fait que la couverture maladie obligatoire aura des
conséquences néfastes sur le marché du travail. Il
pourra éventuellement s’inspirer de l’exemple
français puisque, dans notre pays, l’assurance santé
pèse très lourdement sur l’emploi, ajoutant 25%
de charges au salaire net.
Aux
États-Unis, la situation ne devrait pas être
différente : des fleurons de l’économie
américaine (John Deere, 3M…) ont
déjà averti
les régulateurs des risques de cette loi sur la couverture
accordée à leurs salariés retraités, notamment.
Plus grave encore, McKinsey Quarterly a publié une étude indiquant
que 50% des employeurs du pays pourraient cesser d’offrir une assurance
santé à leurs employés. Le Président Obama avait pourtant
indiqué que la loi entraînerait une baisse des coûts de
santé, ce qui est évidemment faux.
Il ne faut
alors pas chercher très loin pourquoi l’« Obamacare » est si impopulaire
auprès des Américains. Le magazine hebdomadaire
français, L’Express a
beau tenter de noyer le poisson en présentant des enquêtes
d’opinion contradictoires, nous faisant croire que ces derniers ne sont
pas si hostiles à cette loi, il est au moins évident que la
disposition inhérente à la couverture maladie obligatoire ne
plaît pas à une population si attachée aux idéaux
de liberté et qui ne supportera pas les nouvelles limites qui lui
seront apportées, via cette amende. Une population qui, pourtant,
accueillait originellement la réforme avec bienveillance avant de la
rejeter progressivement.
Le
Président pourrait le payer en novembre, lui qui avait si souvent
indiqué lors de la campagne de 2008 qu’il n’augmenterait
aucun impôt pour ceux qui gagnent moins de 250 000 dollars par an.
Cette promesse est en voie d’exploser.
Mais Romney
pourrait ne pas en profiter pour autant : lui qui est aujourd’hui
si virulent à l’égard de l’Obamacare
avait introduit un dispositif presque identique lorsqu’il était
gouverneur du Massachusetts et son indignation actuelle ne saurait être
totalement sincère, l’électeur américain
n’étant plus complètement dupe à
l’égard du candidat républicain et de ses constants
changements de position.
De même
– et de nombreuses personnes l’ignorent – certaines
dispositions de cette loi ont été pensées par l’Heritage Foundation,
plutôt proche des Républicains, à la fin des
années 1980.
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